Synthèse du discours de Mgr Brincard à l’évêché du Puy le 15 août 2012.

Comme il est de tradition, après la célébration solennelle de la fête de l’Assomption, Mgr Brincard recevait en son évêché, autour des évêques invités à la fête, un grand nombre de représentants de la société civile et du diocèse. 
A l’adresse de ses diocésains, il rappelait d’abord l’importance de la prochaine commémoration de l’ouverture du Concile Vatican II : « Selon la volonté même de Benoît XVI, cette commémoration coïncidera avec le commencement de l’Année de la foi, le 11 octobre prochain. A ce propos, écoutons Benoît XVI nous redire avec force : “Si nous le lisons et le recevons, par une juste interprétation, il peut être et devenir toujours davantage une grande force pour le renouveau toujours nécessaire de l’Eglise”  ». 
Envers le cardinal Sarah, il exprimait son «  affectueuse admiration pour le Président de « Cor Unum  », le Conseil pontifical dont la mission est d’évangéliser par la charité. » Après avoir salué aussi la présence de Mgr de Jong, évêque auxiliaire de Roermond (Pays-Bas), de Mgr Barsi, archevêque de Monaco et de Mgr Roland Minnerath, archevêque de Dijon, Mgr Brincard poursuivait : 
« Puisqu’en la personne du Cardinal Sarah, nous avons le privilège de recevoir un proche collaborateur du Saint-Père qu’il me soit permis d’évoquer la récente audience que m’a accordée le successeur de Pierre. L’audience m’a laissé une impression profonde. J’ai été immédiatement frappé par la bonté de Benoît XVI. Qu’est-ce que la bonté sinon vouloir pour la personne rencontrée le plus grand bonheur possible ? L’écoute bienveillante de Benoît XVI nait de l’humilité. Lorsqu’une intelligence exceptionnelle est mise au service de la bonté, elle acquiert une finesse particulière. Benoît XVI rayonne la paix qui n’est pas de ce monde. Comment ne pas être plein d’admiration lorsque l’on sait que contradictions, souffrances et trahisons de toutes sortes ne lui sont pas épargnées. Au contact de Benoît XVI, j’ai mieux compris le secret de la vraie paix, celle qui est le fruit d’un amour se servant de la souffrance pour se communiquer en abondance. Par la croix salvatrice du Christ, la souffrance a trouvé un maître faisant d’elle un chemin de vie ». Comme il en a l’habitude, Mgr Brincard il proposait enfin une réflexion de circonstance : 
« La personne humaine est un être de relation et le religieux désigne fondamentalement la relation que l’homme veut entretenir avec sa source première. L’homme recherche inlassablement cette source à partir de questions essentielles que le Concile Vatican II rappelle dans un texte mémorable intitulé “L’Eglise dans le monde de ce temps” : Qu’est-ce que l’homme ? Que signifie la souffrance, le mal, la mort, qui subsistent malgré tant de progrès ? (..) Que peut apporter l’homme à la société, que peut-il en attendre ? Qu’adviendra-t-il après cette vie ? 
A partir de telles questions, il est aisé de comprendre que l’homme a naturellement le sens du sacré. Ce sens est inné à l’esprit humain car il n’est rien d’autre que l’expression d’une quête de l’absolu dans l’ordre du vrai, du beau et du bien. L’homme va-t-il se prendre pour l’absolu ou acceptera-t-il de se recevoir d’un autre au point de trouver dans cette acceptation un ultime et prodigieux accomplissement de son humanité ? 
Permettez-moi aujourd’hui de préciser brièvement ce qu’est le religieux chrétien. En premier lieu, il est fondé sur trois grandes révélations divines. La première : “Dieu est Amour” ; la deuxième : “Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son propre Fils”. Rappeler ces deux révélations, c’est dire aussitôt que l’amour de Dieu pour l’homme dépasse tout entendement. L’amour divin est comme l’océan, échappant à tout jamais au filet du pécheur. La foi chrétienne, douce certitude transformant de l’intérieur la vie humaine, fait découvrir l’immensité de cet amour pour nous. Aussitôt de nouvelles perspectives s’ouvrent sur la dignité de la personne et sur la grandeur de sa destinée. La troisième grande lumière divine habitant le cœur du croyant est celle-ci : “chaque être humain est appelé en Jésus Christ à aimer son prochain avec l’amour même de Dieu pour lui”. Cette certitude éclaire d’une lumière radicalement nouvelle la vie en société. En effet, elle donne à la fraternité humaine une profondeur unique. Elle accroit aussi le sens de la responsabilité à l’égard des autres : “Qu’ai-je fait de mon frère, qu’ai-je fait des plus petits et des plus vulnérables, de l’enfant, du malade ou du vieillard en fin de vie, du marginal ?” 
Pour le bien de la société des hommes, la foi chrétienne est l’alliée de la raison humaine. 
La foi chrétienne exige une réponse concrète non seulement dans les choix quotidiens mais aussi dans les lois à la formation desquelles chacun est appelé à participer comme citoyen. La vision chrétienne de l’homme ne propose-t-elle pas une manière de vivre contribuant fortement au bien de toute société humaine ? 
Je voudrais vous faire part d’une conviction qui m’est chère : la foi chrétienne demeure la meilleure alliée d’une raison cherchant à comprendre toujours mieux la dignité de l’homme, résolue aussi à discerner comment bâtir une société plus juste. 
A cet égard, prenons quelques exemples particulièrement significatifs : 
– La raison trouve dans la foi chrétienne une alliée pour ne jamais perdre de vue que le plus pauvre ou celui qui est compté pour rien demeure une personne humaine, digne d’être aimée pour elle-même, digne d’être servie avec une attention particulière. 
– Stimulée par la foi chrétienne, la raison inspire à ceux qui gouvernent la ferme volonté d’encourager par des lois justes la communion des époux ainsi que l’unité familiale. 
– Stimulée par la foi chrétienne, la raison montre que la famille, cellule fondamentale de la société, est une communauté dont la forme ne peut dépendre des caprices des puissants du jour. Une telle forme, exprimée à travers l’engagement ferme et définitif du mariage, correspond aux exigences de la dignité humaine, d’une dignité qui a pour source ultime et pour garant infaillible Celui qui se révèle comme l’Amour même.

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