Mgr Crepy a rencontré les prêtres jubilaires à l’évêché le 23 juin 2017 pour la fête du Sacré-Cœur de Jésus.

« Seigneur notre Père, en vénérant le Cœur de ton Fils bien aimé, nous disons les merveilles de ton amour pour nous. » Tout est dit dans ces premiers mots de la prière d’ouverture de notre célébration ! Fêter le Cœur de Jésus, c’est fêter l’amour de Dieu pour chacun de nous et pour l’humanité. Ainsi, les trois lectures de ce jour nous rappellent avec force combien l’amour de Dieu s’étend « d’âge en âge » dans toute l’histoire du salut jusqu’à aujourd’hui.

Ainsi, sommes-nous invités à contempler et rendre grâce pour l’élection d’Israël, le plus petit parmi tous les peuples (Dt 7,7) et pourtant appelé à devenir le plus nombreux grâce à l’amour de Dieu qui l’a fait sortir de l’esclavage, lui a donné son Alliance et lui a manifesté sa fidélité pour mille générations (Dt 7, 8-9). La révélation de l’amour de Dieu commence par cette grande histoire entre Dieu et son peuple, ce peuple qu’Il accompagne, qu’Il conduit, qu’Il châtie parfois mais à qui Il fait sans cesse miséricorde. Ce peuple que Dieu a choisi pour « être son peuple, son domaine particulier parmi tous les peuples de la terre. » (Dt, 7,6) est cher au cœur de Dieu. En effet Dieu a un cœur de mère qui rassemble comme une poule ses poussins, un cœur de père qui éduque ses enfants, un cœur d’époux qui veille avec tendresse sur celle qu’il aime.

Avec saint Jean, nous contemplons et nous rendons grâce en voyant « comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. » (1 Jn 4,9). Oui, dans le Christ, s’est manifesté pleinement l’amour de Dieu pour nous, et s’est dévoilée la Bonne Nouvelle que nous annonçons : « Dieu nous a tellement aimés » (1 Jn 4, 11). Dieu a tellement aimé le monde… Il est bon de laisser résonner ce « tellement », ce « tellement aimés »… n’est-ce pas ce que nous relisons dans notre vie quand nous prenons un peu de recul et nous laissons éclairer par l’Esprit Saint pour voir les traces de l’amour de Dieu dans les étapes de nos existences ? Vous, chers frères prêtres jubilaires, c’est ce que vous vivez en ce jour de joie : rendre grâce pour les merveilles que Dieu a faites dans votre vie, mais aussi pour les merveilles de Dieu dont vous avez été témoins tout au long de votre ministère, chez ceux et celles qui ont croisé votre chemin. Dans les moments heureux comme dans les moments difficiles de votre ministère, cette confiance en l’amour de Dieu a guidé votre fidélité, votre engagement auprès de tous les fidèles, votre volonté de suivre le Christ pour servir l’Eglise et le monde. Oui, parce que Dieu a tellement aimé le monde, vous avez, tout au long de ces nombreuses années de votre sacerdoce, cherché à vous donner pleinement à tous et à témoigner sans cesse de la joie de l’Evangile.

Si le Deutéronome nous dit l’amour fidèle de Dieu pour son peuple, si saint Jean nous rappelle combien Dieu nous a tellement aimés en envoyant son Fils parmi nous, l’évangile de ce jour nous parle de ceux et celles qui sont chers au cœur de Dieu, de ceux et celles qui font l’expérience discrète et humble de l’amour du Père, et qui reconnaissent en Jésus, la miséricorde même de Dieu. « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits, oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. » (Mt 11, 25-26). Le Cœur de Dieu est à l’écoute des pauvres, des petits et des humbles. Ce sont eux, les premiers qui nous témoignent de l’amour de Dieu, au travers d’une vie souvent rude, avec des mots parfois maladroits mais avec une telle foi et une telle lumière dans leurs yeux. Ils savent quelle est leur place dans le cœur du Christ, lui qui attire à lui ceux qui peinent sous le poids du fardeau, ceux dont la vie est rude. Jésus, « doux et humble de cœur » (Mt 11,29), se fait proche de tous, et les petits sont les premiers à nous révéler cette proximité de l’amour de Dieu. « Seigneur notre Père, en vénérant le Cœur de ton Fils bien aimé, nous disons les merveilles de ton amour pour nous. » Oui, cette oraison traduit bien le sens profond de cette fête du Sacré-Cœur de Jésus. Pour nous prêtres – et évêque –, qui cherchons à être des pasteurs selon le cœur de Dieu, une manière de comprendre le sens profond de notre ministère, c’est de travailler à former Jésus dans le cœur des fidèles, afin que leur cœur et le cœur de Jésus ne fassent plus qu’un. Bien sûr, le grand artisan est d’abord l’Esprit Saint, mais en bons ouvriers de l’Evangile nous mettons tout notre cœur à laisser le Christ prendre place en nous pour que nous sachions aimer comme Lui-même aime. C’est aussi ce qui est au cœur de votre ministère, chers Frères jubilaires : former Jésus dans les cœurs et permettre à tous de découvrir combien ils sont aimés de Dieu.

Confions à celle qui a chanté les merveilles de Dieu d’âge en âge et qui a proclamé son amour pour les humbles, à celle dont le cœur ne fait qu’un avec celui de son Fils – Marie… Notre-Dame du Puy – les prêtres jubilaires et plus largement tous les prêtres de notre diocèse. Confions aussi à Marie les vocations dans notre diocèse : qu’elle intercède auprès de Dieu pour qu’il envoie des pasteurs selon son cœur, heureux de témoigner de l’amour de Dieu pour tous aujourd’hui.

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