Homélie de Mgr Henri Brincard à l’occasion de son vingtième anniversaire d’ordination épiscopale et pour l’ordination diaconale de Jérôme Tran en la cathédrale Notre-Dame du Puy-en-Velay, le 4 octobre 2008.

Frères et sœur en Jésus Christ,

Notre assemblée est le signe d’une intense communion des cœurs. En effet, nous appartenons à une grande famille qui s’étend bien au-delà des limites visibles de notre communauté, famille qui unit le ciel à la terre. Cette famille a pour nom l’Église. Notre communion est si profonde que je désire dire personnellement à chacun : « Soyez dans la joie, soyez dans l’espérance ». Mais comment mieux exprimer ce souhait sinon avec des paroles empruntées à la première lecture de ce jour : « Mets ta joie dans le Seigneur. Il comblera les désirs de ton cœur ! » 1.

Tel est le vœu que je formule également pour mes frères prêtres, mes frères diacres, mes diocésains, pour ma famille à laquelle je dois tant, pour la communauté de chanoines réguliers qui a une place spéciale dans mon action de grâce, enfin pour mes collaborateurs les plus proches, pour mes nombreux amis et enfin pour ceux de Jérôme. Je salue respectueusement les autorités publiques. Je me réjouis de collaborer avec elles au service du bien de tous.

« Espérer le bonheur, la joie éternelle et la miséricorde »2.

C’est pour connaître un tel bonheur que François d’Assise, épousant Dame Pauvreté, a quitté sa maison et abandonné son héritage. Mais quel bonheur recherchait-il au juste sinon celui de devenir le disciple du Christ, « doux et humble de cœur » ? François a connu la joie qui naît de la pauvreté et de la simplicité de cœur et aussi d’une tendresse pour tous les hommes. Le « Poverello » a suivi la route du vrai bonheur en gardant devant les yeux l’image du Sauveur du monde, l’image de l’Enfant de la crèche, l’image du Crucifié, l’image du Ressuscité. Pour François, le visage du Christ s’est illuminé. Le Père lui a révélé, en effet, ce qu’il cache aux sages et aux savants. En portant le joug du Christ, en préférant tout perdre pour gagner le Christ, en menant une vie humble et pauvre à l’image du Christ, Saint François d’Assise a trouvé le chemin de la vie. Il demeure pour notre temps un appel puissant à l’espérance.

Le partage et la coupe

Cher Jérôme,d’une manière nouvelle, Jésus devient aujourd’hui ton partage et ta coupe. Ton partage parce qu’il te fait entrer plus avant dans son mystère de serviteur. En effet, Jésus est venu au milieu des hommes non pour être servi mais pour servir. Il est venu afin de donner sa vie en rançon pour la multitude. Tel est le sens de cette croix pleine de lumière, suspendue au-dessus de l’autel de la célébration eucharistique.

Jésus te convie aussi à boire à sa coupe. A la suite de « l’Agneau qui nous aime et nous a lavés de son Sang »3 , tu est appelé à aimer dans la souffrance et à souffrir dans l’amour.

Le diaconat est un service des hommes dans le don de soi, dans l’humilité et dans un profond attachement au Seigneur. Il est service de la Parole qui éclaire et qui brûle et aussi du « Pain descendu du ciel » qui nourrit nos cœurs affamés. Le diacre est enfin envoyé, de manière spéciale, auprès des petits et des pauvres, de ceux en lesquels Jésus-Christ nous tend la main.

Lorsque je t’imposerai les mains, tu recevras, Jérôme, un esprit de force, d’amour et de raison. Un tel esprit t’aidera à annoncer fidèlement et sans peur l’Évangile.

Aujourd’hui, de nombreuses communautés chrétiennes dans le monde prennent leur part des souffrances du Christ. Je ne voudrais en oublier aucune mais je tiens à citer plus particulièrement les communautés chrétiennes d’Irak, d’Inde, de Chine et du Vietnam. En ce moment même, le cardinal archevêque de Hanoï est sous étroite surveillance de la police et fait l’objet de nombreuses brimades.

En ce jour où tu reçois, Jérôme, ce grand don de Dieu qu’est le diaconat, nous sommes au cours de cette messe en communion profonde avec l’évêque de Thai Binh, l’évêque de ton diocèse, en communion aussi avec ta famille et les communautés chrétiennes de ton pays. L’Église de Dieu à Thai Binh et l’Église de Dieu au Puy sont deux sœurs chantant d’une voix unanime : « Bénissons Dieu, le Père de Jésus, le Christ notre Seigneur qui nous a fait renaître de l’eau et de l’esprit » !

Action de grâce

En cet anniversaire de mon ordination épiscopale, la parole de l’apôtre saint Paul à Timothée résonne fortement dans mon cœur. «  Tu es le dépositaire de l’Évangile. Garde-le dans toute sa pureté grâce à l’Esprit Saint qui habite en nous  »4 . Lorsque je jette un regard craintif sur les vingt années écoulées, je me sens invité à me confier spécialement à la miséricorde de Dieu mais aussi et surtout à rendre grâce à l’auteur de tout Bien.

Béni sois-tu, Seigneur, pour ma famille, mes amis, ma communauté religieuse et tous ceux qui m’entourent de leur prière.

Béni sois-tu, Seigneur, pour le diocèse que tu m’a confié. Il est ma couronne et ma joie.

Béni sois-tu, Seigneur, pour mes frères prêtres et pour mes frères diacres. Ils annoncent fidèlement l’Évangile dont ils sont, à un titre particulier, les dépositaires et les messagers.

Béni sois-tu, Seigneur, pour les consacrés, témoins du Royaume qui vient, témoins aussi de Celui qui dans son Évangile proclame : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ».

Béni sois-tu, Seigneur, pour les fidèles laïcs. Ils sont « appelés par Dieu à travailler comme du dedans à la sanctification du monde, à la façon d’un ferment »5 . Ils ont leur rôle à jouer dans la formation des communautés ecclésiales, non seulement par une participation active et responsable à la vie communautaire – et donc par leur témoignage irremplaçable – mais aussi par un élan et une action missionnaire en direction de ceux qui n’ont pas eu connaissance de la foi ou qui ne vivent pas selon la foi reçue au baptême. « L’homme est aimé de Dieu : telle est l’annonce si bouleversante que l’Église doit donner à l’homme »6.

Priez pour moi

En ce jour d’action de grâce, chers frères et sœurs, demandez à Dieu de raviver en moi le don qu’il m’a fait en m’appelant à être un successeur des apôtres.

Quant à moi, je lui adresse plus spécialement cette prière : « Seigneur, remplis nos communautés de charité, source d’unité et lien de la paix. Suscite en elles un élan toujours nouveau pour la mission. Donne-nous les vocations sacerdotales et religieuses dont notre diocèse a le plus grand besoin. Merci, Seigneur, d’avoir appelé Jérôme. »

En ce jour anniversaire et plus spécialement au cours de cette célébration de l’eucharistie, je me sens très proche de ceux et de celles qui connaissent la rude épreuve de la maladie, de la solitude ou de souffrances intérieures.

En conclusion, je voudrais confier à la Vierge Marie notre diocèse et ceux qui me sont chers : « Vierge Marie, Notre-Dame du Puy, Guide-nous et soutiens-nous. Fais que nous puissions contribuer à établir sur la terre la civilisation de la vérité et de l’amour selon le désir de Dieu et pour sa gloire. Aide-nous à aller de l’avant dans l’espérance » !

Amen.

+ Henri Brincard 
Évêque du Puy-en-Velay

1 Sir 2, 6 
2 Sir 2, 9 
3 Ap 1, 5 
4 2 Tm 1, 25 
5 Vat II, “Lumen gentium”, 31 
6 Jean Paul II, Christifideles laïci, 54

Lire le discours de P. Jean-Claude Petiot