Homélie de Mgr Henri Brincard prononcée le dimanche 27 octobre 2013 à l’occasion de l’ordination diaconale de Emmanuel Morin et Henri Salet en la cathédrale Notre-Dame du Puy.

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Chers amis,

En ce jour de joie et d’allégresse pour notre diocèse, je salue dans la lumière du Christ ressuscité toute notre assemblée et plus spécialement mon frère dans l’épiscopat, mes frères prêtres qui représentent ici le presbyterium, mes frères diacres et aussi les consacrés qui sont parmi nous. Bien entendu je salue avec affection Emmanuel et Henri ainsi que leurs familles, leurs proches et leurs amis.

Le diaconat est un don de Dieu à l’Eglise. Ce don passe aussi par l’Eglise. Cher Emmanuel et cher Henri, vous l’avez souligné, en m’écrivant, que vous avez voulu vous rendre disponibles pour le ministère diaconal à la suite d’un appel et au terme d’un discernement auquel vos épouses ainsi qu’une équipe d’accompagnement ont été étroitement associées. Je tiens à remercier le père Emmanuel Chazot d’avoir accepté la responsabilité du diaconat permanent dans notre diocèse. A la suite d’une préparation de plusieurs années, en tant qu’évêque et pasteur du peuple de Dieu en Haute-Loire, j’ai authentifié l’appel que Dieu vous a adressé. Je suis très heureux aujourd’hui de vous ordonner diacres.

« Ordonner », qu’est-ce à dire sinon que, par les mains de l’évêque, le diacre est associé d’une manière nouvelle et sacramentelle à la mission de Jésus-Christ, le Sauveur du monde, ‘venu non pas pour être servi mais pour servir’. L’Evangile d’aujourd’hui nous montre Jésus lavant les pieds de ses disciples et les essuyant avec le linge qu’il avait à la ceinture. Ce geste si bouleversant de Celui qui est ‘le Seigneur et le Maître’ scandalise saint Pierre au point que celui-ci se rebiffant, proteste ouvertement : « Toi, Seigneur, tu veux me laver les pieds ? » Après avoir accompli ce geste étonnant, Jésus en donne le sens profond : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous » (Jn 13, 6-15).

Le diaconat est un pouvoir reçu de Jésus lui-même pour servir la communauté chrétienne et les hommes à l’imitation de « Celui qui nous aime et nous a lavés de son Sang » [1]. En précisant, avec l’aide de la Parole de Dieu, par quel chemin, Jésus a servi les hommes, je tiens à souligner que le pouvoir donné aujourd’hui à Emmanuel et à Henri s’exercera dans un don total d’eux-mêmes. En effet, « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ».

En ce cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II, un concile qui continue à dynamiser nos communautés chrétiennes, écoutons l’enseignement donné par la Constitution ‘Lumen gentium’ sur l’Eglise : « Au degré inférieur de la hiérarchie, se trouvent les diacres auxquels on a imposé les mains ‘non pas en vue du sacerdoce, mais en vue du service’. La grâce sacramentelle, en effet, leur donne la force nécessaire pour servir le peuple de Dieu dans la « diaconie » de la liturgie, de la parole et de la charité en communion avec l’évêque et son presbyterium… Il appartient aux diacres d’administrer solennellement le baptême, de conserver et distribuer l’Eucharistie, d’assister, au nom de l’Eglise, au mariage et de le bénir, de porter le Viatique aux mourants, de donner lecture aux fidèles de la Sainte Ecriture, d’instruire et exhorter le peuple, de présider au culte et à la prière des fidèles, d’être ministre des sacramentaux [2], de présider au rite funèbre et à la sépulture ». Le Saint Concile cite alors saint Polycarpe qui donne aux diacres cet avertissement : « Etre miséricordieux, zélé, marcher selon la vérité du Seigneur qui s’est fait le serviteur de tous ».

Le concile Vatican II, avec l’approbation du Souverain Pontife, a rétabli le diaconat en tant que degré propre et permanent de la hiérarchie. Il a ajouté que ce diaconat permanent « pourra être conféré à des hommes mûrs, même mariés, ainsi qu’à de jeunes gens aptes à cet office mais pour lesquels la loi du célibat doit demeurer ferme ».

L’enseignement du dernier concile nous fait entrer dans le mystère du diaconat. Ce mystère est saisi lorsque nous nous souvenons que « tous, dans le Christ, nous formons un seul Corps, devenant ainsi membres les uns des autres ». Ainsi que nous le rappelle l’apôtre saint Paul, dans l’Eglise, « nous avons reçu des dons » qui sont différents. Avec un pouvoir spécial, le diacre reçoit le don de servir : service de la liturgie, service de l’enseignement, service multiforme du peuple de Dieu. En tous ces services, la charité resplendit d’un éclat particulier.

Cher Henri et cher Emmanuel, vous accomplirez votre ministère avec une attention particulière pour le monde agricole, monde que vous connaissez et que vous aimez, monde que vous servez professionnellement avec une compétence reconnue, monde qui a tant besoin de recevoir un témoignage d’estime, d’encouragement et de proximité dans la charité. Vous le savez, mieux que beaucoup : les agriculteurs rendent d’immenses services à la société, services qui ne sont pas toujours – tant s’en faut – reconnus à leur juste valeur. Il y a de grandes souffrances mais il y a aussi un avenir à préparer, un avenir dont dépend en partie le développement de notre nation. Avec la grâce de Dieu, vous saurez être un signe d’espérance et le signe de la grande sollicitude de l’Eglise pour tous ceux qui travaillent la terre.

Soyez des hommes de prière. Recentrez sans cesse votre vie sur le Christ comme le Pape François ne cesse d’inviter l’Eglise à le faire. Soyez humbles et confiants. Dans votre famille, que la grâce du diaconat fructifie pour le bonheur du conjoint et de vos enfants.

« La Servante du Seigneur » vous est donnée aujourd’hui d’une manière particulière. Elle aide chacun d’entre nous et toute l’Eglise à faire nôtre de plus en plus le geste du Sauveur rapporté aujourd’hui. Que signifie pour chacun d’entre nous, laver les pieds de notre prochain ? Marie nous aidera à répondre de manière concrète à cette question au cœur de notre vie chrétienne.

Amen !+ Henri Brincard
Évêque du Puy-en-Velay

Notes

[1] Apocalypse

[2] Les sacramentaux prolongent les sacrements et disposent à les recevoir. Ils s’appliquent à des besoins ou à des situations moins importantes : bénédiction ou consécration d’objets religieux ; usage d’eau bénite ou de cierges bénits…