Homélie

Homélie prononcée par Mgr Crepy, évêque du Puy, le 24 septembre 2016, à la cathédrale du Puy, lors de la bénédiction de la rose “Jubilé du Puy”.

« Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. » (Genèse, 1, 31) Ces paroles terminent le premier récit de la création dans la Bible. Au terme – au sommet – de la création, il y a l’homme et la femme créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui reçoivent comme don de Dieu ce monde si beau. Ce grand récit, qui n’est pas un récit scientifique, nous dit, dans la foi, tout ce que Dieu donne à l’être humain pour son existence. La beauté de la nature, la profondeur des océans, les mille couleurs des oiseaux et des fleurs, le bleu du ciel et le vert des montagnes sont un don de Dieu pour notre bonheur commun sur cette belle « orange bleue » qu’est notre Terre. Chaque créature porte un reflet de la beauté et de la bonté de Dieu, un rayon de sa sagesse et de son amour pour tous. Ainsi nous comprenons combien la beauté d’une rose suscite tant de paroles pour ceux et celles qui cherchent à évoquer quelque chose de la beauté de la création, et par là-même de la gloire de Dieu. L’homme n’est le maître ni de l’univers, ni de la nature, mais il reçoit de Dieu la création et est invité à y prendre place, sa place au sein des êtres vivants qui l’entourent et à vivre en harmonie avec toutes les créatures qui l’entourent.

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Rose “Jubilé du Puy” – photo D. Croix

Le pape François, dans son célèbre texte – Laudato Si’ – sur « la sauvegarde de la maison commune » invite toute l’humanité à reprendre conscience des liens qui l’unissent avec Dieu, avec les autres et avec la nature. « La terre nous précède, nous ne sommes pas Dieu. La terre nous précède et nous a été donnée. […] et nous sommes invités « à “cultiver et garder” le jardin du monde (cf. Gn 2,15). “Cultiver” signifie labourer, défricher ou travailler, “garder” signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. » (LS §67) Il y a ce devoir de responsabilité pour nous de prendre soin de cette maison commune où chacun doit pouvoir trouver sa place. Au regard du pape, l’écologie, si elle prend soin de l’environnement, se déploie beaucoup plus largement dans sa recherche de trouver et de préserver l’harmonie entre toutes les créatures et d’œuvrer pour la paix et la justice, si nécessaires, entre les peuples. Un des premiers sens que nous pouvons apporter à cette bénédiction d’une rose, c’est demander à Dieu qu’elle nous rappelle le don qu’il nous fait sans cesse dans la beauté de la création et dans le génie de l’homme, ce jardinier inlassable qui cultive avec créativité le grand jardin de la Terre. En regardant cette rose, bénie en ce jour, puissions-nous y voir ce reflet de la bonté de Dieu et nous laisser toucher par le chemin intérieur que trace la beauté de toute créature.

Dans l’Evangile, nous voyons Jésus s’émerveiller devant la beauté des fleurs des champs : « Observez comment poussent les lis des champs, ils ne travaillent pas, ils ne filent pas. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’entre eux. » (Mt 6, 28-29) Même Salomon, le roi le plus sage et le plus riche, ne possède de vêtements qui égalent la beauté des simples lis des champs. Et Jésus d’ajouter : « Si Dieu donne un tel vêtement à l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ? » (Mt 6, 30) Jésus invite à la confiance en regardant la création : voyez, dit-il à ses disciples, la beauté de la création ! Ne croyez-vous pas que Dieu peut faire beaucoup pour vous ? Ne pouvez-vous pas faire un peu plus confiance en Dieu, lui qui vous a manifesté son amour à travers une si belle création ? Confiance en Dieu… foi en la proximité d’un Dieu proche de l’homme qui nous rappelle son amour jour après jour dans la beauté de sa création… telle est aussi une autre signification de cette bénédiction. Si Dominique et Jacques Ranchon ont choisi d’appeler une de leurs roses « Jubilé du Puy », ce nom qui évoque la miséricorde de Dieu, c’est une manière, à travers cette nouvelle rose, de nous inviter à la confiance en Dieu. En regardant cette rose, nous pourrons nous dire que Dieu fait de belles choses… et qu’Il peut aussi en faire pour nous.

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Bénédiction de la rose

Enfin, un dernier élément pour donner sens à cette bénédiction de cette rose, c’est de nous rappeler que le Jubilé du Puy, ce sont des milliers et des milliers de pèlerins, qui, depuis des siècles, viennent prier la Vierge Marie, la Vierge noire du Puy. Comme la liturgie nous l’a rappelé au début de cette célébration : « Seigneur, exauce la prière de tes fidèles qui te présentent cette rose en l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie et en souvenir des grâces reçues lors du jubilé de Notre-Dame du Puy. » La bénédiction de cette rose prend un sens tout particulier, quelques semaines après la clôture du Jubilé du Puy, elle en est en quelque sorte le prolongement, le souvenir et, mieux encore, un temps d’action de grâce pour dire merci à Marie pour tout ce qu’ont reçu, dans le secret de leur cœur, les pèlerins venus ici en cette cathédrale prier Notre-Dame du Puy. En quelque sorte nous rendons hommage à Marie au terme de ce Jubilé. Cette rose que nous planterons dans nos jardins nous rappellera ce temps de grâce de ce dernier Jubilé du XX1° siècle. En 2157, lors du prochain Jubilé, nous ne serons plus là mais, souhaitons-le, dans les jardins du Puy et de Haute-Loire fleurira encore, avec grâce et délicatesse, la rose du Jubilé, signe que Marie continue à accompagner à travers les siècles, ceux et celles que son Fils Jésus lui confie.

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