Messe radiodiffusée sur RCF et les médias de la cathédrale
« Ne mettez pas une pierre sur votre espérance ! » (Pape François)
En ce matin de Pâques, dans nos villages, dans nos villes et dans nos campagnes résonnent les cloches qui annoncent la résurrection du Christ. Comme Pierre et Jean, nous aimerions courir, non pas vers un tombeau vide, mais vers nos églises où le Christ ressuscité nous attend, nous rassemble et nous nourrit de sa Parole et de son Pain de Vie. Nous aimerions courir pour partager notre joie de Pâques avec tous ceux de nos paroisses et nous dire les uns aux autres, à la sortie de la messe : « Christ est ressuscité. Oui, il est vraiment ressuscité ! ». Nous aimerions courir à la suite de Jésus ressuscité pour annoncer la Bonne Nouvelle comme Pierre auprès de Corneille, le centurion romain : « Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. » (Ac 10, 39-41). Aujourd’hui, il nous faut courir, non avec les pieds de notre corps, mais avec les pieds de notre cœur, pour rejoindre de bien des manières ceux et celles que nous connaissons et, en particulier, les personnes qui sont isolées, malades ou dans le deuil, et leur souhaiter une heureuse fête de Pâques.
Il n’y a plus personne dans le tombeau. Le tombeau et vide. Celui que vous cherchez, diront les anges aux femmes venues pleurer au sépulcre, est ressuscité et Il vous attend en Galilée (cf. Mt 28,7). L’annonce de la résurrection produit chez tous, en quelque sorte, une énergie nouvelle qui met tout le monde en mouvement : Marie-Madeleine court annoncer aux disciples qu’« on a enlevé le Seigneur de son tombeau » (Jn 20, 2) ; les deux disciples courent alors jusqu’au tombeau ; les femmes s’empressent d’annoncer aux disciples que Jésus est ressuscité ; les disciples partent en Galilée où le Ressuscité les attend. Personne ne reste sur place, tous se mettent en route d’une manière nouvelle. Ceux et celles qui ont cheminé avec Jésus tout au long de sa mission, et qui se sont arrêtés, croyant que tout était fini avec sa mort, se remettent à marcher et à courir. Seule une bonne nouvelle est à l’origine de toutes ces rencontres et de tous ces incessants allers et retours. Et cette Bonne Nouvelle, c’est : Jésus le Crucifié est ressuscité, il a vaincu la mort, lui le Fils de Dieu, fait homme, pour nous manifester l’amour de Dieu. Oui, cette nouvelle est si extraordinaire, si surprenante, si déconcertante que tous ceux qui l’accueillent ne peuvent la garder pour eux et vont l’annoncer à d’autres. Et depuis vingt siècles, cette Bonne Nouvelle anime tant d’hommes et de femmes qui trouvent dans la rencontre avec le Christ ressuscité le sens profond de leur vie et une espérance qui ne déçoit pas (cf. Rm 5,5).
Et nous, en ce temps si rude d’épidémie et de confinement – ce confinement si nécessaire pour que la vie soit plus forte que la mort -, nous restons chez nous, à la maison, mais aussi dans notre chambre comme beaucoup de personnes âgées dans les EHPAD, pour qui j’ai une pensée toute particulière ce matin. Ici l’antique cathédrale du Puy s’interroge : depuis des siècles, elle accueille des centaines et des centaines de ponots et de pèlerins en ce jour de Pâques, et aujourd’hui elle est vide. La Vierge Noire, qui a revêtu ses habits de fête pour ce grand jour où elle se réjouit avec tous les fidèles de la résurrection de son Fils, s’interroge elle-aussi. Même à Rome, hier soir pour la Veillée pascale comme ce matin pour la messe de Pâques, la basilique Saint-Pierre est vide et le pape François célèbre la Résurrection, entouré d’une vingtaine de personnes. Pourtant ce vide et ce silence des églises ne reflètent ni la foi, ni la joie des chrétiens en ce jour de Pâques. Non, comme Jean, le disciple que Jésus aimait, nous ne voyons personne et pourtant nous croyons ! « Il vit et il crut. » Nous avons compris que, « selon les Ecritures, il fallait que le Fils de l’Homme ressuscité d’entre les morts » (Jn 20, 8).
Oui, le Christ est vraiment ressuscité et, c’est Lui qui vient à notre rencontre. Comme dans les évangiles, nous voyons Jésus le Galiléen rejoindre ses disciples dans leur pays de Galilée, traverser les murs de la maison et venir partager un repas avec eux, les attendre sur la plage au retour de la pêche et marcher sur la route vers Emmaüs avec ceux qui ont perdu tout espoir. Ainsi, si nous ne pouvons pas nous rassembler, ni communier au Christ ressuscité aujourd’hui, c’est Lui qui nous rejoint là où nous sommes et qui vient renouveler notre foi et notre espérance. Le pape disait hier soir, dans son homélie : « Ne mettez pas une pierre sur votre espérance ! ». Les temps sont difficiles et pesants mais ils ne peuvent pas enfermer notre espérance dans un tombeau. Oui, vivons cette fête de Pâques comme une force et une joie pour renouveler notre espérance. Gardons dans nos cœurs les derniers mots du Christ ressuscité à ses disciples : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 20).
Le Christ est ressuscité, il est avec nous tous les jours et nous rejoint dans tout ce qui fait notre existence. Alors, dans nos maisons, soyons dans la confiance et laissons notre cœur accueillir la joie et la paix du Christ vivant !
Très heureuse et très joyeuse fête de Pâques à chacun et chacune d’entre vous ! Amen.
+ Luc Crepy, évêque du Puy-en-Velay