Samedi 18 septembre 2021, parmi les nombreux pèlerins partant du Puy-en-Velay, pèlerins individuels, en couple, en famille, entre amis, l’on pouvait remarquer plus particulièrement à la Cathédrale Notre-Dame un groupe de pèlerins arrivé la veille en la cité vellave. Il s’agissait d’un groupe de 55 personnes dont 9 handicapées moteur ou malvoyantes, parties de Pomeys dans le département du Rhône et effectuant le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle en 16 étapes, pèlerinage organisé (tous les 2 ans) par l’Association des Amis de Saint-Jacques de Rhône-Alpes. Grâce à l’initiative d’utiliser des Joëlettes, l’Association jacquaire offre à des personnes à mobilité réduite la possibilité d’aller au tombeau de l’Apôtre Jacques.

La Joëlette est un moyen de locomotion pour personnes handicapées tracté par des personnes les assistant, généralement d’anciens pèlerins. La Joëlette se présente sous la forme d’un siège monté sur une roue de mobylette avec suspension et équipé d’un double brancard (avant et arrière). Les accompagnateurs assurent le tractage mais également l’organisation matérielle et l’intendance du pèlerinage. Chaque jour, un bus avec plateforme élévatrice pour les fauteuils emmène l’ensemble des participants pour 150 km environ. Dans le courant de la journée, les Joëlettes transportées dans un fourgon sont préparées pour une étape de 8 à 12 km à pied. Souvent aussi, il y a un arrêt-visite d’environ 1 heure. Le midi, un fourgon assure le pique-nique. Et ainsi de suite chaque jour…

Le maniement d’une Joëlette transportant un adulte sur des chemins parfois difficiles, sous le soleil ou la pluie, est un exercice qui requiert une bonne condition physique. Si le terrain est scabreux ou en pente, quatre porteurs ne suffisent pas. Il faut alors se mettre à six personnes, deux à l’avant, deux à l’arrière et un de chaque côté.

On le voit, cette démarche nécessite un réel engagement collectif orienté vers un même but et mettant en œuvre générosité, entraide, solidarité, fraternité, amitié affirmée au long du parcours. Il émane de tous les participants une grande joie – le sourire de tous fait plaisir à voir – une gaieté malgré le handicap. Il se dégage également de tout le groupe soudé dans l’action  une certaine sérénité et une grande humilité. Cette démarche est un bel exemple à souligner dans les temps actuels. Elle est en résonance avec l’esprit du Chemin de Compostelle et avec les valeurs que celui-ci transmet à tout pèlerin qui l’entreprend.  

A n’en pas douter, l’on ressent véritablement que les participants sont animés par l’esprit du Chemin. Ils le font vivre et perdurer. Après la bénédiction des pèlerins, comme avant chaque nouveau départ quotidien, ils entonnent à l’unisson le chant du pèlerin. Ils communiquent ainsi le désir de se joindre à eux et de suivre la voie qu’ils tracent.

Cette belle démarche pèlerine collective méritait d’être saluée. Bon chemin ! Ultreïa !

Pierre BONNET