Après 18 mois de présence au foyer Saint-Nicolas à Pradelles, le père Jo Valentin prend la route pour rejoindre son pays natal, Saint-Jeures.
Ce fut l’occasion pour les résidents et le personnel de lui témoigner leur amitié. Ils lui ont remis un tableau réalisé avec l’animatrice de la maison ; Mathieu, Richard, Sabine, au nom de tous, étaient heureux de le lui offrir. Le père Jo n’a pas manqué de souligner qu’il avait découvert une équipe, le personnel, les résidents, des hommes et des femmes accueillants et heureux.
C’est en chantant “Buvons encore une dernière fois” et quelques mots de patois qu’il s’est retiré. Nous lui souhaitons de garder le souvenir d’une petite famille, que ces visages lui rappellent combien l’amitié, la patience, la différence, toute cette vie, peut être source de joie dans le partage.
Françoise Giraud

Témoignage d’un résident, par P. Jo Valentin
Bonjour… Je m’appelle Gérard, je suis au Foyer Saint-Nicolas à Pradelles. C’est ma résidence depuis de nombreuses années déjà. Je suis là avec d’autres adultes, qui, comme moi, sont “différents” : certains, c’est à la suite d’un accident de la vie ou de la route, certains, c’est à la suite d’une maladie comme une méningite, d’autres, c’est depuis leur naissance… On dit de nous que nous sommes “différents” et, en plus, aucun de nous ne porte le même handicap que son camarade : nous sommes tous différents les uns des autres. À chacun sa croix, à chacun ses difficultés pour parler, pour marcher, pour comprendre les autres, à chacun son caractère, à chacun ses difficultés pour maîtriser ses gestes, son rire ou sa mauvaise humeur, mais pour chacun la même difficulté à vivre ensemble, à accepter de ne pas pouvoir faire, à ne pas pouvoir être comme tout le monde…
Parfois notre situation est très lourde à porter. Nous avons besoin d’être ensemble dans ce foyer, où nous sommes aidés, soutenus, écoutés, occupés, jamais jugés, jamais moqués… ni par les autres, ni par les éducateurs. Nos familles sont éloignées et, pour beaucoup d’entre nous, nos parents sont décédés : nous parlons souvent de notre vie de famille d’avant…
Chaque mois, il y a un temps de prière, un temps pour se retrouver, ceux qui le veulent, autour de la croix et de la statue de Marie : on chante, on prie, on pense aux défunts de nos familles, un prêtre vient dire la messe avec la Parole de Dieu commentée pour nous. C’est bien, c’est fraternel, c’est apaisant. On se donne des nouvelles, on se tient la main pour la prière du Notre Père… On aimerait tous que cela puisse continuer, on en a besoin.
Et puis il y a Lourdes, chaque année, et nous sommes nombreux à participer, et déjà nous pensons à l’année à venir, nous espérons tous pouvoir y aller. C’est un temps où nous sommes entourés par des gens de l’hospitalité et aussi par des jeunes qui nous parlent, qui nous font chanter, qui nous font rire, qui nous conduisent à la Grotte ou à la procession… Rien que d’en parler, j’en rêve déjà.
Au fait, si vous nous rencontrez à une fête, sur un marché ou ailleurs, ne faites pas comme si vous ne nous aviez pas vus, ne pensez pas que nous sommes très différents de vous : venez nous dire bonjour, venez nous sourire… Vous aimez que quelqu’un vous parle, que quelqu’un vous sourie, nous aussi… Voyez, nous ne sommes pas bien différents !