Excellence, chers pèlerins, chers frères et sœurs !
Aujourd’hui, nous célébrons la joie de la Vierge Marie, qui fut élevée au ciel… Nous célébrons Marie qui entre corps et âme dans la gloire de Dieu… Dieu n’a pas voulu que son corps connaisse la corruption du tombeau. Elle est accueillie dans la Gloire du Ressuscité. Nous méditons aujourd’hui sa vie, nous pensons à son cheminement dans la foi et dans la fidélité à Dieu : Le cantique du Magnificat nous invite à regarder son humilité : car c’est dans cette humilité et petitesse que Dieu l’a choisie pour être mère de son Fils.
Marie est la Mère de l’Église. Saint François d’Assise, l’acclame ainsi : “Vous êtes Vierge – faite Église”. Marie, en effet, devint l’Église quand elle porta le Fils de Dieu dans son sein. Car elle porte dans son corps la divinité du fils de Dieu fait homme. C’est pour cela que la Vierge, mère de l’Église, nous invite à réfléchir sur notre propre identité d’être Église. Qu’est-ce que cela signifie pour nous tous : Être Église ? Faire partie de l’Église ? Par le baptême, nous faisons intimement partie de l’Église, qui est le corps du Christ.
En célébrant l’assomption, aujourd’hui nous sommes unis, comme une famille qui est liée dans la même foi, dans la même joie. Nous sommes unis comme des “pèlerins d’espérance”. Plus que jamais, nous sommes conscients que nous devons vivre notre foi aux sources du salut ; réunis autour de Celle qui a renouvelé la joie des hôtes aux noces de Cana.
En tant qu’Église, nous avons la possibilité de tourner notre regard vers le passé, sur le chemin que l’Église a parcouru. En cette année jubilaire, nous célébrons avec joie le 1700ème anniversaire du concile de Nicée, qui solennellement proclama et réaffirma la foi de l’Église en la Divinité du Christ. Presque 100 ans après, le concile d’Éphèse proclama la Vierge Marie Theotokos – Mère De Dieu ; celle qui donna la vie à Jésus, le Fils de Dieu. Elle porte en elle les deux natures du Christ : l’humaine et la divine, parfaitement unies en elle.
C’est là, à côté d’Éphèse, que notre Église en Turquie existe encore aujourd’hui, une communauté toute minuscule mais vivante. C’est là que nous avons un petit sanctuaire, appelé La Maison de la Vierge Marie, et c’est là où Marie aurait vécu les dernières années de sa vie. C’est grâce à un lien d’amitié et de jumelage avec le sanctuaire de Notre Dame du Puy en Velay que j’ai été invité à célébrer cette messe avec vous. Et c’est ma grande joie d’être ici et de représenter notre petite Église.
L’assomption de la Vierge Marie est le signe de la plénitude de la vie humaine à laquelle nous sommes tous appelés en vertu de la résurrection du Christ. En lui, notre vie – créée pour être éternelle- est accomplie en Dieu. A travers Marie s’accomplirent les promesses de Dieu. Il resta fidèle à son alliance avec les hommes et sauva l’humanité du péché et du Mal dans son fils, mort sur la croix.
Dans le livre de la Genèse nous trouvons la promesse du Sauveur : “Je mettrai l’inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon.“ (Genèse 3,15) Dieu, en restant fidèle à l’humanité, promet le salut.
De la même manière, au moment de l’annonciation, l’ange promet à Marie : “Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; …. Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin.” (Luc 1,31-33).
Dans le sacrifice sur la croix Jésus accomplit la nouvelle alliance. Dans son obéissance au Père et dans la fidélité à sa volonté. Saint Paul nous le rappelle aujourd’hui : “La mort a été engloutie dans la victoire.” Dans l’assomption de Marie, cette victoire devient réalité pour elle et pour nous tous. Chaque être humain est créé à l’image de Dieu, pour être glorifié, dans l’amour infini de la Trinité, et Marie est la première de nous tous.
L’assomption de la Vierge Marie signifie l’accomplissement de sa vie ; en elle s’est réalisé l’accomplissement de toutes les promesses que Dieu a faites à l’humanité et son peuple élu. Car la vie d’une personne se révèle et s’accomplit dans sa mort. Dans son départ.
Le chemin parcouru par Marie fut marqué par l’abandon, par l’écoute ; dans la disponibilité totale à la volonté de Dieu. Marie fut entièrement ouverte à la totalité du don de Dieu à l’humanité. Dans sa foi, elle a vécu la docilité du disciple, pendant la vie publique de Jésus et quand Jésus pendait sur la croix, dans l’amour de la mère pour son fils elle s’est abandonnée à Dieu, au mystère de sa volonté.
Dans la Vierge Marie, nous contemplons la femme qui fut digne de porter dans son corps le Fils de Dieu, notre sauveur. Dans son être immaculé, elle a été ouverte à la Parole de Dieu. Elle a entièrement accepté la volonté de Dieu dans la totalité de son être, dans son cœur, dans son esprit, dans son âme, dans son corps.
L’Espérance de la gloire révélée dans le Christ n’est pas seulement pour ceux qui ont choisi la vie religieuse ou le service du sacerdoce. La vie de ceux qui vivent avec difficulté la vie chrétienne et ses exigences, qui ont des problèmes dans leur famille, dans leurs relations, peut aussi être une vie donnée à Dieu, abandonnée à Dieu ; la vie abandonnée à Dieu, nous pouvons la vivre à chaque instant, chaque pas, dans notre fragilité, quelle que soit notre situation, notre état social, notre position ou notre métier. Dieu nous habite. Dieu veut nous sauver. Dieu veut nous introduire dans la gloire éternelle sans fin.
Amen.