Homélie de Mgr Luc Crepy pour la messe avec les prêtres jubilaires. Cathédrale Notre-Dame du Puy, le 19 juin 2015.

Chers amis jubilaires,

Avec vous et avec tout le diocèse du Puy, nous rendons grâce aujourd’hui pour toutes les années de votre ministère presbytéral au service de l’annonce de l’Évangile : que ce soit 60 ans d’ordination ou 10 ans d’ordination, c’est le même don que vous avez fait de vous-même pour servir le Christ, pour vivre au quotidien la joie de l’Évangile, pour servir les communautés chrétiennes auprès desquelles vous avez été envoyés. 
Fêter un anniversaire d’ordination, c’est reconnaître la présence du Christ Pasteur à vos côtés durant ces années – ces nombreuses années pour les plus âgés -, reconnaître votre volonté et votre joie de mettre vos pas à la suite du Bon Pasteur pour devenir, comme aime le dire le pape François, ces disciples missionnaires au service d’une Église en sortie, au service d’une Église qui cherche à rejoindre les hommes et les femmes de ce temps. 
Le concile Vatican II nous dit : « c’est l’exercice loyal, inlassable, de leurs fonctions dans l’Esprit du Christ qui est, pour les prêtres, le moyen authentique d’arriver à la sainteté. » (Presbyterorum ordinis §13). L’exercice loyal et inlassable : voici le lieu de sanctification des prêtres. Chers pères, votre fidélité dans votre ministère – bien sûr avec des hauts et des bas, avec les qualités et les fragilités de chacun, avec vos convictions et vos doutes – est l’expression de cet exercice loyal et inlassable de votre ministère dans ses dimensions d’évangélisation, de sanctification et de gouvernement au service du peuple de Dieu, ici en Haute-Loire, dans le beau diocèse du Puy. A notre époque où le rapport au temps est souvent complexe pour beaucoup de nos contemporains, où s’engager pour toute sa vie paraît parfois, si ce n’est souvent, difficile, vous apportez le témoignage qu’il est possible d’enraciner sa vie dans le Christ et de donner sens à toute une vie en répondant à l’appel de Dieu et de l’Eglise. C’est jour après jour dans le quotidien de notre vie de prêtre que nous vérifions notre attachement au Christ.

L’évangile de ce jour nous dit « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (Mt, 6, 21). Votre ministère et votre vie, chers Amis jubilaires, résonnent avec cette parole du Christ. Quel est le trésor de la vie des prêtres ? Vers quoi, vers qui leur cœur sont-ils attirés ? En qui repose leur cœur ? A la question « où est votre trésor ? », vous avez répondu que votre trésor, c’est le Christ, c’est la vie avec le Christ, serviteur et pasteur et que ce trésor n’est pas réservé à quelques-uns mais que ce trésor est pour tous. Vous avez choisi de le faire partager à d’autres, de le proposer à d’autres, d’annoncer que la vraie richesse de la vie humaine c’est la rencontre avec le Christ. 
Ce trésor n’est pas quelque chose qui comble l’homme au sens d’une richesse matérielle, mais au contraire qui ouvre son cœur et qui crée sans le désir d’aller plus loin. C’est la richesse d’une relation qui sans cesse nous fait avancer, nous déroute parfois, nous invite non pas à posséder mais donner. Un trésor qui ne se possède pas mais qui est le fruit de l’Esprit en nos cœurs. 
C’est le lien intime au Christ Tête, Époux, Pasteur et Serviteur qui constitue le cœur même du ministère et de la vie des prêtres. « Dieu manifeste ses hauts faits par des hommes accueillants à l’impulsion et à la conduite du Saint-Esprit, par des hommes que leur union intime avec le Christ et la sainteté de leur vie habilitent à dire avec l’Apôtre : ‘ Si je vis, ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi.’ (Gal 2,20) » (P.O. § 12).

Vivre avec le Christ est la vocation de tout baptisé, et les prêtres, par leur ministère, sont au service de cette grande et belle vocation… et ils ne peuvent être ces ministres que si eux-mêmes sont habités par cette amitié, cet amour du Christ. C’est le moteur même, la source profonde de « cet engagement loyal et inlassable » au service de l’Évangile. C’est pour reprendre, les mots du pape François, ce qui est aussi à l’origine de la belle et sainte fatigue des prêtres : « Notre fatigue, chers prêtres, est comme l’encens qui monte silencieusement vers le ciel… Notre fatigue va droit au cœur du Père… une clé de la fécondité sacerdotale se trouve dans la manière dont nous nous reposons, dont nous sentons que le Seigneur s’occupe de notre fatigue. » (Homélie, messe chrismale 2015). 
Après 60 ans d’ordination, que d’encens est monté vers le ciel et continue à monter encore vers le cœur du Père ! Après 10 ans d’ordination, que d’encens peut encore monter vers le ciel ! Mais il s’agit comme le dit le Pape d’être capable de nous reposer dans le Seigneur pour poursuivre la route, pour avancer. C’est ce que je vous souhaite, c’est aussi dans notre action de grâce : puisse le Seigneur vous accompagner et vous donner la joie d’annoncer l’Évangile aujourd’hui et demain !

Confions à Notre-Dame du Puy votre ministère et votre vie, cette belle et sainte fatigue de votre service loyal et inlassable, en reprenant les mots du pape François : « Soyez sûrs que la Vierge Marie se rend compte de cette fatigue, et la fait remarquer tout de suite au Seigneur. Comme Mère, elle sait comprendre quand ses fils sont fatigués et elle ne pense à rien d’autre. Elle nous dira toujours, lorsque nous venons à elle : “Bienvenue ! Repose-toi, fils. Après nous parlerons… Ne suis-je pas là, moi qui suis ta Mère ?” »

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