Messe chrismale
Dimanche de la Pentecôte (31/05/20)
Cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation au Puy-en-Velay
+ Luc Crepy, évêque du Puy-en-Velay
De manière exceptionnelle, nous célébrons la messe chrismale en ce dernier jour du temps pascal, en cette grande fête de la Pentecôte et en ce dimanche où les communautés paroissiales de notre diocèse se rassemblent de nouveau. Tout ceci donne à notre célébration un sens et une profondeur très riches. Au cours de ces semaines si longues de confinement, nous avons tissé, de bien des manières, des liens entre nous tous ; mais nous avons aussi pris mieux conscience de la dimension communautaire de notre vie de foi, tant au plan local qu’au plan diocésain et même de l’Eglise universelle, avec la présence si proche du Pape François dans les médias. Dans notre cathédrale, se retrouvent aujourd’hui une partie du presbyterium du diocèse, des diacres et leurs épouses, des religieux et religieuses ainsi que des laïcs en responsabilités diverses. Les mesures sanitaires ne nous ont pas permis d’ouvrir plus largement notre célébration, mais, avec vous tous ici présents et en communion avec ceux qui nous écoutent, cette messe chrismale manifeste, en quelque sorte, le retour à la vie de l’Eglise diocésaine, rassemblée autour de l’évêque, accueillant ensemble l’Esprit Saint pour être envoyés par le Christ dans notre monde qui vit aujourd’hui de grands bouleversements. « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » (Jn 20,21) nous dit le Seigneur, ce soir.
Avec l’épidémie et les urgences de notre temps, l’avenir sera sûrement difficile et la joie du déconfinement ne doit pas masquer la réalité. Mais, c’est ce temps qui nous est donné pour célébrer la Pentecôte, où nous accueillons le don de l’Esprit, promis par le Ressuscité à ses disciples. Il ne les abandonne mais leur envoie un Esprit de force, de courage et de lumière : « Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14, 26). C’est ainsi que l’Eglise naît, c’est ainsi que l’Eglise grandit, c’est ainsi qu’aujourd’hui encore le Christ offre à son Eglise de vivre en paix, d’accueillir les temps actuels avec confiance et d’être capable d’ouvrir des chemins nouveaux pour annoncer l’Evangile.
« Personne n’est capable de dire : « Jésus est Seigneur » sinon dans l’Esprit Saint. » (1 Co 12, 3b) affirme saint Paul. Cette brève affirmation résume le sens profond de la fête de la Pentecôte. Ce n’est qu’à partir du moment où les Apôtres reçoivent l’Esprit Saint qu’ils confessent ouvertement que Jésus est ressuscité, qu’il est Seigneur, assis à la droite de Dieu le Père. Cinquante jours après Pâques, se réalise ainsi la promesse du don de l’Esprit Saint. Ainsi aux foules réunies à Jérusalem, venant du monde entier, ils annoncent la Bonne Nouvelle, et tous s’étonnent : « Tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. » (Ac 2, 11) Seul l’Esprit Saint permet que l’Evangile soit entendu par tous, quelles que soient les races, les origines ou les cultures.
« Personne n’est capable de dire : « Jésus est Seigneur » sinon dans l’Esprit Saint. » Sans l’Esprit Saint, il est impossible de croire que Jésus est vraiment ressuscité. Quand nous regardons notre vie chrétienne, nous nous apercevons que notre foi n’est pas née de notre propre initiative, ni de notre simple volonté : elle est un don de Dieu. De même, quand nous faisons l’expérience de témoigner de notre foi, nous sommes souvent surpris de trouver les mots justes pour toucher l’autre, pour lui dire combien la rencontre avec le Christ peut changer sa vie. L’Esprit Saint est à l’œuvre à travers nos paroles et ouvre le cœur de notre interlocuteur. L’Esprit Saint travaille chez celui qui rend témoignage comme chez celui qui l’écoute :il éclaire autant le disciple missionnaire qui annonce l’Evangile que le catéchumène qui découvre l’Evangile.
« Pour maintenir vive l’ardeur missionnaire, il faut une confiance ferme en l’Esprit Saint, car c’est lui qui « vient au secours de notre faiblesse » (Rm 8, 26). Mais cette confiance généreuse doit s’alimenter et c’est pourquoi nous devons sans cesse l’invoquer. Il peut guérir tout ce qui nous affaiblit dans notre engagement missionnaire. Il est vrai que cette confiance en l’invisible peut nous donner le vertige : c’est comme se plonger dans une mer où nous ne savons pas ce que nous allons rencontrer. » (François, La joie de l’Evangile, § 280)
Ce don de l’Esprit au peuple messianique qu’est l’Eglise est un don permanent. C’est le don actuel que Dieu fait à l’Eglise et aux baptisés, c’est le don qui nous est fait au cours de cette messe où nous allons demander à Dieu de bénir les huiles saintes des malades et des catéchumènes, et le Saint Chrême. De ces huiles seront faites des onctions, manifestant à ceux et à celles qui les reçoivent, la force de l’Esprit qui leur fait découvrir combien Dieu les aime, les accompagne et les soutient dans les épreuves. Marqués par l’huile sainte, chaque baptisé peut se laisser guider pleinement par l’Esprit Saint afin de devenir capable de répondre aux appels du Christ, prendre part à la vie de l’Eglise et du monde, en témoins fidèles de l’amour du Père. Le chemin de la sainteté ouvert par notre baptême ne s’écrit que si nous demeurons sans cesse à l’écoute de l’Esprit Saint : « Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche. Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible ; et la sainteté, au fond, c’est le fruit de l’Esprit Saint dans ta vie (cf. Ga 5, 22-23) » (Pape François, La joie et l’allégresse, § 15) Amen !