Saint Romain de Surieu est une bourgade de l’Isère, sur la rive gauche du Rhône, à deux heures de route du Puy. Un escarpement domine le village avec, au sommet, une église romane. C’est là que sont venues s’installer il y a quarante ans des carmélites, cernées  par les voitures au centre-ville de Paray-le-Monial. C’est aujourd’hui le printemps ; la météo mitigée n’empêche pas la nature de reverdir et les fleurs de sortir sur mille branches, au bord des routes et des sentiers.

L’église n’est pas assez grande et la foule des amis déborde. Les sœurs sont quatorze, vêtues chacune  d’une robe de bure marron, d’un manteau clair au chœur,  et d’un voile. Il est noir pour la plupart ; mais deux d’entre elles le portent blanc. Elles sont novices, en formation ; l’une des jeunes va le déposer aujourd’hui et revêtir le sombre tissu des professes.  Sombre ? Le voile, peut être. En écho à Paray, le cœur, au Carmel, déborde de feu, d’amour et de joie.

Le feu est calme et la joie tranquille. L’évêque de Grenoble préside la liturgie. L’assemblée lui fait écho. Le chœur des carmélites accompagne la prière commune de mélodies qui se déploient avec  gravité et majesté.  A l’appel de la prieure, la novice s’avance.

Le dialogue s’installe : 
 – « Voulez vous… » demande Sr Marie-Agnès.
 – « Je le veux… »  répond calmement Sr Bénédicte…

Bénédicte BIDAN s’en remet à Dieu : de toute sa taille, elle s’allonge dans le chœur  pendant que retentissent la litanie des saints, les prières  mêlées du ciel et de la terre. Sœur Bénédicte de Jésus crucifié se relève et  prononce pour toujours  les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance.  La prieure l’accueille et l’invite à signer l’acte solennel de profession.  Catherine et Philippe BIDAN, ses parents, signent avec elle. On lui remet les insignes du Carmel, voile noir, croix et chant des psaumes.  

Un signe d’offrande traverse l’assemblée : guidé par une carmélite, un cortège d’enfants  porte la lumière, le pain et le vin. Les diacres recueillent ces dons et les déposent au chœur, sur l’autel. L’évêque les présente au Seigneur. Avec les prêtres, il appelle l’Esprit. Par la grâce de Dieu, cette nourriture quotidienne et cette boisson de fête deviennent Corps et Sang du Christ.

Ce samedi 22 mars, au Carmel Notre-Dame de Surieu, c’est à l’unisson du Cœur de Jésus que battent tous les autres.