Né le 31 mai 1949 il est ordonné le 19 juin 1976 par Mgr Jean Dozolme. D’abord vicaire à Brives-Charensac puis à Langeac, en 1992 il est en plus nommé aumônier de l’Action catholique des enfants. En 1993, nommé curé de Mazeyrat-d’Allier, Saint-Eble et Reilhac il est responsable du secteur de Langeac. Puis s’ajoutent, en 1995 le secteur de Saint-Georges-d’Aurac, Chavaniac-Lafayette et Cerzat et en 1998 le secteur de Lavoûte-Chilhac, Chilhac, Arlet, Aubazat, Blassac, … En 1999 il est nommé curé de Saugues et paroisses associées qui deviendra en 2005 l’ensemble paroissial du Pays de Saugues avant de prendre le nom officiel de saint Bénilde en Margeride. A la même époque il devient responsable du secteur du Haut-Allier. En 2009 il prend une année sabbatique avant d’être prêtre coopérateur à Brioude 2010.  Retiré à l’EHPAD Paradis depuis 2014, il s’est éteint à l’hôpital Emile-Roux du Puy lundi 1er mai dans l’après-midi.

Ses obsèques ont été célébrées en l’église de Cayres le vendredi 5 mai à 10h30

Mot d’accueil par le père Joseph Valentin

Léon Bongiraud nous rassemble aujourd’hui dans son église paroissiale de Cayres…Nous venons confier son passage vers l’autre rive au Christ mort et ressuscité, pour qu’il puisse entendre la Parole du Maître : « Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître ». Nous apportons d’abord, là devant l’Autel, la vie de Léon, dans la limite de notre connaissance et de notre mémoire. Léon rentre à la maison. Depuis quelques années nous avions de la peine à l’entendre tant sa voix était faible, aujourd’hui elle est silencieuse et pourtant elle parle très fort à notre cœur et son image douloureuse hantera longtemps la mémoire de celles et ceux qui l’ont approché. Dans un roman Frison Roche raconte la mort d’un guide de montagne, au moment de prendre la parole à ses funérailles, un de ses collègues en larmes, ne peut prononcer le moindre mot, les sanglots l’en empêchent, alors un autre guide vient le réconforter en ces termes : « laisse faire, tu viens de dire l’essentiel » … Oui l’essentiel, ce sont les sentiments que Léon nous inspire.

Léon est né sur cette terre de volcans, au village de Chacornac, dans une famille d’agriculteurs estimés. Il a une sœur. Il parlait souvent de sa famille, de tous ses membres, des très proches mais aussi des plus éloignés, chacun avait une grande place dans son cœur et, comme il avait une mémoire prodigieuse il n’était pas avare d’anecdotes. Nous exprimons ici notre amitié et notre sympathie à chacune et à chacun de ses proches. Léon a tiré de sa famille, mais aussi du travail de la terre, du contact avec la nature, de la sagesse paysanne, une patience, une solidité, une sérénité qui semblent l’avoir marqué jusqu’à son dernier souffle. Ses études secondaires l’ont conduit à la Chartreuse, où il a rencontré la J.E.C., la conférence St Vincent de Paul et aussi quelques maîtres dont il aimait à souligner la qualité sans oublier les côtés et les travers pittoresques. Il devait être un brillant élève, studieux et appliqué. C’est ainsi que nous l’avons trouvé à la rentrée au grand séminaire en 1967, une rentrée qui comptait 13 jeunes qui réfléchissaient au sacerdoce, beaucoup ont déjà rejoint la maison du Père, dont tout récemment, pour ceux qui l’ont connu, Pierre Vidal. Nous étions dans les années bouleversées qui devaient voir leur apogée en mai 68. Les idées s’entrechoquaient dans la société mais aussi dans l’Eglise. Léon traçait son sillon, imperturbable, sérieux, et travailleur, il savait où il allait, avec une grande confiance dans ceux qui tenaient la barre du bateau, (parfois contre l’avis de ses collègues !). Parce qu’il était docile et bon élève on lui a proposé d’aller se former à Lyon à la science des mathématiques. Il ne m’appartient pas de parler de l’opportunité de cette formation, mais je peux dire que Léon a vécu là, douloureusement, le décès violent de l’un de ses camarades de faculté, il en a été profondément marqué.

Ce séjour à Lyon a retardé d’autant son ordination sacerdotale reçue des Monseigneur Dozolme, . Je me souviens de sa première messe dans cette église, l’église de son baptême, l’église de ses affections. La mission l’a appelé d’abord à Brives-Charensac, et là encore il faut souligner une anecdote remarquable : alors qu’il célébrait un baptême il a vu la crue de la Loire envahir son Eglise, réfugié en haut de la tribune, avec la famille du baptisé, il a pu méditer pendant plusieurs heures, le passage à travers l’eau, non pas du Jourdain ou de la mer rouge, mais simplement de la Loire en colère ! Par la suite ce sont les paroisses du val d’Allier qui vont profiter de ses qualités et de ses charismes : toute la nébuleuse autour de Langeac, Lavoûte-Chilhac, St Georges d’Aurac et tous les autres clochers.  Il est alors responsable de ce grand secteur, avant de prendre de la hauteur avec St Bénilde en Margeride, autour de Saugues. Pendant tout ce temps il est responsable de l’A.C.E, mouvement d’action catholique au service des enfants et des ados. IL y donne beaucoup de son énergie, multipliant les camps et les rassemblements…Dans son travail comme dans sa nature il reste sérieux, vaillant, disponible, homme de la prière et des sacrements. Appliqué à la lecture et à la recherche d’une vie spirituelle très riche, il lit beaucoup : on peut être à la fois homme de terrain et intellectuel !

Il n’aurait pas aimé mon exposé sur son activité pastorale, surtout si je parle de sa simplicité, de son humilité, de son humanisme qui le mettait très proche des gens et de ses confrères. Il avait un carnet de relations dans toute la France, il connaissait beaucoup de monde et ses amitiés étaient très fidèles.

Cette vie missionnaire au service du peuple de Dieu s’est brusquement figée avec la maladie, la longue maladie et la dépendance, vécues à la maison de retraite de Paradis. Qu’il me soit permis, simplement de rendre grâce au Seigneur pour la disponibilité, l’accompagnement, la compétence, la gentillesse des personnes qui ont accompagné Léon sur ce chemin de croix, tel Simon de Cyrène,…. et aussi pour la présence discrète et fraternelle des confrères prêtres, plus particulièrement de Christian, des religieux, religieuses et des résidents de Paradis. Devant son état de santé qui n’a cessé de se dégrader tout au long de son séjour, le privant peu à peu de tous ses moyens de communication, Léon est resté serein, résilient, comme animé d’une force tranquille. Il a retrouvé les fondamentaux de sa vie de prêtre : la prière et l’Eucharistie. Nous ne l’avons jamais entendu se plaindre ou se révolter, simplement un peu s’impatienter quand il n’arrivait plus à se faire comprendre. Rassemblés ce matin dans cette église qui lui était si chère, présentons cette vie au Seigneur, avec tout ce qu’elle nous apporte, tout ce qu’elle nous enseigne pendant quelques secondes en silence.

Récemment je lui ai demandé, une fois de plus, de porter dans sa prière le travail des confrères qui guerroyaient dans les périphéries, et il m’a répondu, dans un souffle : « je le fais chaque jour ».

Merci Léon pour la grâce qui nous a été faite de te rencontrer, de partager avec toi un bout du chemin, de profiter de ton témoignage et donc de ta prière. Puisque nous croyons à la communion des saints, permets-nous de te demander de profiter encore de cette prière précieuse que tu as purifiée au creuset de la souffrance pendant si longtemps.
Veux tu bien continuer à nous accompagner ?
A Dieu Léon.

Homélie par le père Jean-Pierre Mourier

Leon avait médité, prévu en pensant à ce rassemblement autour de lui ce matin, en pensant à cette célébration pour lui et avec lui. Il a proposé ce récit des disciples d’Emmaüs. Il l’a choisi en laissant quelques précisions : leur chemin avait éclairé et nourri sa foi. Il avait accueilli leur expérience de foi ; Il avait retenu la référence aux Ecritures et à la fraction du pain qui nous redisent cette présence du ressuscité au milieu de nous…

Ce matin nous sommes là pour prier pour Léon et sa famille ; nous allons écouter la Parole de Dieu, vivre le partage du pain ; ils nous redisent cette présence du ressuscité (qui s’approche de nous, marche avec nous…)

« Jésus lui-même s’approcha et il marchait avec eux». Alors ils s’arrêtèrent tout tristes… Cléophas et l’autre disciple sont en manque de vie. Ils traversent un deuil terrible. Ils sont confrontés au scandale de la croix, du mal, de la souffrance, de la mort

C’est à ce moment-là que le Ressuscité les rejoint au cœur même de leurs doutes, déceptions, de ce qui semble pour eux un échec comme s’ils avaient fait le mauvais choix en s’engageant à la suite de Jésus. C’est à ce moment-là que Jésus s’approcha et marchait avec eux… Croire qu’il a rejoint Léon et qu’il nous rejoint sur ces chemins de souffrance, chemin de croix…

Et l’inconnu dialogue avec eux, accueille leurs fausses espérances…

« Nous nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël… » Puis c’est le renvoi aux Ecritures : « Comme votre cœur est lent à croire ce que les prophètes ont dit : ne fallait-il pas que le christ souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire. »

Pour eux comme pour nous, combien il est difficile d’accepter ce scandale de la souffrance et de la Croix … Léon a emprunté ce chemin.

Et voilà que cet inconnu a réchauffé leur cœur… Comme une intuition, comme une petite lumière au cœur de leur nuit… Il fait semblant d’aller plus loin ; eux s’efforcent de le retenir : « reste avec nous » Il prend le pain, prononce la bénédiction et l’ayant rompu, il le leur donna ;

Ils reconnaissent le Ressuscité quand il partage le pain. A ce moment-là il leur devient invisible. Alors tout change pour eux ; alors ils se souviennent qu’ils avaient le cœur brûlant quand il leur ouvrait les Ecritures. C’était déjà le Seigneur qui se manifestait en eux.

Cette chaleur intérieure témoignait de la présence du Ressuscité mais ils n’ont pas reconnu ce signe sur le coup… Il leur a fallu passer de Jésus devant leurs yeux à Jésus dans leur cœur…

Au cœur même du combat de Léon contre la maladie et la souffrance, le Ressuscité s’est approché de lui, a marché avec lui. Léon a laissé le Christ souffrir avec lui…

Il a accueilli les Ecritures ; il s’est nourri de l’Eucharistie… On ne fait qu’entrevoir ce que Léon a vécu avec le cœur, son expérience spirituelle, sa rencontre avec le christ ressuscité…

Son choix du récit d’Emmaüs nous dit qu’il a eu confiance au Ressuscité qui marchait avec lui, source d’espérance. Dans les moments plus difficiles de nos existences, relisons cette expérience croyante des pèlerins d’Emmaüs et prions avec Léon.