Pèlerinage de Notre-Dame de la Faye
Homélie de Mgr Luc Crepy, évêque du Puy-en-Velay, prononcée lors du pèlerinage de Notre-Dame de la Faye, le 27 août 2017.
Dans l’histoire du salut, Dieu n’agit pas seul. Si Dieu est à l’origine de tout et si, le premier, Il nous révèle son visage de miséricorde et de tendresse, Il associe, tout au long de l’histoire, des hommes et des femmes à son projet de renouveau, de réconciliation, de salut pour l’humanité. Ainsi, aujourd’hui comme hier, Dieu ne cesse d’appeler des témoins de la Bonne Nouvelle : annoncer la mort et la résurrection de Jésus Christ, le Messie tant attendu par les prophètes, le Sauveur promis, venu pour rassembler tous les enfants de Dieu dispersés. Oui, Dieu « ne fait pas sans nous » : pour tous et pour chacun, il a un projet, une attente.
La première lecture (Jr 1, 4-9) nous éclaire sur la manière dont Dieu appelle. Le Seigneur s’adresse à Jérémie. Depuis toujours, Dieu a un projet pour lui. Bien avant sa naissance, il était déjà dans le cœur de Dieu. Et Dieu l’appelle à devenir « prophète pour les nations » (Jr 1,5). Jérémie est inquiet et apeuré devant cette mission que Dieu veut lui confier. Il ne se sent pas à la hauteur : « Ah ! Seigneur mon Dieu ! Vois donc : je ne sais pas parler, je suis un enfant ! » (Jr 1,6) Mais le Seigneur écarte ses arguments : « Tu iras vers tous ceux à qui je t’enverrai ; tout ce que je t’ordonnerai, tu le diras. Ne les crains pas, car je suis avec toi pour te délivrer. » (cf. Jr 1, 7-8). « Car je suis avec toi » dit le Seigneur : c’est la promesse que Dieu fait à Jérémie. Le Seigneur sera à ses côtés, il mettra dans sa bouche les paroles qui convaincront ses interlocuteurs. C’est aussi ce que Dieu dit à Moïse quand il l’envoie vers Pharaon en Egypte (Ex 3,15). Dieu n’abandonne pas ceux et celles qu’Il appelle, au contraire Il les accompagne dans la tâche qu’Il leur confie. Il ne promet pas à Jérémie une mission facile, mais Il l’invite à Lui faire confiance et à devenir son « porte-parole » auprès des nations. Jérémie participe – est associé – ainsi au projet de Dieu de se faire connaître à tous et de leur manifester sa volonté et son amour.
Retenons deux points essentiels de cet appel de Jérémie : Dieu a un projet pour nous depuis toujours, car chacun de nous compte à ses yeux et dans son cœur. Quand Dieu appelle et confie une mission à une personne, Il ne la laisse jamais seule et lui donne la force de l’accomplir. Regardons les saints et saintes que nous connaissons : Dieu les a appelés à faire des choses surprenantes et difficiles, parfois jusqu’au don de leur vie ; mais s’ils l’ont fait, c’est parce qu’ils avaient une confiance inébranlable dans le Christ qui marchait à leur côté.
Dans le beau récit de l’Annonciation (Lc 1, 26-38), il nous est donné d’entendre la réponse de Marie à l’appel de Dieu. Marie est celle qui répond pleinement à l’appel de Dieu. Jérémie annonçait la Parole de Dieu. Marie, elle, accueille dans tout son être la Parole de Dieu qui s’incarne et qui prend un visage, celui de son Fils, Jésus.
Marie est toute bouleversée par la venue de l’ange. Elle s’inquiète : que signifie cette salutation ? Mais l’ange la rassure : « Sois sans crainte, Marie, tu as trouvé grâce auprès de Dieu » (Lc 1,30). De nouveau, nous voyons que Dieu – à travers la parole de l’ange – en appelant Marie, lui assure sa présence, son appui, sa grâce. L’ange promet à Marie – comblée de grâce – qu’elle recevra la force de Dieu, la puissance de l’Esprit Saint pour accomplir cette mission incomparable de devenir la mère du Fils de Dieu. Et Marie a ces mots tout simples : « Voici la servante du Seigneur, que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1,38) A l’appel de Dieu, Marie répond par la confiance, une confiance qui l’habitera tout au long de sa vie, une confiance en son Fils – le Fils de Dieu – depuis les noces de Cana – « faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5) – jusqu’au pied de la croix, où son Fils ne l’abandonnera pas et la confiera à son disciple bien-aimé, Jean. La vie mouvementée, passionnée, douloureuse de son Fils ne lui retirera pas sa confiance : jusqu’au bout Marie accomplit sa mission de mère, et elle l’accomplit encore pour nous comme mère de l’Eglise.
Aujourd’hui, la Parole de Dieu nous redit l’appel de Dieu et combien Dieu compte sur nous pour témoigner de la Bonne Nouvelle. Rappelons-nous que, s’il y a bien des appels différents dans l’Eglise, le premier lieu de l’appel de Dieu est notre baptême. Par notre baptême, Dieu fait de nous ses enfants, les frères et sœurs du Christ, habités par la force de l’Esprit. Bien sûr Dieu appelle des jeunes et des moins jeunes à devenir prêtres, religieux ou religieuses, mais Dieu appelle chaque baptisé à prendre sa part dans la vie de l’Eglise et du monde actuel.
Simplement posons-nous cette question : « Ai-je conscience que Dieu m’appelle ? » et ajoutons : « A quoi Dieu m’appelle-t-Il ? »
En ce jour de pèlerinage au sanctuaire de Notre-Dame de la Faye, demandons à Marie de nous aider à discerner les appels de son Fils pour travailler avec Lui à la Mission et devenir de bons ouvriers de l’Evangile.