Père évêque, la levée de l’excommunication de quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X a bouleversé plus d’un catholique, et plus encore les propos négationnistes de l’un d’entre eux. Mais d’abord, qu’est-ce qu’une excommunication ?

Afin de comprendre ce qu’est une excommunication, il convient de rappeler tout d’abord que l’Eglise est une « communion-missionnaire », selon la belle expression de Jean-Paul II, communion au service de laquelle se trouve l’autorité hiérarchique. Souvenons-nous aussi que, dans l’Eglise, la source de l’autorité est le Christ lui-même. Le pape et les évêques en sont les premiers serviteurs.

Ayant cela présent à l’esprit, nous comprenons alors qu’une excommunication est d’abord un constat : certains s’excluent eux-mêmes de cette communion en refusant, par exemple, l’autorité de ceux qui servent, à un titre particulier, l’unité de l’Eglise. L’Eglise leur inflige alors une peine, soulignant ainsi la gravité de cette auto-exclusion. Cette peine est aussi médicinale car, à sa manière, elle appelle à un changement radical de comportement.

Dans le cas qui retient notre attention, Mgr Lefebvre a ordonné en 1988 quatre évêques contre la volonté du Saint-Père. Ce faisant, il ne reconnaissait plus effectivement que le successeur de Pierre sert, de manière spécifique, la communion de l’Eglise. L’attitude de Mgr Lefebvre et celle des quatre évêques ordonnés par lui a donc entraîné une excommunication.

Pourquoi Benoît XVI a-t-il décidé de lever cette excommunication ?

Il nous faut chercher à comprendre les intentions du Saint-Père à partir de ce qu’il a écrit, dit ou fait. Plusieurs documents permettent d’être informé. A vrai dire, il suffit de consulter le décret de levée des excommunications du 21 janvier dernier, et diverses communications de la salle de presse du Vatican. Ajoutons que face au tumulte médiatique, tumulte fondé sur des amalgames, la Secrétairerie d’Etat a publié une note le 4 février. Cette dernière note manifeste clairement le sens de la décision du Saint-Père.

A ces documents, il convient d’ajouter – si besoin est – la déclaration du cardinal Ricard du 24 janvier dernier et la lettre ouverte de Mgr Simon, archevêque de Clermont et vice-président de la Conférence des évêques de France.

Que pouvons-nous conclure ? En levant l’excommunication, Benoît XVI a posé un acte de bienveillance à l’égard d’évêques, ordonnés sans le consentement de son prédécesseur Jean-Paul II. En agissant ainsi, le Saint Père a voulu, dans la charité et dans la vérité, ouvrir un chemin de réconciliation.

Quelle est cette proposition ?

Remarquons que l’excommunication est levée, et non pas retirée. Si elle avait été retirée, cela aurait signifié que la peine infligée en 1988 n’avait pas de raison d’être. Par cette levée, le Saint Père a seulement ouvert une porte qu’il reste encore à franchir. En effet, les quatre évêques sont maintenant appelés au moyen d’un dialogue fraternel à reconnaître que le Concile Vatican II est un vrai concile de l’Eglise universelle. Ses enseignements doivent donc être reçus. Sur ce point il reste du chemin à parcourir. Benoît XVI en est pleinement conscient.

Parmi les quatre évêques il y a Mgr Williamson dont les déclarations ont fait grand bruit.

Les propos qu’il a tenus sur la Shoa sont inadmissibles. De tels propos créent incontestablement un nouveau problème. Quand je dis « nouveau », c’est pour distinguer la levée des excommunications du problème soulevé par le négationnisme scandaleux de Mgr Williamson. Oser suggérer que Benoît XVI a cautionné en quoi que ce soit les paroles insensées de Mgr Williamson, c’est tout simplement proférer un mensonge odieux, un mensonge rappelant hélas ! Les méthodes utilisées par de sinistres propagandes au XXème siècle. Nous ne pouvons qu’en être profondément attristé.

Mais revenons aux propos tenus par Mgr Williamson afin de souligner qu’il en porte – et lui seul – l’entière responsabilité. En effet, Mgr Fellay a clairement déclaré au nom des deux autres évêques concernés par la levée des excommunications, qu’il réprouvait énergiquement l’attitude de Mgr Williamson. Sans doute peut-on aussi s’interroger sur les véritables intentions de Mgr Williamson. Pour ma part, je me contente d’espérer, qu’en agissant de la sorte, Mgr Williamson n’a pas cherché à faire obstacle à la réconciliation « en vérité » proposée par le Saint-Père.

On a parlé aussi d’un « couac » médiatique.

Je voudrais d’abord rendre hommage à l’excellent travail de certains médias. A titre d’exemple, je cite volontiers « La Croix » dont, au début de l’affaire, un dossier a permis de mieux comprendre les enjeux. J’ajoute que « Famille Chrétienne » a fourni d’excellents articles.

En revanche, d’autres medias n’ont pas éclairé leurs lecteurs à partir d’informations recueillies soigneusement et interprétées objectivement. C’est particulièrement choquant quand ces medias prétendent comprendre de l’intérieur les problèmes de l’Eglise.

Comme l’a fait Mgr Simon dans sa lettre ouverte, il est également urgent de réfléchir sur la façon dont l’Eglise communique et sur la pédagogie à mettre en place afin que le message que l’Eglise veut faire passer soit correctement reçu et véritablement compris. Mais, sur ce point, je me garderais bien de donner une leçon à qui que ce soit, ayant trop conscience que nous avons tous besoin sur un tel sujet de faire un salutaire examen de conscience.