Le 8 décembre 2018, en la cathédrale Notre-Dame du Puy – Homélie : servir à la suite du Christ Serviteur par l’évêque du Puy-en-Velay Luc Crepy

Ordinations diaconales d’Alain Garnier et de Jérôme Maurin

Le 8 décembre 2018, en la cathédrale Notre-Dame du Puy

Homélie : servir à la suite du Christ Serviteur

« Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1,38) Répondant à l’appel de Dieu, transmis par l’ange, Marie dit « oui », un « oui » confiant en la volonté de Dieu, un « oui » au service du projet de Dieu afin que s’accomplisse la promesse faite au peuple d’Israël. Marie se définit comme la servante du Seigneur : « Il s’est penché sur son humble servante, désormais, tous les âges me diront bienheureuse. » (Lc 1,48). Elle devient la mère de Christ qui est venu pour servir et non pour être servi, la mère de Celui qui vient pour élever les humbles et combler les affamés (cf. Lc 1,52-53). Servir, avec Joseph, en accueillant dans la simple maison de Nazareth, le Sauveur ; servir dans la discrétion comme à Cana ; servir dans la douleur au pied de la croix et dans la joie au matin de Pâques … tel est le chemin que Marie trace, depuis l’annonce de l’ange, à la suite de son Fils.

Alain et Jérôme, aujourd’hui vous allez répondre « oui » à l’appel de Dieu pour devenir serviteurs à la suite du Christ Serviteur. Par votre ministère et par votre vie, vous rappellerez à toute L’Église qu’elle doit se faire servante, envoyée au service de l’humanité en annonçant l’Évangile et en ayant, au quotidien, le souci des plus démunis et des plus délaissés. En ces temps actuels difficiles, le service de la justice et la solidarité au sein de notre société est une urgence à laquelle la diaconie de L’Église doit répondre et s’exercer de manière concrète. Servir, tel est le sens profond du diaconat, à la suite des premiers diacres appelés par les apôtres eux-mêmes pour être au service des plus pauvres dans les premières communautés chrétiennes.

Notre monde a besoin d’hommes qui rappellent à tous la dimension du service. Le service n’est pas la servilité. Le service de l’autre, des autres, de L’Église et de la société est un choix d’hommes libres qui acceptent de reconnaître en tout être humain, une personne aimée de Dieu avec sa dignité, quelles que soient ses fragilités. Libre jusqu’à sa mort, le Christ se présente comme celui qui sert. Ainsi, la veille de sa passion, il lave les pieds de ses disciples, et leur donne ce commandement : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » (Jn 13, 14-15).

Si, dans l’histoire du Salut, la première Pâque est la libération de l’esclavage du peuple en Égypte, Jésus Christ, en sa Pâque – par sa mort et sa résurrection –, se fait serviteur de toute l’humanité, afin de la libérer du péché et de la mort, et lui donner la vie, et la vie en plénitude (cf. Jn 10,10). Comme le dit si bien saint Paul. (Ph 2, 6-8) : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant la condition de serviteur et devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » Le Christ nous apprend que servir est un chemin de liberté pour celui qui se fait serviteur et un chemin de libération pour ceux qu’il sert. Par votre ordination, Alain et Jérôme, vous êtes configurés au Christ Serviteur, apprenez de Lui à servir en toute liberté ceux et celles que le Seigneur mettra sur votre route.

En témoignant de l’amour du prochain par le service, vous exercerez votre ministère de diacre auprès de vos familles, de vos proches, de vos collègues de travail et de tous ceux et celles que vous croisez habituellement dans vos divers lieux de vie et d’engagement. Cependant, l’Église vous confie une mission particulière en vous ordonnant diacre. Le dernier concile, qui a rétabli le diaconat permanent, nous dit : « La grâce sacramentelle donne au diacre la force nécessaire pour servir le peuple de Dieu dans la diaconie de la liturgie, de la Parole et de la charité, en communion avec l’évêque et les prêtres. » (Lumen Gentium, 29).

Ainsi par votre ordination, vous devenez serviteurs de la Parole de Dieu, en la proclamant et en prêchant, mais aussi en la vivant dans toute votre vie. Serviteurs de la Parole, vous recevrez dans quelques instants l’Évangéliaire. Vous aurez à porter cette Parole à tous et en particulier à ceux qui se tiennent sur le seuil de l’Église ou qui en sont loin. Vous témoignerez ainsi que l’Évangile est source de joie, d’espérance et de liberté pour ceux qui l’accueillent et le mettent en pratique.

Par votre ordination, vous devenez aussi serviteurs de la liturgie. Vous rappelez ainsi à la communauté chrétienne que la liturgie est le premier service que nous sommes appelés à rendre : servir, c’est rendre à Dieu le culte qui lui revient. Serviteurs de l’Eucharistie, les diacres sont présents non pour offrir le sacrifice du Christ, mais pour inviter à y participer, à voir et à croire, pour aider à s’y préparer et à rendre grâce. Ils sont au service de toute la communauté dans sa prière et son action de grâce pour la gloire de Dieu et le salut des hommes.

Enfin, par votre ordination, vous devenez serviteurs de la charité. Vous n’êtes pas chargés de secourir, à vous seuls, toute la misère du monde, mais par votre vie, vos engagements, vos paroles, vous témoignez du Christ faisant le bien partout où il passe et nous invitant à faire de même : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 13,34). Serviteurs de la charité, c’est être serviteurs de ceux qui vivent la pauvreté : pauvreté matérielle, relationnelle, spirituelle… pauvretés si diverses en notre monde. Servir les pauvres, c’est apprendre à se décentrer de soi-même, reconnaître ses propres pauvretés et à ouvrir ses mains et son cœur. Vous rappellerez ainsi à tous la parole de Jésus : « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40).

Ce service de la Parole, de la liturgie et de la charité, vous l’exercerez en lien avec les autres ministres ordonnés du diocèse : dans la fraternité avec les autres diacres, dans la collaboration amicale avec les prêtres et dans la communion avec votre évêque. C’est ensemble, au service du peuple de Dieu, que quelques-uns rappellent à tous le Christ, Parole qui s’est faite chair ; le Christ, Agneau de Dieu qui donne sa vie pour tous ; le Christ, Amour de Dieu offert à toute l’humanité. C’est ainsi que vous êtes appelés, Alain et Jérôme, à devenir de jour en jour serviteurs à la suite du Christ Serviteur.

Pour terminer, je m’adresse particulièrement à vos épouses, mais aussi à vos enfants, pour les remercier d’être à vos côtés aujourd’hui, bien sûr ; mais aussi d’avoir été avec vous dans le long cheminement de discernement et de formation que vous avez vécu jusqu’à ce jour. Avoir un époux ou un père qui devient diacre ne change rien à l’amour et à l’affection mutuelle au sein du couple et de la famille. Mais vous serez cependant à ses côtés pour l’accompagner et le soutenir dans son ministère. Lui, vous partagera ce qui fait la joie et les difficultés de sa mission, mais tous vivant dans la confiance que le Seigneur accompagne et soutient toujours ceux qu’Il appelle.

Alain et Laure, Jérôme et Isabelle, avec vos enfants, nous vous confions en ce jour de fête à Marie :

Que Notre-Dame du Puy veille sur vous et vos familles ! Que Celle qui s’est fait « la servante de Seigneur » veille sur les deux nouveaux diacres ! Que Notre-Dame du Puy veille sur notre diocèse et nous prépare à accueillir, en ces temps troublés, la paix de Noël dans les cœurs et dans les esprits !

+ Luc Crepy Évêque du Puy-en-Velay