Le 2 octobre 1988, Mgr Henri Brincard a reçu l’ordination épiscopale des mains de Mgr Plateau, archevêque de Bourges (dont dépendait alors Le Puy). Il devenait alors le 105ème évêque du Puy. Cet anniversaire sera fêté à l’occasion de la messe d’ordination diaconale ce samedi 4 octobre à 10 h 30 à la cathédrale du Puy. Mgr Brincard est revenu sur ces vingt années au cours d’un entretien sur RCF-Le Puy. En voici un extrait.

Quel a été votre réaction en apprenant que vous étiez nommé évêque ?

La surprise bien sûr. Je me rappelle aussi avec émotion la réaction de ma mère. J’avais demandé au nonce apostolique la permission de pouvoir lui annoncer que j’étais appelé à l’épiscopat avant que ça ne devienne une nouvelle officielle. Je vais trouver maman et je lui dis (je vouvoyais ma mère, c’était l’habitude dans ma famille, mais ça n’enlevait rien à la proximité, croyez-moi !) : « Maman, j’ai une nouvelle à vous annoncer : je suis appelé à devenir évêque ». Grand silence ! Puis elle me regarde et elle me dit : « Et moi qui ai toujours prié, Henri, pour que cela ne t’arrive jamais ! »

Elle mesurait dans sa foi profonde l’immensité de la responsabilité. D’une certaine manière, elle avait raison, elle tremblait pour moi. Et quand j’ai donné la réponse au Nonce, il m’a dit une belle vérité qui lui rend hommage : « Vous avez une très sainte mère ». J’ai une immense dette envers ma famille.

Quels sont ceux qui vous ont marqué dans votre cheminement ?

J’ai déjà évoqué ma famille, et il y a tous ceux que j’ai pu rencontrer : mes amis, les fidèles laïcs que j’ai rencontrés dans ma vie, parce que je crois que beaucoup d’entre eux ont été pour moi des chemins d’espérance, des chemins d’appel, des chemins à devenir meilleur.

Et puis, mon action de grâce, c’est les prêtres. Je parle d’abord de ceux de ma jeunesse, que j’ai rencontrés à des moments décisifs, qui m’ont frappé par leur bonté, le don total qu’ils vivaient, bien sûr à travers des luttes, des difficultés, il ne faut pas idéaliser, mais j’admirais ces vies totalement données. C’est peut-être à travers de nombreux exemples de prêtres que j’ai découvert la grandeur de servir par ce chemin.

Et puis, bien évidemment, je ne peux pas oublier la Communauté religieuse des Chanoines réguliers de Saint-Augustin pour laquelle j’ai été ordonné, dans laquelle j’ai vécu de nombreuses années. Je retrouve toujours cette communauté comme si je ne l’avais jamais quittée car il y a une fraternité dans la consécration religieuse qui est très forte.

Et puis, mon action de grâce, c’est mon diocèse, mes frères prêtres, mon presbyterium. Quelquefois on me dit : « vous devez avoir des difficultés avec vos prêtres ». J’oublie mes difficultés. Je pense à celles que je peux leur causer parce que ce n’est jamais toujours si simple, bien évidemment, mais ma joie, c’est vraiment la fraternité du presbyterium et je sens combien il est important de la servir sans doute par des chemins nouveaux.

Pourriez-vous nous partager ce qui fait votre joie comme évêque ?

Je pourrais citer beaucoup d’anecdotes, mais ce serait trop long… Il y a souvent des rencontres qui m’enchantent. Par exemple quand il y a une rencontre dans un des sanctuaires marials du diocèse ou bien dans la vie quotidienne et que je sens que la présence de l’évêque apporte de la joie. C’est particulièrement vrai pour les petits : quand l’évêque est là, et bien ils découvrent qu’il est là pour eux, et donc il est là pour tous !

Et puis il y a de bons petits moments ! Je sais bien que les repas comptent dans la vie quotidienne et ça donne de la joie. Oui, certes, ce qui est dans le plat réjouit le cœur de l’homme mais il y a aussi l’amitié qu’un repas peut favoriser.

Beaucoup de choses petites ou grandes ! Quand je vais, dans un hôpital et que je peux visiter une personne et que je vois que c’est pour elle une grande joie que son évêque soit là, vous n’imaginez pas la joie que j’ai dans mon cœur.

Et puis il y a quelques grandes joies, comme celle d’ordonner un prêtre par exemple.