Invité par l’archevêque du lieu, Mgr Henri Brincard était à Saint-Jacques de Compostelle (Espagne) pour la visite du pape Benoît XVI, le 6 novembre 2010. L’évêque du Puy-en-Velay est rentré en France « ému, dans l’action de grâce et dans une très grande espérance ».

Que retenez-vous de votre présence à Saint-Jacques de Compostelle ?

D’abord l’accueil qui a été réservé au pape Benoît XVI : un accueil chaleureux, affectueux et qui exprimait une grande joie. Je pense que cet accueil l’a vraiment touché. Ce qui m’a impressionné aussi, c’est la joie des évêques espagnols d’être rassemblés et de vivre une grande journée avec le successeur de Pierre. Donc une grande fraternité entre le pape et les évêques présents, fondée sur le sacrement de l’épiscopat.

Dans quel esprit le pape est-il venu ?

Le Saint-Père est venu en pèlerin. Dès qu’il est arrivé à Saint-Jacques, il a revêtu l’habit du pèlerin. Comme eux, il est entré par la Porte Sainte, effectuant une démarche qui me rappelle une parole de Saint Augustin transposée : « Avec vous, je suis chrétien. Pour vous, je suis pape ». Ce qui frappe toujours chez Benoît XVI, c’est son humilité. Il est vraiment désireux d’être le disciple du Christ et de l’être de plus en plus. Il a fait ensuite le geste traditionnel du pèlerinage : « l’abrazo ». On monte derrière le grand autel pour arriver à la hauteur du buste de la statue de Saint Jacques qu’on étreint des deux mains, dans un geste à la fois affectueux et plein d’action de grâce. Le pape a fait cette démarche en demandant à ce que les télévisions ne le suivent pas. Juste auparavant, il était allé prier sur le tombeau de Saint Jacques. Il s’y est recueilli d’une manière très émouvante, dans la simplicité.

Comment cela a-t-il été vécu par l’assemblée ?

Le pape nous a rendus pèlerins. Le pèlerin est celui qui marche avec son cœur. Parce qu’on suit d’abord le Christ avec son cœur. Suivre le Christ avec son cœur, c’est se laisser transformer. Par son attitude, le pape nous a invités à devenir nous-mêmes pèlerins. D’une certaine manière, il nous tournait vers le Christ, en nous faisant comprendre que nous étions tous appelés à Le suivre. Ce qui signifie très profondément que le cœur est appelé à progresser sur ce chemin qui est Jésus lui-même, la Voie, la Vérité et la Vie. Il y a un signe qui ne trompe pas : le silence. Bien évidemment, dès que le pape entrait, il y avait des applaudissements mais très vite, il inspirait le désir d’entrer dans le silence, c’est-à-dire l’attitude du « cœur qui écoute », comme le disait si bien Paul VI. Pendant toute la célébration, ce silence a existé. C’était un signe impressionnant de communion profonde, signe que nous participions à la messe, aidés d’ailleurs par de très belles musiques. Dans le monde d’aujourd’hui, la beauté introduit à la découverte de la Vérité. Et la Vérité, c’est que Dieu est Amour.

Propos recueillis par cef.fr

Evêques français et espagnols du Camino réfléchissent ensemble 
Mgr Henri Brincard est le délégué des évêques français dont les diocèses sont traversés par le Camino. « Il faut que ce soit une voie de pèlerinage, c’est-à-dire que le cœur soit enrichi ». Sur le Chemin, la « Pastorale de l’accueil » consiste à « aider les pèlerins ou marcheurs à entrer dans le sens profond que ce chemin a eu pendant des siècles, explique-t-il. Celui de développer l’espérance en indiquant quel est le but de notre pèlerinage ici-bas ». Concrètement, cela implique que les chrétiens soient présents dans les lieux d’accueil et les églises qui, au bord du chemin, « peuvent être des appels au cœur du pèlerin ». Plus audacieuse à mettre en œuvre : la « Pastorale de l’accompagnement » des marcheurs. Elle pourrait prendre la forme d’aumônier qui marche avec un groupe. Se pose alors la question des personnes seules ou qui ne connaissent pas l’Eglise. Comment aller à leur rencontre sur le Chemin ? « Il y a des choses à inventer » reconnaît Mgr Brincard, pour que « le Camino soit le Chemin des étoiles », sens du nom Compostella.