Discours prononcé par Mgr Crepy le 28 mai 2016 lors de l’inauguration du musée du Camino.
Nous voilà donc au terme d’un long chemin commencé en 2011 par Mgr Henri Brincard avec beaucoup d’entre vous qui, de diverses manières, ont œuvré à la réussite de ce beau projet. Quand je suis arrivé, il y a un an au Puy, il restait encore une étape avant d’achever le chemin du Camino car Saint Jacques de Compostelle demeurait encore un peu loin dans l’horizon. Nous nous étions dit que pour le Jubilé de Notre-Dame du Puy il serait bon que tout soit achevé et que les nombreux pèlerins du Jubilé puissent découvrir le Chemin à travers la visite du Camino.
Aujourd’hui, grâce aux membres du Centre Européen Saint Jacques – le CESJ –, aux personnes œuvrant au Camino, aux artisans et entreprises participant aux derniers travaux, et encore grâce à l’appui de diverses personnes du diocèse et de l’évêché, le projet si cher au cœur de Mgr Brincard est arrivé à son terme et, avec vous tous, je m’en réjouis. Vous verrez en visitant de nouveau l’Hôtel de Saint–Vidal combien celui-ci a été encore mis en valeur de bien des manières. Ce superbe logis ne laisse pas indifférent le visiteur, et nombreux sont ceux qui se laissent toucher par cette architecture où les siècles s’entremêlent, laissant apparaître le génie de chaque époque. Le pèlerin – ou le futur pèlerin- se laisse aussi toucher par l’évocation forte et belle de la richesse du parcours vers saint Jacques, sous ses divers aspects. La voute étoilée, en fin de parcours, à la fois, nous laisse contempler ces univers infinis qui faisaient peur à Pascal mais nous posent aussi la question de la place de l’homme et de Dieu dans l’univers.
Si le chemin de bois et de pierre du Camino s’achève aujourd’hui avec la fin des travaux et l’ouverture de toutes les salles de l’Hôtel Saint-Vidal, le chemin ne s’arrête pas pour autant dans le cœur de ceux qui ont contribué à cette belle œuvre car ce fut, je crois, pour tous une expérience marquante pour chacun et nous rendons encore une fois hommage à Mgr Henri Brincard pour cette belle initiative. Le chemin se poursuit bien sûr aussi pour tous ceux et toutes celles qui passeront au Camino prêts à partir sur la route de Saint Jacques ou prêts à découvrir cette belle aventure, à travers le chemin intérieur qu’offrent la scénographie et l’évocation du pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle.
Si aujourd’hui dans notre société, la République et l’Eglise dialoguent souvent sur les relations entre le culturel et le cultuel, et en particulier en Haute-Loire où le passé a laissé tant de beaux édifices religieux, le Camino est un bel exemple du mariage harmonieux entre culture et religion, entre l’art et la foi, entre le beau qui conduit l’homme au-delà de lui-même et le chemin de la foi qui conduit à accueillir la transcendance de Dieu. Le Camino conjugue la beauté de la main de l’homme à l’œuvre dans la pierre et le bois à travers les siècles, avec la force de la foi qui, elle aussi à travers les siècles, entraîne tant et tant de pèlerins à se lancer dans l’aventure tant humaine que spirituelle de la route vers Saint Jacques. L’attrait actuel du chemin de Saint-Jacques et le nombre croissant de pèlerins nous incitent à être d’autant plus attentifs et créatifs à cultiver cette double dimension – culturelle et cultuelle – de la route : si l’une venait à manquer, le chemin perdrait son âme ! Dans la ville du Puy-en-Velay où rayonnent tant de monuments, témoins de la grandeur tant spirituelle qu’artistique de la cité médiévale, le Camino apporte, modestement mais sûrement, son rayonnement et son ouverture au-delà des frontières… jusqu’à Saint Jacques de Compostelle.
Mgr Luc Crepy, évêque du Puy-en-Velay
Le 28 mai 2016