Mgr Brincard a participé avec les évêques des provinces de Clermont, Lyon, Marseille, Montpellier, Toulouse, et l’archevêque de Monaco à la visite « Ad Limina ». Il revient sur les temps forts de cette rencontre avec le Saint-Père et ses collaborateurs.

Monseigneur, comment était organisée cette visite ad limina ?

C’est un moment dense ! Nous étions un groupe d’une trentaine d’évêques. Il y a des temps de pèlerinages sur les tombes des apôtres Pierre et Paul. Nous avons ainsi concélébré la messe sur la tombe de Saint-Pierre, c’est toujours un moment très fort. Nous avons aussi prié avec les séminaristes du Séminaire français où réside le Père de Veyrac.

A côté de la dimension de pèlerinage, il y a toutes les rencontres avec les collaborateurs du Saint-Père. Elles sont préparées par un rapport que nous préparons et où chaque évêque fait le point de la vie chrétienne dans son diocèse. Les points les plus variés sont abordés : la situation générale du diocèse, la vie sacramentelle, la catéchèse, le ministère et la vie des prêtres, les laïcs, la coopération missionnaire, l’œcuménisme, les autres religions… Lorsque nous rencontrons les différents services du Saint-Siège nous abordons avec les collaborateurs de Benoît XVI les sujets qui concernent chacun de ces « dicastères ». C’est un riche temps d’échange où nous faisons part de nos joies, de nos difficultés et de nos questionnements. Les collaborateurs du pape nous proposent des réponses et surtout nous font part de l’état de la question dans les autres parties du monde. Cela crée une vraie communion avec l’Église universelle.

Et il y a la rencontre avec le Saint-Père ?

Bien sûr, et c’est le sommet de cette visite ! la rencontre avec le Saint-Père. Benoit XVI a changé la procédure. Avant, chaque évêque avait un tête-à-tête avec le pape mais qui ne durait que quelques minutes. A présent le pape nous reçoit par petits groupes, nous étions une dizaine, mais il nous a consacré trois quarts d’heure !

C’est une conversation. Le pape a répondu à des questions qu’il ne connaissait pas à l’avance. Il l’a fait avec une justesse qui m’a frappée. Il le fait aussi avec une grande humilité. Sur certains points il nous a dit : « je n’ai pas la réponse toute faite, cherchons ensemble ». Sur d’autres : « c’est une question pastorale qui est de votre ressort, à vous de voir ce qui est le mieux pour votre diocèse. »

Nous avons une seconde rencontre avec le Pape. Un peu plus formelle, bien que très riche également. Il a reçu tout le groupe des trente évêques du Centre-Est et du Midi. Le cardinal Barbarin a d’abord fait un discours introductif puis Benoît XVI lui a répondu. Dans son discours, ont retrouvait des questions que nous abordions dans nos rapports.

Dans ce rapport, vous brossez l’organisation, la situation générale du diocèse Quelle en est le point fort ?

Sa générosité. Il faut vraiment qu’on le dise. Les gens sont très généreux pas seulement financièrement. Bien que sur ce plan-là, nous pouvons être fiers de ceux qui, dans le diocèse, prennent parfois sur le nécessaire pour donner. Et là, je suis très fier de mon diocèse. À nous d’honorer leur confiance, à nous de bien nous servir de ce qui nous est donné. C’est une interpellation permanente. Et d’ailleurs encourageante.

Et la faiblesse du diocèse ?

Elle est d’abord démographique. Et je m’étonne personnellement que l’on ne parle pas davantage des questions sérieuses posées par cette démographie déclinante dans certaines parties du département. Les ressources humaines sont liées tout de même à une démographie. Là, il y a une très sérieuse question. Nous touchons un grand domaine où les différents pouvoirs sont concernés.

Il y d’autres plans où nous devons toujours progresser. D’abord par rapport à nos frères prêtres qui sont pour le moment moins nombreux et souvent surchargés précisément à cause de leur générosité. Cela nous appelle à réfléchir sur les conditions dans lesquelles le ministère sacerdotal est exercé dans le diocèse. Et comment faire en sorte de leur permettre de conduire leur ministère dans des conditions les meilleures possibles.

Ensuite, une attention toujours très grande aux nouvelles pauvretés. Nous avons des fidèles laïcs bien sûr mais aussi des consacrés qui sont vraiment proches des plus pauvres mais leur nombre diminue. Il se fait beaucoup de choses dont on ne parle pas. Toutes ces personnes agissent dans la discrétion, et c’est normal. Il faudrait peut-être mieux faire savoir sans pour autant tomber dans la propagande.

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