25 mars 2019

Fête de l’Annonciation : Homélie de Mgr Luc Crepy, évêque du Puy-en-Velay, en la cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation, le 25 mars 2019.

Fête de l’Annonciation

25 mars 2019

Homélie en la cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation

« Voici la servante du Seigneur : que tout m’advienne selon ta parole. »

« Voici la servante du Seigneur : que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1, 38). Tels sont les derniers mots de ce grand récit de l’Annonciation où le ‘oui’ de Marie ouvre définitivement l’histoire du salut à la venue de Dieu dans notre humanité, à l’Incarnation du Fils de Dieu en notre chair, à l’habitation parmi nous du Verbe de Dieu.

« Voici la servante du Seigneur » : Marie se définit comme celle qui se met au service du projet de Dieu. Devenant la mère du Sauveur, la mère de Dieu , la mère de l’Église, Marie, dès l’Annonciation, se présente comme celle qui sert : répondre à la volonté de Dieu, c’est servir. De la crèche à Bethléem au pied de la croix, Marie se donne toute entière à son enfant ; ce Fils qu’elle suivra jusqu’au bout, dans les moments joyeux de Cana, dans les moments douloureux de la Passion et dans les moments glorieux du matin de Pâques. Marie, servante du Seigneur, annonce, d’une certaine manière, le chemin que va tracer le Christ « qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir » (Mt 20,28). Lors du lavement des pieds, le Christ Serviteur pose le signe du service comme le signe même de l’identité de ses disciples : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jn 13, 14) La fête de l’Annonciation, à travers les paroles de Marie – la servante du Seigneur – annonce déjà Celui qui va venir comme Serviteur de notre humanité, au service de tous.

« Que tout m’advienne selon ta parole. » En accueillant pleinement la parole de Dieu, Marie s’inscrit dans le peuple d’Israël qui au long des siècles s’est mis à l’écoute du Seigneur. « Écoute Israël ! », tel est le grand commandement qui traverse toute l’histoire biblique. Au terme de ce long chemin où le peuple s’est mis, tant bien que mal, à l’écoute de ce que Dieu lui révélait peu à peu de Lui-même, Marie, fille d’Israël, accueille avec joie cette bonne nouvelle que lui apporte l’ange : la promesse de Dieu va se réaliser en elle. Accueillir la Parole de Dieu, ce n’est pas simplement la laisser résonner à nos oreilles puis l’oublier, mais, à la suite de Marie, la laisser prendre corps en nous et en notre cœur. Saint Jean Eudes, à la suite de saint Augustin, aimait à dire que le plus grand mérite de Marie n’est pas d’avoir porté Jésus en son sein mais en son cœur . Accueillir le Verbe fait chair, c’est laisser le Christ prendre sa place dans tout ce qui fait notre existence, nos joies, nos peines et notre espérance ; en quelques mots : « laisser le Christ vivre et régner en nous ». (saint Jean Eudes).

« Que tout m’advienne selon ta parole. » Quelle confiance dans ces mots de Marie ! Quelle confiance dans cet accueil sans limite de tout ce que Dieu lui demande : devenir la mère de Celui qui règnera pour toujours sur la maison de Jacob et dont le règne n’aura pas de fin ! (cf. Lc 1, 32-33). S’il y a bien une attitude profonde et forte qui caractérise Marie, c’est sa confiance en Dieu, une confiance qu’elle manifeste dès l’annonce de l’ange mais qu’elle garde tout au long des évènements qui adviendront avec son Fils et avec les disciples. Même face aux choses qui la dépassent, qui l’inquiètent ou l’interrogent, Marie ne perd pas confiance. Au contraire, nous dit l’évangéliste Luc, Marie médite et garde en son cœur tous ces évènements (cf. Lc 2, 19 ; 51). Le cœur de Marie est un cœur confiant et croyant, même transpercé par la douleur que lui annonce le vieillard Syméon (cf. Lc 2, 35), elle demeure fidèle jusqu’au bout, forte en sa foi en « la miséricorde de Dieu qui s’étend d’âge en âge » (Lc 1,50).

Le « oui » de Marie ouvre un temps nouveau et définitif dans l’histoire de l’humanité et inaugure la venue du salut promis par Dieu. En cette fête de l’Annonciation, ce « oui » de la première des disciples est une invitation à chacun de nous : acceptons de nous laisser surprendre par les appels de Dieu et apprenons à dire « oui » à la venue du Christ en nos vies. Si, à la suite de Marie, nous osons prononcer ce « oui » au projet de Dieu sur nous, alors il nous faut, comme elle, vêtus du tablier du service, nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et oser avancer, sur des chemins souvent rudes et inconnus, dans la confiance, là où le Seigneur nous conduira, « car rien n’est impossible à Dieu. » (Lc1, 37)

« Voici la servante du Seigneur : que tout m’advienne selon ta parole. » Laissons résonner en nous cette ultime réponse de Marie avant que l’ange ne la quitte.

+ Luc Crepy Évêque de Puy-en-Velay