Raviver notre baptême tout au long de la Semaine Sainte

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Quand nous lisons l’Evangile, nous voyons que Jésus est souvent venu à Jérusalem : dans sa jeunesse, il est resté au Temple avec les docteurs de la loi, à la grande inquiétude de ses parents qui le cherchait ; en diverses occasions, il a parcouru la ville et enseigné au Temple, et aujourd’hui, pour la dernière fois, il entre à Jérusalem. Après avoir marché sur tant et tant de routes, après être passé dans tant et tant de villes et de villages, Jésus achève, dans la ville sainte, son chemin parmi les hommes et les femmes de son temps, son chemin de Fils de Dieu qui a pris chair pour venir à la rencontre de tous. Il vient y célébrer la Pâque avec ses disciples c’est-à-dire la grande célébration du passage de la Mer rouge par le peuple hébreu, le passage de l’esclavage à la liberté. Mais c’est une autre Pâque qui l’attend, un autre passage qui le conduira de la mort à la vie.

Ainsi, avec l’entrée triomphale à Jérusalem et les acclamations de la foule, s’ouvre le dernier chemin que va parcourir le Christ Jésus : le chemin de la Passion, ce chemin de la nouvelle Pâque où il ne garde pas jalousement sa condition divine – le rang qui l’égalait à Dieu – mais où, librement, il s’abaisse jusqu’à la mort, et la mort de la croix (cf. Ph 2, 6-11). Ce roi de gloire est assis sur un simple ânon, signe, déjà, que sa royauté n’est pas à chercher dans les honneurs et la puissance ordinaires du monde. A sa mort, celui que désigne l’écriteau sur la croix comme « Jésus le Nazaréen, roi des juifs (INRI) » n’aura pour trône que le bois de la croix. Si nous acclamons le Christ aujourd’hui en ce dimanche qui ouvre la Semaine Sainte, nous acclamons Celui qui s’est donné jusqu’au bout par amour, Celui que Dieu le Père a exalté dans la gloire afin que toute langue proclame que « Jésus Christ est Seigneur ».

Ainsi, saint André de Crète[1] écrit-il : « Imitons ceux qui allèrent au-devant de lui. Non pas pour étendre sur son chemin, comme ils l’ont fait, des rameaux d’olivier, des vêtements ou des palmes. C’est nous-mêmes qu’il faut abaisser devant Lui, autant que nous le pouvons, par l’humilité du cœur et la droiture de l’esprit, afin d’accueillir le Verbe qui vient, afin que Dieu trouve place en nous, lui que rien ne peut contenir. » Et il ajoute, avec une actualité saisissante : « C’est ainsi que nous préparerons le chemin au Christ : nous n’étendrons pas de vêtements ou des rameaux inanimés, des branches d’arbres qui vont bientôt se faner et qui ne réjouissent le regard que peu de temps. Notre vêtement, c’est sa grâce, ou plutôt c’est lui tout entier qui nous a revêtus : ‘Vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ’. » Il y a un lien étroit entre notre baptême et la Semaine Sainte. Entrer dans la Semaine Sainte, c’est approfondir le sens profond de notre baptême où nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ. Ainsi, nous avons revêtu le Christ, comme le dit l’apôtre Paul (Ga 3,27) et comme le rappelle le vêtement blanc remis aux nouveaux baptisés. Vivons donc ces prochains jours comment un temps privilégié pour prendre mieux conscience de ce qui nous unis au Christ qui, par sa Passion, sa mort et sa résurrection, nous fait entrer, à travers l’eau du baptême, dans une vie et une espérance qui ne déçoivent jamais.

Pensons tout particulièrement aux catéchumènes qui se préparent à vivre cette Semaine Sainte comme le dernier chemin avant leur baptême mais qui devront, dans les circonstances actuelles, attendre quelques semaines pour revêtir, eux aussi, le vêtement blanc des disciples du Christ ressuscité.

Au cours de la Semaine sainte, nous pourrons prier, méditer, contempler le Christ tout au long de sa passion jusqu’au matin de Pâques. Avec ce que nous sommes, avec nos difficultés et nos péchés, avec tout ce qui vit notre monde de tragique en ces temps actuels, nous pourrons prendre notre place sur le chemin de croix de Jésus. Ainsi nous y invite saint Grégoire de Naziance[2] : 

« Si tu es Simon de Cyrène, prends la croix et suis-le.

Si tu es crucifié avec lui, comme le malfaiteur, reconnais comme cet homme juste, qu’il est Dieu…

Si tu es Joseph d’Arimatie, réclame le corps à celui qui l’a fait mettre en croix : que ton souci soit le rachat du monde.

Si tu es Nicodème, cet adorateur de Dieu, mets-le au tombeau avec les parfums.

Si tu es une des saintes femmes, l’une ou l’autre Marie, si tu es Salomé ou Jeanne, va-le pleurer de grand matin. Sois la première à voir la pierre enlevée, à voir peut-être les anges, et Jésus lui-même. »

Ce chemin de la Semaine Sainte, nous le faisons aussi avec Marie, jusqu’au pied de la croix, jusqu’au tombeau et jusqu’à l’aube de Pâques où la vie triomphe de la mort, où l’espérance devient possible, où le Christ ressuscité vient de nouveau marcher sur les routes humaines, à nos côtés, comme il le fit sur le chemin d’Emmaüs. Que Notre-Dame du Puy nous accompagne tout au long de cette semaine !

Amen.

+ Luc Crepy, évêque du Puy-en-Velay


[1] Homélie de saint André de Crète (VI-VII° s.) pour le dimanche des Rameaux. Liturgie des Heures, II, pp. 311-312.

[2] Homélie de saint Grégoire de Naziance (IV° s.) pour la Pâque. Liturgie des Heures II, samedi V, pp. 303-304.

Messe radiodiffusée sur R.C.F. à écouter ici :