Nos écrans de TV, tous nos médias ont été envahis par le Covid-19. Le confinement nécessaire nous le rappelle à chaque instant. Mais, n’y a-t-il pas eu d’autres pandémies au cours de l’Histoire ? En voici une petite liste :

  • La peste en 1340 amenée de Chine par les puces et les rats.
  • Le Choléra en 1852 venant d’ Inde et transmis par les eaux souillées.
  • La grippe espagnole venant de Chine, transportée par les oiseaux.
  • La grippe Asiatique en 1956 venant de Chine par les canards sauvages.
  • Le VIH au Congo aurait été transmis par les chimpanzés et le MERS en Arabie Saoudite donné par les dromadaires…

Indiquer les lieux d’origine, le vecteur de transmission, l’année de l’épidémie, permet de prendre conscience que les moyens et les techniques de soins et de lutte changent au cours des siècles. Indiquer le nombre de morts sans comparaison, sans se référer aux modes de vie de l’époque n’apporterait rien.

Au cours du carême la pandémie du Covid-19 a envahi le monde et notre pays est touché. Tous nous sommes inquiets.  Néanmoins, durant ce temps de Carême, ce sont les jours où les évêques nous proposent de partager avec le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement – Terre Solidaire (CCFD-TS). Il nous rappelle d’autres contextes, moins médiatiques,  ne perturbant pas notre quotidien où la vie est fragilisée, écourtée.

  • 2,1 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable à domicile.
  • 800 000 millions de personnes souffrent quotidiennement de la faim.
  • 2 milliards souffrent de carence alimentaire (soit : une personne sur 3 souffre de malnutrition)

Et en même temps : plus de 41 200 kilos de nourriture sont jetés chaque seconde dans le monde. Cela représente un gaspillage alimentaire de 1,3 milliard de tonnes d’aliments par an, soit 1/3 de la production globale des denrées alimentaires dédiées à la consommation.

Constatant ou faisant l’expérience de la vie en péril, nous sommes amenés à nous poser quelques questions :

  • Quelles sont les causes de ces maux ?
  • Quels critères allons-nous avoir pour les résoudre ? (choisir la catégorie où l’âge des personnes à soigner ? Sauver la santé ou sauver le marché ?…)
  • Qu’allons-nous changer ?

Par charité ou générosité des réponses sont parfois trop vite données. On se contente de faire de l’assistance. Le CCFD-TS veut aider à rechercher les causes de la misère, entre autres actions il nous propose :

  • de changer de modèle agricole et agro-alimentaire,
  • de défendre le droit à la terre,
  • de promouvoir un modèle agricole alternatif : l’agroécologie,
  • d’assurer l’égalité entre les femmes et les hommes,
  • de donner l’accès à l’eau pour bien commun, etc.

En effet rappelons-nous le proverbe chinois : « Si tu donnes un poisson à un homme il mangera un jour; si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours ».

Ce temps de carême nous appelle à la Conversion, passer du statut du riche qui donne à celui du pauvre qui reçoit.

Le Bx Charles de Foucault voulait être le frère universel pour vivre pleinement son baptême et faire connaître Jésus-Christ. Pour cela Il redoublait d’efforts et de privations. Mais en Janvier 1907 il fut malade, son pronostic vital était engagé. Scorbut ? Sous alimentation ? Ses voisins touaregs l’ont soigné avec du lait de chèvre.  Cela l’a beaucoup touché spirituellement. Lui qui voulait aider ; avait été aidé.

La conversion est alors d’accepter de recevoir aussi de l’autre, aide et vie. Recevoir un don plutôt que de faire des dons ? Être l’humble créature qui reçoit le monde, notre maison commune comme un don de Dieu à partager.

Reconnaître nos fragilités, celles de nos sociétés, c’est comme être mis au tombeau le vendredi saint, pour ne pas se croire tout puissant, Dieu fait rouler la pierre du tombeau au matin de notre Pâque ! Le Seigneur nous fait signe, il indique la voie. Comme apparaissant aux disciples « allez en Galilée, allez » – autrement dit : « ne manquez aucune question, tenez la conversion que vous avez décidée. »

 Prise de recul de deux prêtres