1er novembre 2020
La Toussaint : accueillir une Parole d’espérance !

« Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche. Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible ; et la sainteté, au fond, c’est le fruit de l’Esprit Saint dans ta vie. » (La joie et l’allégresse §15) Ces mot du Pape François nous éclairent pleinement sur la fête de la Toussaint, où nous célébrons tant d’hommes et de femmes parvenus à la sainteté dans leur existence quotidienne, que ce soit des saintes et des saints très connus, ou que ce soit « des saints de la porte d’à côté ».

Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit, alors tu seras sur le chemin de la sainteté : la sainteté n’est pas quelque chose d’inaccessible, vers laquelle on tend désespérément. Il suffit simplement de laisser la grâce – l’amour – de Dieu faire son travail en nous afin que nous devenions ces artisans de paix, ces miséricordieux, ces pauvres de cœur, ces doux, ces cœurs purs dont parle Jésus à ses disciples (Mt 5, 1-12). Dès notre baptême, nous sommes saints [1], mais il nous faut sans cesse conserver, cultiver et développer cette grâce de Dieu dans notre vie de tous les jours. Saint Jean nous le rappelle aussi : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. » (1 Jn 3,1). Dieu n’attend pas pour nous aimer que nous soyons saints, comme parfois certains l’imaginent, Dieu nous donne déjà, aujourd’hui, de suivre le chemin de son Fils et d’apprendre de lui, le chemin de la sainteté. C’est sa présence et son amour qui nous guident et nous accompagnent. Il nous donne la force de l’Esprit Saint pour ce soit possible. Finalement la sainteté, c’est nous ouvrir à l’Esprit Saint – l’Esprit Saint que Jésus a promis à ses disciples – et le laisser porter en nous des fruits. Regardons les saintes et saints que nous aimons – celles et ceux dont nous portons le nom –, leur vie a été largement ouverte à Dieu dans tout ce qu’ils faisaient.  

Pour bien comprendre ce chemin de sainteté, c’est-à-dire devenir chrétien, rien de mieux que de mettre en pratique les paroles du Christ dans les béatitudes ; celles-ci constituent le « programme » de toute vie chrétienne, le programme pour grandir en sainteté. Dans la bouche de Jésus, « heureux », « bienheureux » et « saints » deviennent des synonymes, comme l’écrit le pape François : « Jésus a expliqué avec grande simplicité ce que veut dire être saint, et il l’a fait quand il nous a enseigné les béatitudes (cf. Mt 5, 3-12 ; Lc 6, 20-23). Elles sont comme la carte d’identité du chrétien. Donc, si quelqu’un d’entre nous se pose cette question, “comment fait-on pour parvenir à être un bon chrétien ?”, la réponse est simple : il faut mettre en œuvre, chacun à sa manière, ce que Jésus déclare dans le sermon des béatitudes. À travers celles-ci se dessine le visage du Maître que nous sommes appelés à révéler dans le quotidien de nos vies. » (idem §63)

Ces derniers mots nous rappellent que la sainteté est aussi un témoignage offert à tous. Nous témoignons combien la rencontre avec le Christ Jésus change nos vies, convertit nos réactions de colère ou de peur, transforme en bienveillance notre approche des autres et du monde. En ces temps difficiles avec le récent attentant de Nice où trois croyants ont trouvé la mort alors qu’ils priaient ; avec la crise nouvelle de l’épidémie qui isole et qui tue, l’appel des béatitudes résonne comme un cri d’espérance. En effet, notre monde a tant besoin d’artisans de paix qui vont travailler à une plus grande fraternité ; de miséricordieux qui préfèrent le pardon à la haine ; de cœurs habités par la douceur et l’humilité qui savent combien le dialogue est plus grand que la violence… Les béatitudes sont une parole d’espérance qui ouvre notre horizon sur l’horizon de Dieu, sur celui de tous les saints qui nous ont précédés dans la joie de Dieu.  

En cette grande fête de la Toussaint, écoutons et réécoutons fortement les béatitudes. Ces paroles de Jésus sont source de force, de joie et d’espérance car elles nous montrent le chemin qu’ont parcouru les saintes et les saints avant nous. Elles sont les balises – les repères –  nécessaires pour, à notre tour, vivre le chemin de notre baptême comme chemin de sainteté. Alors très simplement, apprenons à conjuguer béatitudes et sainteté :

Être pauvre de cœur, c’est cela la sainteté !
Réagir avec une humble douceur, c’est cela la sainteté !
Savoir pleurer avec les autres, c’est cela la sainteté !
Rechercher la justice avec faim et soif, c’est cela la sainteté !
Regarder et agir avec miséricorde, c’est cela la sainteté !
Garder le cœur pur de tout ce qui souille l’amour, c’est cela la sainteté !
Semer la paix autour de nous, c’est cela la sainteté !
Accepter chaque jour le chemin de l’Évangile même s’il nous crée des problèmes, c’est cela la sainteté !

Amen !


[1] « Les disciples du Christ sont véritablement devenus dans le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par conséquent, réellement saints. Cette sanctification qu’ils ont reçue, il leur faut donc, avec la grâce de Dieu, la conserver et l’achever par leur vie. » Concile Vatican II, Lumen Gentium §40.