Anne-Marie-Martel

Georges Perru (membre des Arts et Traditions populaires de la Haute-Loire et cadre de santé), s’est penché sur l’histoire d’Anne-Marie-Martel et retrace son parcours, au service des souffrants.

Anne-Marie Martel est née le 11 août 1644 et décédée en odeur de sainteté le 15 janvier 1673. Jeune fille issue de la petite bourgeoisie du Puy ; parmi ses différentes missions elle fut aide-soignante avant le titre. Sur les conseils de Monsieur Tronson, son guide spirituel et curé de la paroisse Saint-Georges, qui l’a vu progresser dans la foi, elle va se rendre au-delà des murs d’enceinte de la ville du Puy sur la commune d’Aiguilhe, à l’hôpital Saint-Nicolas.

Cet hospice était réservé aux femmes et aux malades en fin de vie. Très rapidement Anne-Marie Martel sera au contact direct avec la misère physique, mais aussi spirituelle et intellectuelle. La maladie épileptique, la folie des femmes que l’on a isolées, peu encadrées et encore moins soignées sont sous le même toit. Elle comprend la tâche qui l’attend mais la dépasse, tout en faisant taire ses répugnances, en ne montrant aucune impatience, ni dégout, Anne-Marie Martel va chercher parmi ses amies des aides, dont Catherine Félix, Mademoiselle Gire, Marie des Ollières. Le premier essaim va se rendre quotidiennement à l’hôpital Saint-Nicolas, après avoir entendu la messe à l’église Saint-Georges. Ce groupe de laïques n’est-il pas le début d’une fondation, sans le vouloir ni le savoir ? Qui va perdurer plus de trois siècles ! Au cours des soins, elles enseignent aux femmes les principes de la vie chrétienne, elles les instruiront, d’où le nom qu’on leur donnera par la suite « Les Demoiselles de l’Instruction plus tard « Les Béates Les grabats des patientes sont changés chaque jour, les poux éliminés des chevelures, la vermine détruite, l’odeur nauséabonde des salles communes chassée, tout ceci en chantant des cantiques le plus souvent en français afin de familiariser les patientes à la langue vernaculaire.Utilisant « le soin » du corps, elles toucheront les plaies de l’âme. Anne-Marie Martel n’a rien fondé, mais elle a su transmettre par sa manière d’être, l’allure qui était sienne, à celles qui l’entouraient : l’ardeur et la foi. A ce jour nous n’avons aucun écrit laissé par Anne-Marie, son rôle a été celui d’une laïque que l’on pourrait de nos jours qualifier de « consacrée ». La priorité de son action a été de répondre aux besoins d’éducation religieuse et sanitaire dans les milieux défavorisés du Velay à cette époque. Par son exemple de chrétienne engagée, elle a suscité des vocations parmi ses amies et connaissances locales, puis à d’autres femmes de notre terroir à sa suite. Leurs missions évolueront avec le temps et se diversifieront, tel que l’enseignement général, ménager, l’apprentissage de la dentelle, la catéchèse, les soins. Cet apostolat fut reconnu dès 1678 par Monseigneur Armand de Béthune, évêque du Puy. Anne-Marie Martel a été l’initiatrice de ce mouvement, ainsi que la création après son décès de la Congrégation des Dames de l’instruction, devenue Sœurs de l’Enfant-Jésus suite à leur fusion avec des congrégations similaires d’Aurillac, Versailles, Chauffailles, poursuivant les mêmes missions que le tronc initial du Puy-en-Velay. Le procès de Béatification d’Anne-Marie Martel est en cours à Rome.-

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Archives historiques diocésaines
Yves Clerc « Vie d’Anne-Marie Martel »
Congrégation des Sœurs de l’Enfant-Jésus