Messe d’installation du Père Jérôme Tran,
Curé de l’Ensemble paroissial de la Sainte-Famille-de-l’Ance-à-l’Arzon
Craponne-sur-Arzon, le 17 octobre 2020
Homélie
Tenir bon dans l’espérance !
+ Luc Crepy, évêque du Puy-en-Velay

« Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. » (1 Th 1, 2-3) Ces mots de saint Paul aux chrétiens de Thessalonique, me semblent bien convenir à votre installation comme curé de l’Ensemble paroissial de la Sainte-Famille-de-l’Ance-à-l’Arzon et tracer un beau programme pour vous-mêmes et pour les communautés dont vous devenez le pasteur.

Une foi active est une foi qui, sans cesse, se laisse éclairer par l’écoute de la Parole de Dieu ; une foi qui se nourrit de la vie des sacrements que le Christ nous donne pour le suivre ; une foi qui cherche à discerner la volonté du Père et se laisse guider par l’Esprit Saint. Pasteur du troupeau qui vous est confié, à la suite de l’unique Bon Pasteur, vous aurez à conforter vos frères et sœurs dans la foi au Christ mort et ressuscité, à rendre grâce pour tout ce que le Seigneur fait de beau parmi vous et pour chacun de vous, à travailler à une plus grande communion entre tous les baptisés, unis dans une même foi. Une foi active est une foi qui ne demeure pas la seule propriété des croyants, mais qui est proposée à tous, comme une bonne nouvelle qui donne sens à nos vies humaines. Comment rendre nos communautés plus missionnaires, plus joyeuses et plus proches de tous, en particulier des plus jeunes et des familles ? Voilà la mission que vous tous, paroissiens de la Sainte-Famille, vous avez à cœur d’accomplir, et le père Jérôme vous est envoyé par l’Eglise au service de cette mission.

Mais une foi active, comme dit saint Jacques (cf. Jc 2, 14 ss.), est une foi qui agit et se traduit en actes, dans la charité, la solidarité, et l’amour envers les autres. Saint Paul parle « d’une charité qui se donne de la peine ». Charité vécue à l’intérieur de la communauté – « Voyez comme ils s’aiment ! » -, et charité vécue envers tous, et particulièrement les plus pauvres, sont les signes forts qui donnent à toute communauté chrétienne sa crédibilité et manifeste le lien étroit entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Si c’est vraiment l’amour du Christ qui anime les baptisés, alors soyons les témoins de cet amour auprès des autres et dans tout ce qu’ils font. Une charité qui se donne de la peine : alors acceptons les conversions nécessaires à faire pour apprendre à aimer un peu plus, un peu mieux, pour être créatifs et pour laisser aux pauvres la première place dans nos communautés. Nous croyons en un Dieu dont la miséricorde ne se fatigue jamais : soyons alors les témoins de de sa miséricorde en vivant une charité qui ne se fatigue pas. Pasteur selon le cœur de Dieu, Jérôme, soyez un pasteur miséricordieux, toujours prêt à témoigner auprès de tous, de la miséricorde de Dieu et à ouvrir avec d’autres des chemins pour plus d’entraide, de fraternité et de charité.

« Que votre espérance tienne bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. » Tenir bon en ces temps difficiles tant dans les conditions sanitaires compliquées que nous vivons, que dans les situations de pauvreté et de fragilité que vivent nos communautés, tel est le défi que nous avons à relever aujourd’hui. Ni la foi, ni la charité ne résolvent tout. L’espérance, non plus, mais l’espérance apporte une lumière, nous invite à voir plus loin, à ne pas s’arrêter au seul instant présent mais à faire confiance en Dieu à qui l’avenir appartient. Comme le dit Charles Péguy : « C’est elle, cette petite fille, l’Espérance, qui entraîne tout, car la Foi ne voit que ce qui est, et, elle, voit ce qui sera. La Charité n’aime que ce qui est et, elle, aime ce qui sera. [1]» C’est dans le Christ Jésus que nous fondons notre espérance, lui qui nous a promis d’être avec nous jusqu’à la fin des temps et qui nous donne sans cesse la force de son Esprit.

« Le fondement de l’espérance chrétienne est la chose la plus sûre et la plus constante qui puisse exister : c’est l’amour que Dieu porte à chacun de nous. Il est facile de dire que Dieu nous aime. Nous le disons tous. Mais réfléchissez-y un instant : chacun de nous est-il capable de dire qu’il est sûr que Dieu l’aime ? Ce n’est pas si facile à dire. C’est pourtant vrai. C’est un bon exercice que de se dire à soi-même : Dieu m’aime. C’est le fondement de ce qui nous rassure, le fondement de notre espérance. [2]»

Jérôme, tenez bon dans votre nouvelle mission, par votre foi, votre charité et votre espérance. Vous savez que vous pouvez compter sur vos frères prêtres et diacre de l’ensemble paroissial, sur tous les laïcs engagés de bien des manières sur les paroisses, sur la prière des communautés, mais aussi sur votre évêque et le diocèse qui sont à vos côtés dans les moments heureux comme dans les moments difficiles. Soyez un pasteur heureux de guider, de nourrir, d’accompagner les communautés qui vous sont confiées, et, à votre tour, laissez-vous aussi guider, nourrir et accompagner par le troupeau qui vous accueille avec joie comme son pasteur.

Terminons, à la suite de saint Paul en souhaitant que votre annonce de l’Évangile ne soit pas simple parole, mais puissance et action de l’Esprit Saint (cf. 1 Th 1, 5). Que l’Esprit Saint vous accompagne, vous guide dans votre nouvelle mission de curé et vous donne la joie de permettre à beaucoup « de rendre à Dieu ce qui est à Dieu ! »  (cf. Mt 22, 21)


[1] Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, 1912
[2] Pape François, audience du 15/02/2017.