Homélie de Mgr Crepy lors de la messe du Festival de la Chaise-Dieu, le dimanche 23 août 2015.

Dans la lecture du livre de Josué et de l’évangile de Jean, deux questions très proches reviennent clairement  : «  Quel Dieu choisis-tu  ? Si tu fais le choix de Dieu, quel Dieu choisis-tu  ?  » Josué interroge les tribus d’Israël réunies à Sichem  : Voulez-vous servir les dieux des Amorites dont vous habitez le pays ou voulez-vous servir le Dieu de vos pères  ?

Et le peuple de répondre très fortement  : «  Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux  » et de faire mémoire de ce Dieu, de leur Seigneur qui les a libérés de l’esclavage et qui les a protégés tout au long du désert.

Dans l’Évangile, au terme d’un long discours et de bien des controverses, où Jésus se présente comme le Pain de vie, ce Pain de vie donné en nourriture à tous, ce Pain de vie qui conduit à la vie éternelle, beaucoup de disciples n’accueillent pas ses paroles… «  Cet enseignement est trop rude  ! Qui peut l’entendre  ?  » Et de partir. Et Jésus d’interpeller les apôtres  : «  Voulez-vous partir, vous aussi  ?  » et Pierre de répondre  : «  Seigneur, à qui irions-nous  ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu  ».

Les tribus d’Israël comme les apôtres sont interpellées fortement sur leur foi. En qui croyez-vous  ? Faites-vous vraiment le choix de Dieu  ? Et quel Dieu  ? Le Dieu des peuples païens qui vous instruit, un Dieu qui aurait des paroles faciles à entendre  ?

Ou bien choisissez-vous ce Dieu qui s’est Lui-même révélé à vous par son amour, qui vous a rendus libres, qui vous a accompagnés  ?

Ou bien, suivez-vous cet Homme, Jésus dont les paroles et les gestes dérangeants sont pourtant ceux qui nous révèlent Dieu dans son amour, dans sa proximité – lui qui emmène ses disciples jusqu’à Jérusalem où il mourra en croix.

«  Le choix de Dieu  », tel était le titre d’un livre célèbre du Cardinal Jean-Marie Lustiger. Le choix de Dieu demeure pour toutes les générations, mais aussi pour nous-mêmes à toutes les étapes de notre vie face aux évènements que nous n’avons pas choisis et qui parfois nous remettent en question, parfois même dans les profondeurs de notre existence. Choisir, c’est l’expérience profonde de notre liberté humaine. Choisir Dieu, ce n’est pas renoncer à cette liberté si ce Dieu a le visage du Christ, si ce Dieu est Celui qui cherche à rendre l’homme plus libre et plus fraternel… si ce Dieu se fait homme pour manifester combien l’humanité peut être belle quand elle prend le chemin de l’amour, de la justice et de la paix.

Choisir Dieu révélé en Jésus Christ, tel est le choix qu’ont fait des dizaines et des dizaines de générations de moines, à la suite de saint Robert, ici à la Chaise-Dieu. Tout dans ces bâtiments, dans cette abbatiale, dans les tapisseries parle de Dieu… dans la beauté de ce site, tout a été bâti, construit, sans cesse embelli, pour célébrer, magnifier le choix de Dieu. Ne l’oublions pas, si en Haute-Loire, partout nous voyons tant d’églises, d’abbatiales et même une cathédrale, si belles… ce sont des hommes et des femmes pour qui le choix de Dieu ouvre à la beauté qu’elle soit simple et discrète comme la petite chapelle romane perdue dans les bois ou qu’elle soit éclatante et heureuse comme ici à la Chaise-Dieu. Le choix de Dieu ne rime pas avec inertie, passivité mais avec création, beauté, vie…

Les artistes, qu’ils soient musiciens, tailleurs de pierre ou poètes, par la beauté de leur création, de leurs œuvres, de leur talent, nous mettent sur le chemin du Beau… Le chemin du Beau rejoint les aspirations profondes de l’homme et de ce qui le fait vivre en vérité… Ses choix et ses engagements, ses luttes, ses espérances… Le choix du Beau n’est pas étranger au choix de Dieu  !

Et bien, restons ce matin sur cette question de l’Écriture  : «  Que choisis-tu  ?  »