Homélie de Mgr Crepy aux bénévoles de la cathédrale prononcée le 1er septembre 2018 à la cathédrale du Puy.

Textes : 1 Co 1,26-31 ; Ps 32 ; Mt 25,14-30

« Celui qui veut être fier, qu’il mette sa fierté dans le Seigneur » (1Co 1, 31), nous dit saint Paul dans la lettre aux Corinthiens. La communauté de Corinthe est composée de gens simples et modestes : pas beaucoup de sages parmi eux ! Et Paul de leur dire que Dieu ne choisit pas en fonction du milieu social, Dieu n’appelle pas en fonction du niveau d’études ou de la richesse matérielle. Dieu appelle chacun, non selon les critères des hommes, mais selon les siens pour lesquels toute personne a de la valeur.

« Ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est ; ainsi aucun être de chair ne pourra s’enorgueillir devant Dieu. » (1Co 1, 28-29) Avec le Christ les échelles de valeurs humaines sont inversées. Ainsi Paul écrit-il aux Philippiens (2,5-8) « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. …, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » Alors, nous comprenons cette invitation de Paul : « Celui qui veut être fier, qu’il mette sa fierté dans le Seigneur ».

Ce que Paul dit aux Corinthiens est aussi valable pour nous. Le Seigneur ne nous choisit pas selon nos mérites, mais tels que nous sommes. Le choix de Dieu ne se fait pas entre pauvres et riches mais en faveur de tout homme ou toute femme qui cherche à Le servir et à aimer son prochain avec ce qu’il est, avec ses talents, qu’il en ait peu ou beaucoup.

Et voici que la parabole des talents nous éclaire. Si Dieu ne fait pas de différence entre les hommes, il invite cependant chacun à mettre en œuvre, au service des autres et au service du Royaume, ce qu’il a reçu. Que nous ayons dix talents ou un seul talent, nous sommes appelés à les rendre féconds. Dans l’Evangile, les « talents » représentent une somme d’argent qu’il faut faire fructifier. Nous avons la chance qu’en français « talent » signifie aussi un don, une aptitude, une qualité que nous avons.

Il s’agit donc bien de mettre en œuvre nos talents aussi modestes ou grands soient-ils. Dans la parabole, celui qui a reçu un seul talent n’ose pas le faire fructifier. Comme si, parce qu’il n’a qu’un seul talent, il a peur de lui faire porter du fruit. On aurait pu penser que celui qui a reçu les cinq talents, donc une grosse somme d’argent, aille les enfouir par peur de se les faire voler, mais non, c’est bien celui qui en a le moins qui les cache.

Il est intéressant, ce serviteur qui n’a reçu qu’un talent, car il nous ressemble parfois quand nous nous disons : « Dans tel ou tel domaine, je ne suis pas très doué, qu’est-ce que je peux apporter aux autres, à ma communauté paroissiale, à ceux et celles qui m’entourent ? Je ne suis pas compétent et je ne peux rien faire… » Pourtant, nous avons tous reçu des dons et des qualités qu’il est toujours possible de mettre en œuvre. Dans une communauté chrétienne, celui ou celle qui s’occupe du ménage de l’église ou du rangement de la sacristie, n’est pas moindre que celui ou celle qui anime les chants ou fait du catéchisme. L’important est de répondre à l’appel du Seigneur et aux besoins des autres avec ce que nous sommes. L’exemple du serviteur qui a un seul talent et ne le fait pas fructifier doit nous donner confiance et nous rappeler que le Seigneur ne regarde pas le nombre de talents que chacun possède mais la manière dont il les met en pratique : « Celui qui veut être fier, qu’il mette sa fierté dans le Seigneur ».

Vous toutes et tous, les bénévoles présents aujourd’hui, chacun et chacune, vous avez mis en œuvre vos talents. Vous avez apporté – avec ce que vous êtes – votre aide et vos compétences pour la réussite des fêtes mariales. Et, si celles-ci ont été réussies, c’est parce que depuis l’organisation générale jusqu’aux plus petits détails, vous étiez présents, parfois dans des tâches ingrates, invisibles et qui, parfois même, ne vous ont pas ou peu permis de participer aux célébrations ou aux processions.

Votre participation a permis de célébrer et de prier la Vierge Marie avec tous les pèlerins venus les 14 et 15 août derniers. C’est une belle œuvre d’évangélisation que d’offrir ainsi à tant de personnes, jeunes et moins jeunes, de vivre une telle expérience de foi. Dites-vous que les plus petites choses matérielles que vous avez faites ont contribué au travail de l’Esprit Saint dans les cœurs des pèlerins.

Alors rendons grâce au Seigneur pour sa confiance en chacun de nous et que Notre-Dame du Puy vous comble de paix et de joie !

+ Luc Crepy
Evêque du Puy-en-Velay