Mère aimante, Marie veille sur ses enfants
Cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation, Le Puy-en-Velay – 15 août 2019
Dans la salutation de Marie à Elisabeth, le Salut est annoncé à tous et à toutes les générations futures ! Le Salut, qui a pris corps en Marie enceinte de l’enfant Jésus, vient à la lumière quand ces deux femmes se saluent mutuellement : « lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. » (Luc 1, 44) Elisabeth, remplie de l’Esprit Saint, reconnaît la venue du Sauveur tant attendu : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Luc 1, 43). Dans le mystère de l’Incarnation, Dieu vient à la rencontre de notre humanité et le premier geste de celle, par qui se réalise ce projet de Dieu, est d’aller à la rencontre de cette autre femme, âgée, enceinte de celui qui désignera le Sauveur à tous, Jean-Baptiste. Ainsi, dans l’évangile de Luc, commence l’annonce du Salut à travers le simple geste d’une salutation : le Salut commence déjà quand nous saluons l’autre dans ce qu’il est. Marie vient au-devant de chacun de nous pour annoncer que Dieu réalise sa promesse : « Il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » (Luc 1, 54-55). Comme une mère aimante, apportant une bonne nouvelle à ses enfants, Marie annonce à tous l’amour de Dieu, manifesté en Jésus.
Souvent dans les grands sanctuaires comme celui du Puy, où depuis plus de quinze siècles des foules de pèlerins viennent prier la Vierge noire, il semble au premier abord que c’est nous qui venons à Marie. Mais il n’en est pas ainsi, c’est elle qui vient à notre rencontre, c’est elle qui, comme avec Elisabeth, vient nous annoncer les merveilles que Dieu accomplit en son Fils, c’est elle qui nous dit, comme aux noces de Cana : « Faites tout ce qu’il dira. » (Jean 2,5). Ainsi, un des moments fort de la fête de l’Assomption, c’est lorsque la statue de la Vierge sort de la cathédrale pour aller, en procession, dans les rues du Puy à la rencontre de la foule venue la célébrer et la prier. C’est une manière simple et belle de signifier Marie au milieu des gens, Marie avec tous, Marie avec ceux qui croient et ceux qui doutent, Marie à la rencontre des plus petits et des malades en fauteuil roulant qui l’attendent, à l’ombre, au coin d’une rue. Marie n’est pas une mère distante qu’on ne peut approcher, elle nous est donnée par son propre Fils pour qu’elle devienne notre mère. Comme le rappelle le pape François dans sa récente lettre aux jeunes [1], Marie « est aujourd’hui la Mère qui veille sur ses enfants, sur nous ses enfants qui marchent dans la vie souvent fatigués, démunis, mais souhaitant que la lumière de l’espérance ne s’éteigne pas.»
« Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles, Saint est son nom.» (Luc 1, 48-49) Si Marie, à l’aube du Salut, annonce les merveilles de Dieu, la fête de son assomption auprès de Dieu nous entraîne à percevoir la plénitude définitive du Salut dans laquelle elle est entrée et à laquelle nous sommes appelés. Marie est la première des disciples et, comme une mère aimante, elle nous donne une image de notre avenir et de la réalisation de la promesse de Dieu. L’Assomption de Marie est une grande et joyeuse prophétie : le chemin qu’elle a ouvert est celui de tous ceux qui croient à l’accomplissement des paroles qui leur sont dites de la part du Seigneur. L’Assomption manifeste ainsi la volonté de Dieu d’associer l’humanité à la Pâque du Fils bien-aimé pour que nous entrions, à sa suite, dans la vie éternelle.
Le mystère de Marie et celui de l’Église sont étroitement liés l’un à l’autre et on ne peut saisir l’un sans accueillir l’autre. La figure de Marie, mère aimante, est ainsi le modèle de l’Eglise. « L’Église aime tous ses enfants, mais elle s’occupe et soigne avec une affection toute particulière ceux qui sont les plus petits et sans défense : il s’agit d’un devoir que le Christ lui-même confie à toute la communauté chrétienne dans son ensemble. » nous dit le pape François [2]. Le Cantique de Marie, que nous aimons si souvent chanter, proclame : « Il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés… » (Luc 1, 51-53) Mais ces mots résonnent de manière insistante et douloureuse, en cette période où la vie de l’Eglise est traversée par une grave crise : des petits et des humbles y ont été abusés. Alors le chant de Marie fait retentir dans l’Eglise « la douleur des victimes d’abus, qui est une plainte qui monte vers le ciel, qui pénètre jusqu’à l’âme et qui, durant trop longtemps, a été ignorée, silencieuse ou passé sous silence. [3]» comme le souligne le pape François. Aussi, plus que jamais, l’Eglise doit trouver le chemin qu’elle ne doit jamais quitter pour être, à la suite de Marie, mère aimante, attentive aux plus petits, aux plus faibles, aux humbles qui ont une place toute exceptionnelle dans le cœur de Dieu.
Marie, mère aimante, nous montre
la route pour devenir des disciples missionnaires, porteurs de la Bonne
Nouvelle, et témoins de l’espérance ouverte définitivement par la mort et la
résurrection du Christ. Demandons à Notre-Dame du Puy de nous accompagner dans
notre vie chrétienne pour que nous sachions, comme elle, accueillir la force de
l’Esprit Saint pour laisser vivre le Christ en nous, à la gloire du Père !
Amen.
+ Luc Crepy, évêque du Puy-en-Velay
[1] Pape François, Exhortation apostolique Il vit le Christ (Christus vivit), 2019, § 48.
[2] Pape François, motu proprio « Comme une mère aimante », 2016, §1.
[3] Pape François, Lettre au peuple de Dieu, 2018.