Poème du père Jean-Pierre Abrial


Depuis une vingtaine de jours, en confinement,
Il nous faut rester dans nos chers appartements.
Un malin virus, apparu subitement
S’est répandu sur toute la terre très violemment.


Face à cette rapide pandémie universelle,
Bon nombre de personnes dévouées et énergiques
S’activent pour éradiquer ce fléau tragique,
Signe vraisemblable de l’entrée dans une ère nouvelle.

Ce phénomène douloureux et troublant influe
Tout être humain à un questionnement profond,
Qui, à mon avis, peut comporter trois échelons,
Selon le discernement de chaque individu.

Une première réaction est d’ordre tout naturel :
« Pourquoi Dieu permet-il cette vaste épidémie ? »
On s’en prend facilement au grand maître du ciel,
En l’accusant d’être l’auteur de la maladie.

Son Fils Jésus lui-même a connu cette tendance,
Quand, sur la croix, au coeur de sa terrible souffrance,
Il s’écria : « Mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Sa nature humaine s’est normalement exprimée.

Il nous revient donc de ne pas nous offusquer,
Mais de nous élever à un stade supérieur.
Notre nature humaine semblable à celle du Sauveur,
De la présence de son Esprit est habitée.

Et c’est Lui qui nous fait gravir une deuxième marche,
Où nous mettons à profit nos capacités.
La réalisation de cette honorable démarche
Traduit notre esprit d’humaine solidarité.

Plusieurs comportements du personnel clinique,
Des citoyens, des gouvernants, des scientifiques,
En lutte contre l’expansion du mal épidémique,
Rappellent ceux, sur le chemin de croix, du public.

A chaque tombée des nuits de confinement,
Les rues s’animent de joie et d’encouragement,
Comme à l’entrée de Jésus à Jérusalem,
Accueilli pas les acclamations de ceux qu’il aime.

Les soignants ont à coeur d’accompagner au mieux
Les malades, par les soins et leur soutien généreux.
Simon a épaulé Jésus à porter sa croix
Joseph l’a enseveli à sa descente de croix.

D’autres signes sont témoins de solidarité :
Entre autres, les pleurs des femmes, la présence de Marie…
Et pour nous, les échanges virtuels d’amitié
Pour surmonter les effets de la pandémie.

Surmonter justement ! : n’est-ce pas la tâche qui revient
A l’Eglise entière et à chacun des chrétiens,
De passer à une nouvelle étape porteuse de sens,
Par l’apport bienveillant d’un élan d’espérance ?

Je réponds : il ne suffit pas pour un croyant
De considérer la seule solidarité,
Il lui revient de faire un pas en avant,
Porté par un souffle de spiritualité.

Cette envie s’enracine dans le mystère pascal
De la mort et de la résurrection du Sauveur.
Lui-même a connu un confinement fatal,
Dont il a ressurgi vivant et vainqueur.

Au long de son chemin de croix, il a subi
De la part des chefs, de la foule, de ses amis
Le poids confiné des coups et blessures morales,
Mais il est resté fidèle à son idéal.

Déposé dans la tombe, lieu de confinement,
Au petit matin, Jésus s’en est échappé,
Entraînant toutes les personnes de bonne volonté
Dans le sillage de son amour triomphant.

Par sa résurrection, Jésus-Christ a brisé
Les verrous de toutes les sortes de confinement
Dans lesquelles l’homme moderne s’est enfermé
Mais d’où il peut sortir par un profond changement.

Nous sommes alors invités, selon nos convictions,
A une prise de conscience, déjà bien entamée,
Et par le pape François, fortement encouragée,
Du confinement que subit la Création.

Il nous revient ensuite de passer à l’action,
Alimentée par les fruits positifs remarqués
Et réfléchie collectivement en réunion,
Pour une renaissance heureuse et déconfinée.

Le ‘pourquoi’ de l’épreuve devient donc le ‘pour quoi’
De la recherche de guérison du désarroi.
Il ne s’agit plus de se plaindre et de gémir,
Mais, en toute confiance, d’envisager l’avenir.

Ce chantier du ‘pour quoi’, en deux mots, prend racine
Dans le grand mystère de la Rédemption divine.
A toi, Eglise de Dieu, de le mener à bien
Pour la gloire de Dieu et le salut du genre humain !

Que Dieu le Père accueille les morts de l’infection,
Que son Fils donne aux malades force et guérison,
Que son Esprit-Saint accompagne tous les souffrants,
Les autorités, les familles et les soignants !

Que Marie, portant la vraie couronne de la vie,
Soutienne la noble tâche et la vivante énergie
Des inventeurs du remède à ce mal viral,
Et des chercheurs de Dieu en quête de valeurs vitales !

Vitae Corona Vera, Vraie Couronne de Vie
C’est ainsi qu’on peut te nommer, Toi, Jésus- Christ
Ta couronne d’épine, telle un virus dérisoire
Au matin de Pâques, devient vrai signe de victoire.

Le 9 avril 2020 Jeudi- Saint.