Cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation du Puy-en-Velay
29 mars 2021

Chaque année, la messe chrismale est un temps fort et unique dans la vie d’un diocèse car en demandant à Dieu de bénir le Saint Chrême, l’huile des malades et l’huile des catéchumènes, nous célébrons la vie même de l’Eglise à travers la force des sacrements que Dieu nous donne. Avec ces huiles saintes, nous percevons les visages de ceux et celles, jeunes et moins jeunes, qui seront baptisés, confirmés et ordonnés ; les visages aussi des personnes malades que nous irons visiter ; les visages enfin de ces catéchumènes qui nous communiquent la joie de découvrir le Christ. La messe chrismale trace le vaste horizon de la vie sacramentelle de l’Eglise, alors laissons aujourd’hui largement ouvertes ces perspectives de la vie de notre Eglise, car le salut de Dieu s’accomplit aujourd’hui.

Nous rendons grâce pour le don de l’Esprit qui marque toute notre existence et nourrit les diverses et nombreuses vocations auxquelles les baptisés sont appelés par le Seigneur pour témoigner de l’Evangile, et pour prendre leur place dans la vie de l’Eglise et du monde. Cette huile sainte nous consacre définitivement fils et fille de Dieu, à la suite de Jésus, le Fils unique. Avec le don de l’huile des malades, nous célébrons la force et la tendresse de Dieu auprès des personnes malades et, en ces temps difficiles actuels, nous savons combien il est bon et nécessaire de témoigner de la proximité de Dieu. C’est l’huile du réconfort et de la confiance. L’huile des catéchumènes nous redit que Dieu ne cesse d’appeler aujourd’hui des hommes et des femmes à découvrir combien Il les aime et combien Il les accompagne sur le chemin de la foi. C’est l’huile de la croissance, pleine d’espérance, sur la route du baptême. Finalement, l’huile sainte de ce jour est, comme le dit le prophète Isaïe ; « l’huile de la joie » car elle console, elle apaise, elle guérit, elle conforte, elle nourrit, elle réjouit, elle féconde le cœur de l’homme qui se laisse guider par l’Esprit Saint.

Ainsi, en demandant à Dieu de bénir cette huile, nous sommes tous invités à raviver les dons que nous avons reçus, afin de proclamer aujourd’hui la Bonne Nouvelle du salut : prophètes à la suite du Christ, nous annonçons à tous la joie de l’Evangile ; prêtres à la suite du Christ, nous portons dans la prière vers le Père toutes les intentions de notre monde et de notre Eglise ; rois à la suite du Christ, nous cherchons à bâtir un royaume de justice et de paix et une maison commune où chacun trouve sa juste place.

Dans le ministère des prêtres, la messe chrismale tient une place particulière. Chers Frères et Amis prêtres, vous êtes venus de tout le diocèse pour vous rassembler autour de l’évêque afin de concélébrer ensemble le Repas du Seigneur, l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. Pour vous comme pour l’évêque, cette célébration, constitue un temps privilégié pour vivre, de manière forte et significative, la fraternité sacramentelle qui nous unit depuis le jour de notre ordination. Au cœur de la Semaine Sainte, ensemble, nous célébrons Celui que nous cherchons, dans le ministère qui nous a été confié à suivre : le Christ Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, le Bon Berger qui prend soin de tous et n’oublie pas la brebis perdue, le Christ Tête du Corps qu’est l’Eglise. En ce sens, nous renouvelons les promesses faites au jour de notre ordination afin de redire notre fidélité au Christ pour le service de l’Eglise.

Ce matin, chers Frères prêtres, je me permets de m’adresser particulièrement à vous. Voilà six ans, je suis devenu votre évêque. Nous avons appris à nous connaître, à partager nos joies et nos difficultés au service de la vie du diocèse ; à chercher ensemble, avec bien des laïcs, les chemins à tracer pour que nos communautés soient toujours plus porteuses d’un message d’espérance dans notre monde actuel. Nous avons traversé cette dernière année en nous soutenant les uns les autres, et en accompagnant ceux et celles touchés par la maladie et la solitude dans nos paroisses. Au cours de ces six années, au-delà de nos histoires, nos différences et nos sensibilités, nous avons essayé de nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint pour ensemble chercher la volonté du Père, à la suite de son Fils.

Un évêque ne travaille pas seul. Ses premiers collaborateurs sont les prêtres, ce qui ne signifie pas, bien sûr, oublier les diacres, les laïcs, les religieux et religieuses. Je tiens à vous remercier de votre accueil, de votre confiance et de votre bienveillance fraternelle tout au long de ces années. Parfois, il y a des tensions et des difficultés, et je vous demande pardon si j’ai blessé certains d’entre vous. Je vous redis l’estime, le soutien et la prière que je porte à chacun de vous ainsi que la joie profonde que j’ai eue de découvrir et de servir le diocèse du Puy. Le Seigneur vous a confié un beau diocèse, ne l’oubliez pas !

Un dernier mot – un dernier regret – : les vocations de prêtres sont peu nombreuses et il faut persévérer dans la prière auprès du Seigneur pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson en Haute-Loire. Que Notre-Dame du Puy ouvre le cœur des jeunes à l’appel de son Fils ! Qu’elle accompagne, chacun de vous, pour que vous soyez heureux dans votre ministère, en devant chaque jour un peu plus des pasteurs selon le cœur de Dieu.

Amen.

+ Luc Crepy