Il était né le 12 septembre 1933 à Tence. Ordonné le 19 juin 1960 il a d’abord été surveillant au Sacré-Cœur à Yssingeaux puis  préfet de discipline à Brioude jusqu’en 1965 où il a été nommé vicaire au Val-Vert.

En mai 1970 il est parti  en Amérique Latine au diocèse de Carthagéna en Colombie, comme prêtre “Fidei donum”. En 2003 il revient dans le diocèse.  D’abord auxiliaire à  Saint-Just-Malmont jusqu’en 2012, date à laquelle il se retire à Tence, avant d’en intégrer l’EHPAD en 2020. C’est là qu’il s’est éteint ce dimanche, moins d’un mois après son frère Louis.

La messe d’obsèques a eu lieu jeudi 4 juillet à Tence, suivie de l’inhumation.

Dans l’espérance de la Résurrection nous prions pour le repos de son âme.

Présentation par le Père Louis Massardier

Moins d’un mois après son frère Louis, le père Jean DIGONNET nous a quittés ce dimanche 30 juin.

Jean est né le 12 septembre  1933 : il faisait partie d’une fratrie nombreuse

Jean a fréquenté l’école des Frères à Tence, puis le petit séminaire d’Yssingeaux, avant de rejoindre le grand séminaire du Puy. Il n’était pas le premier de la famille à envisager le sacerdoce : trois de ses frères, Louis, Claude et Henri, devaient suivre le même chemin.

Jean fut ordonné le 19 juin 1960. Il a d’abord été surveillant au Sacré-Cœur à Yssingeaux, puis préfet de discipline à Brioude jusqu’en 1965.

En 1965, il est nommé vicaire au Val-Vert, un quartier tout neuf à l’époque, où se trouvait déjà une population diverse et mêlée. C’est là qu’il s’initia à la pastorale…

Mais Jean avait le cœur large. En mai 1970, le voilà parti en Amérique Latine, au diocèse de Carthagène, en Colombie, comme prêtre « Fidei donum ». En 1967, dans l’encyclique « Populorum progressio », Paul VI  avait démontré une volonté claire de moderniser le message social de l’Église ; et, en 1968, la conférence épiscopale de Medellin, en Colombie, voulait redéfinir l’engagement de l’Eglise en faveur des pauvres. La théologie de la libération apparaissait comme une réponse possible de l’Eglise aux problèmes socio-économiques de la région.

Jean, tout comme Henri Bourghea, exerça son ministère dans ce contexte, laissant une large place aux communautés locales, dans la vie sociale comme dans la liturgie.

En 2003, Jean revient dans le diocèse. Il est nommé prêtre auxiliaire à Saint-Just-Malmont. Son dynamisme et sa largeur de vue seront appréciés par les chrétiens ; mais déjà, des problèmes de santé se font jour, et il diminue peu à peu ses activités.

En 2012, il se retire à Tence, dans la maison familiale, avant d’intégrer l’EHPAD en 2020. C’est à cette période que je l’ai mieux connu, en particulier quand il venait régulièrement participer au repas des prêtres, le samedi, à Montfaucon. Il savait animer la conversation, en la lançant sur des sujets brûlants, comme l’économie, la politique ou la liturgie. Ses propos, volontiers provocateurs, faisaient leur effet : les participants au repas n’étaient pas tous d’accord avec ses idées…

A l’EHPAD de Tence, tant qu’il a pu le faire, il a assuré la messe hebdomadaire avec le concours de l’équipe d’aumônerie. Mais ces derniers mois ont été difficiles. Le décès de Louis l’a fortement frappé, car il avait avec lui des contacs fréquents par téléphone. Il l’a rejoint dimanche dernier.          

Je ne voudrais pas être trop long, mais, à travers le ministère et la personnalité de Jean, je retiens quelques traits significatifs :

 Il avait un regard universel : son engagement comme prêtre « Fidei donum » le montre, comme aussi le souci d’une Eglise aux visages divers, respectueuse de la culture et de l’histoire de chaque communauté.

Il aimait provoquer : pas seulement pour afficher sa personnalité, mais sans doute pour susciter un vrai débat et aller à l’essentiel.

C’était un prêtre missionnaire, voulant toujours aller de l’avant, pour mieux s’adapter aux gens et pour dégager la vérité de l’Evangile.

Merci, Jean, pour ton amitié et pour ton témoignage.

Homélie par le Père Joseph Valentin

Je n’ai pas été surpris quand le Père Jean Pierre m’a transmis les textes de la parole de Dieu que nous venons d’écouter, et qui ont été choisis par sa famille et l’équipe funérailles. Quand on célèbre des funérailles à l’Eglise on ne célèbre pas le deuil d’une personne, on ne fait pas son éloge funèbre ni son procès en béatification, on vient simplement confier son passage sur l’autre rive, la maison du Père, à la miséricorde du Christ mort et ressuscité, qui est notre « passeur », notre Pâque, qui nous entraine dans sa résurrection. Pour reprendre quelques mots du Père Henri Demars, un autre prêtre de Tence parti lui aussi il y a peu, Jean n’a pas attendu la célébration de ses funérailles pour remettre sa vie aux mains de son Christ et Seigneur, il a célébré et anticipé ce passage à chaque fois qu’il a célébré l’Eucharistie, car la résurrection c’est MAIN-TENANT., et toute sa vie Jean a tenu la main du Christ qui l’avait appelé par son baptême et son ordination .

D’ailleurs nous avons entendu tant dans la lettre de st Jean que dans l’Evangile  du jugement dernier, que l’invitation du Seigneur à le rejoindre dans Sa résurrection ce n’est pas seulement dans la célébration de la messe, mais aussi dans la vie de chaque jour : « Parce que nous aimons nos frères, nous sommes déjà passés de la mort à la vie. Nous devons aimer, non pas par des paroles, mais par des actes »    Quels sont ces actes ? Ce sont ceux qui nous rapprochent de la vie du Christ qui nous a dit « aimez, comme je vous ai aimés » « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » Vaste programme que personne n’a jamais réalisé, car jamais personne n’a aimé comme le Christ … Personne ne l’a réalisé parfaitement, mais certains ont essayé et leur vie nous interpelle. N’est ce pas une façon de donner sa vie que de la consacrer toute entière au service de l’Evangile dans la réponse à l’appel à être prêtre et à aller jusqu’au bout de la terre « Allez, je vous envoie, de toutes les nations faites des disciples »réponse à un appel particulier qui ne dévalorise pas ceux qui font une famille, qui s’engagent dans la vie du monde et la vie de l’Eglise, qui donnent leur vie de façon différente.

Le texte d’Evangile commence par ces mots « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde »….suivent quelques phrases de Jésus qui peuvent nous inviter à vivre comme lui : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger », Lui Jésus a  connu la faim et a donné à manger et il nous a dit « donnez leur vous-même à manger »

 « J’avais soif et vous m’avez donné à boire » Jésus a demandé à la Samaritaine « donne-moi à boire » et en réponse ; « l’eau que je te donnerai deviendra en toi source de vie »

 « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli »
Il a accueilli la demande des étrangers comme le centurion Romain, comme celle  de la cananéenne, à sa naissance il n’y avait pas de place pour lui et il a  été jeté hors de la vigne pour y mourir

 « J’étais en prison et vous êtes venus jusqu’à moi »
Il a défendu la femme que l’on voulait lapider et il a accueilli dans le paradis le crucifié à coté de lui.

« J’étais malade et vous m’avez visité » les foules se sont pressées autour de lui et il a accueilli le lépreux, le boiteux, et tous les malades du corps, du cœur ou de l’esprit.. »Bref, jamais homme n’a aimé comme cet homme  et il s’est identifié à tous les cabossés de la vie ….. Alors certains ont entendu ses paroles et son exemple, et ils ont pratiqué leur religion hors des sentiers battus  en tenant la main du Ressuscité. Jean était de ceux là. Dans une discrétion totale il a fait le choix des pauvres, jusqu’à prendre des risques pour sa vie, jusqu’à y laisser sa santé. Dans un pays où l’Eglise cautionne souvent le pouvoir, les puissants et les riches qui l’exercent, il a fait l’option préférentielle des petits, révolté par l’injustice comme il l’a toujours été. J’aurais aimé l’entendre partager les mots du pape François quand il invite l’église à être un hôpital en campagne, à se laisser imprégner par l’odeur des brebis qui lui sont confiées, à délaisser les comportements formatés et convenus pour aller vers les périphéries. Parfois les prophètes sont plus prés de nous que nous ne le pensons. Souvent ils dérangent et Jean a pu passer pour un rebelle. Seulement Jean était discret, très humble, et il n’a partagé presque à personne, sauf peut être à ses frères,  son chemin d’Evangile. Revenu sur nos terres moins inhospitalières pour sa santé et pour sa sécurité, il s’est amusé parfois des petites péripéties, des petites chamailleries sur des détails bien loin de l’essentiel, qui emmaillent la vie de notre Eglise locale.  Il est vrai que lorsque l’on a affronté la tempête en haute mer les tempêtes dans un verre d’eau, voire dans un bénitier prennent moins d’importance. Il s’en agaçait parfois, gardant un humour non dépourvu de lucidité et parfois de souffrance, au risque de passer justement pour un rebelle. La vie des gens, le respect qu’on lui doit, quelque soit la religion, la couleur de peau ou les différences était son souci de chrétien, de prêtre et aussi de citoyen. C’est ainsi qu’il avait rédigé une procuration pour aller voter ce dimanche. Souvent avec ses frères il a refait le monde comme l’on dit parfois, et, il a essayé de le faire… «  Venez à moi les bénis de mo Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde… Chaque fois que vous l’avez fait cela à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait… » Jean , Puisses tu profiter de ton héritage dans la maison du Père avec tes parents, tes frères qui t ‘y ont précédé, tous les justes de cette terre de Tence où tu as nourri ta foi, ton sens de l’accueil, du respect et de la justice, et, de là où tu es encourage ceux et celles qui veulent encore et toujours refaire le monde, main-tenant , en tenant la min du ressuscité . C’est à Lui que nous sommes venus cette après-midi, confier ton éternité.