A l’école de Marcel Jousse, jésuite et anthropologue du début du 20° siècle, la tradition des récitatifs bibliques nous permet de mémoriser les textes bibliques avec des gestes, des mélodies et le rythme : le passage par le corps permet d’accueillir et de comprendre le texte de tout notre être, de le laisser entrer en résonnance physique avec notre vie.
Des passages bibliques à la tradition de l’Eglise, il n’y a qu’un pas : la prière du Notre Père, que Jésus apprend à ses disciples (Mt 6, 7-15) gagne, elle aussi à être redécouverte par les gestes.
Nous le récitons parfois depuis si longtemps, que cette manière de goûter les mots avec notre corps peut lui redonner une saveur nouvelle !
Avec des groupes d’enfants, nous nous mettons en cercle et nous invitons à nous donner la main et à prendre le temps de savourer en même temps ces deux mots, « Notre Père » : nos regards, nos mains unies et les mots disent la paternité, la fraternité, avec Jésus et entre nous…cela prend chair. Le geste posé sur « que ton nom soit sanctifié », (nos mains partent de la gorge et s’ouvrent dans un mouvement de joie) vient habiller l’expression pour dire que le nom de Jésus est source de vie et de joie…
« Que ton règne vienne… » comme un parent tient les doigts d’un petit enfant qui fait ses premiers pas, en l’encadrant délicatement de sa présence ainsi Dieu est Celui qui nous conduit sur nos chemins, qui nous assure, pour qu’ils deviennent les chemins du Royaume.
Ainsi nous avançons au fur et à mesure de la prière et que nous soyons enfants ou adulte, nous la redécouvrons et partageons comment Dieu est Père pour chacun de nous et pour tous.
Combien d’adultes ont buté sur cette phrase : « Ne nous laisse pas entrer en tentation » ! Une maman catéchiste en faisant le geste (détourner le regard de Dieu et de le repousser) me dit : « enfin je comprends cette parole ! Dieu ne veut pas me piéger, mais moi je l’oublie trop souvent… »
Quelle joie de vivre « délivre-nous du mal » en déliant nos deux mains poings fermés et croisés et en projetant nos bras vigoureusement vers le haut ! Oui le Seigneur est Celui qui ouvre, qui délie et qui enlève le mal de nos vies !
Même la doxologie peut s’éclairer : en gestuant « la puissance » par les bras ouverts en croix, nous disons de notre corps le sens de la puissance de Dieu : celle du don, de Celui qui se livre par amour.
Adultes et enfants, en prenant le temps de dire la prière du Notre Père avec notre corps, nous ne le récitons plus, mais nous le vivons de tout notre cœur et cette prière peut nous rendre davantage vivant.