Quelques éléments de bilan après deux années d’épiscopat de Mgr Luc Crepy dans le diocèse du Puy (12 avril 2015- 12 avril 2017)
Monseigneur, deux ans après votre ordination épiscopale, comment qualifiez- vous l’année qui vient de s’écouler ?
Une fois qu’on a découvert un peu le diocèse, les acteurs pastoraux, les communautés paroissiales, la deuxième année amène à regarder en face les défis qui se posent à notre Eglise de Haute-Loire. Parmi ces défis, il y a la question d’une Eglise de proximité dans les milieux ruraux où les populations et les communautés connaissent parfois un sentiment d’isolement. Il s’agit ici d’un chantier important. Que l’Eglise reste présente et proche sur tous les territoires, ne veut pas dire simplement que soient célébrées des messes dans toutes les églises, ce qui n’est pas aujourd’hui possible. Il est surtout important que la présence des communautés chrétiennes se fasse sentir dans des endroits où finalement on aurait tendance à croire que l’Eglise a disparu, alors qu’en fait bon nombre de baptisés sont là et participent à toutes sortes d’activités et manifestent ainsi que l’Eglise est là, proche de tous. Deuxième aspect : la diminution du nombre de prêtres. Nous avons encore, par rapport à d’autres diocèses, un nombre relativement important de prêtres, mais le vieillissement est là et le nombre de prêtres atteignant 75 ans va aller grandissant dans les prochaines années. Comment allons-nous organiser la vie de l’Eglise ? Certes, la vie de l’Eglise ne se pense pas qu’à partir des prêtres, mais sans pasteurs, les communautés ne peuvent pas vivre longtemps. Il faut donc permettre aux prêtres, dans ce contexte nouveau et en collaborant activement avec les laïcs, d’exercer un ministère humainement viable et spirituellement vivifiant.
Cette situation vous oblige aujourd’hui à des regroupements ?
Déjà dans le diocèse, des regroupements ont été établis dans les années passées. Ainsi nous avons une trentaine d’ensembles paroissiaux. Il ne faut sans doute pas penser la notion de « regroupement » qu’en termes géographiques : il y a des activités pastorales qui se font dans la collaboration entre plusieurs paroisses, il y a une mutualisation des personnes et des moyens qui existe en divers domaines (pastorale des jeunes, entraide pour la célébration des funérailles, etc.) La question, alors, est plutôt : comment la vie des communautés paroissiales est-elle prise en charge plus largement par tous les baptisés ? C’est pour cela, qu’il y a quelques mois, j’ai publié des orientations diocésaines qui cherchent à bien préciser comment soutenir ou mettre en place localement des équipes de laïcs qui, en lien étroit avec les prêtres et les diacres, portent localement le souci de la vie de l’Eglise. Ainsi ces orientations précisent ce que sont les équipes d’animation pastorale (E.A.P.) au service des paroisses, les conseils paroissiaux pastoraux (C.P.P.) au service de la réflexion plus large des enjeux pastoraux. Ces orientations invitent aussi à la mise en place de « veilleurs », des personnes qui, dans leur commune, sont en quelque sorte les référents ou les signes de la présence de la communauté chrétienne.
Vous veillez à ce que ces personnes soient bien accueillies partout : est-ce le cas ?
Ces personnes, en général, sont bien accueillies parce qu’elles sont du coin et connaissent les réalités locales. Le curé, après consultation de membres de la paroisse, appellera ces personnes à prendre une responsabilité. Elles recevront alors une mission et auront une formation qui les aidera à vivre ce service d’Eglise. Ainsi, l’année prochaine, un gros effort sera fait dans le diocèse, pour proposer à tous les membres des équipes d’animation pastorale de se former. Ainsi, au cours de trois rencontres dans l’année, elles prendront davantage conscience de ce qu’est la mission de l’Eglise dans le monde actuel et en particulier ici en Haute-Loire, de ce qu’est une paroisse. Elles apprendront aussi à mieux discerner quels sont les besoins missionnaires actuels et les besoins spirituels de nos communautés. La vie de l’Eglise, c’est l’affaire de tous les baptisés !
Et les restructurations concernent aussi le secteur du Puy-en-Velay. Pouvez-vous nous en dire plus ?
La ville du Puy comporte aujourd’hui trois paroisses, plus, bien sûr, la cathédrale. En comparaison du reste du diocèse, la ville du Puy a la chance d’avoir bon nombre de prêtres, mais aussi d’offrir bien des propositions pastorales, ce dont nous pouvons tous nous réjouir. En même temps, existent de grands besoins pastoraux dans le diocèse avec des prêtres, peu nombreux, sur des ensembles paroissiaux très larges (plusieurs dizaines de clochers). A ceci, il faut aussi ajouter et prendre en compte, année après année, le vieillissement des prêtres. Comme évêque, je me dois de répondre de manière juste à tous les besoins des communautés paroissiales de l’ensemble du diocèse et à chercher à ce qu’elles puissent avoir un prêtre à leur service. Il nous faut donc essayer de mieux équilibrer les forces vives entre les différents lieux du diocèse. Ainsi j’avais demandé à la Communauté Saint-Martin de prendre un ensemble paroissial plus large et plus étendu que la paroisse Saint Laurent et apporter son dynamisme à un ensemble paroissial où les besoins pastoraux sont de plus en plus importants. Cela ne s’est pas fait et je le regrette. La Communauté garde l’Internat Notre-Dame du Puy mais quitte la paroisse Saint Laurent, qui retrouvera à la rentrée prochaine d’autres prêtres à son service.
Concernant la ville du Puy, à relativement court terme, il n’y aura plus trois curés au Puy mais un prêtre responsable de l’unique ensemble paroissial de la ville du Puy avec une équipe sacerdotale. Cette nouvelle organisation respectera la vie et la diversité des communautés paroissiales locales mais permettra une plus grande entraide et des activités communes à l’ensemble de la ville du Puy. Peu à peu, les paroisses verront comment mettre davantage en commun leurs moyens : par exemple, la pastorale du mariage et du baptême, la préparation de la Confirmation, la pastorale des funérailles, les tâches administratives, etc. Il nous faut vivre une solidarité entre la ville du Puy et l’ensemble du diocèse, afin d’honorer les besoins pastoraux de la manière la plus juste et la plus harmonieuse possible, sur l’ensemble de la Haute Loire.
Monseigneur, d’ici quelques semaines, début mai, plusieurs monuments du patrimoine religieux du bassin du Puy-en-Velay seront sous les feux des projecteurs, avec une série de spectacles. Comment percevez-vous tout cela : est-ce que vous le vivez comme une chance pour faire découvrir encore mieux ce patrimoine ?
Oui, je pense que tout ce qui peut être fait pour mettre en valeur ce beau patrimoine, à la fois culturel et spirituel, est important. Comme évêque, je suis attentif à ce que cette mise en valeur garde aussi le souci de la dimension spirituelle et je parle des monuments, bien sûr, qui sont affectés au culte comme la Cathédrale et la chapelle Saint-Michel. La beauté de ces édifices, qui tiennent leur origine de la volonté et du travail d’hommes de foi, offre à tous un chemin vers ce qui fait la richesse de notre humanité, le beau et le vrai.