Les membres de l’association de l’Ange Gardien ont organisé, samedi 16 mars 2013, une réception des travaux de restauration de la maison L’Ange Gardien, situé place Saint-Pierre-Latour au Puy en Velay.
Fin de travaux
Cette petite cérémonie venait en conclusion de travaux qui ont permis de réhabiliter « la Maison de l’Ange gardien ». Les participants ont pu découvrir, sous la conduite de M. Michel Ramousse, président de l’association, l’importance de cette réhabilitation qui valorise l’un des ilots les plus importants de la haute ville au cœur du secteur sauvegardé.
Une abbaye au cœur de la ville
Quelques données historiques permettront de situer le lieu où se trouve la maison L’ange Gardien. Cette importante bâtisse est sur l’emplacement de l’ancienne abbaye Saint-Pierre-Latour dont les origines remonteraient, selon Jean Chevalier, à la fin du IXème siècle. Cette abbaye était rattachée à une paroisse, la deuxième du Puy par son importance et son étendue.
L’église orientée à l’Orient avait son abside face au bâtiment du centre Pierre-Cardinal et de l’ancienne chapelle du couvent Sainte-Marie qui existe toujours et qui lui est bien postérieure. Cette église se trouvait à l’emplacement de la cour actuelle de l’école, le chœur se situant dans le prolongement de la statue de L’Ange Gardien, placée devant le préau.
L’abbaye occupait, au moins à partir de 1209, la maison actuelle qui fut offerte aux moines avec son jardin par Guillaume Parpailh. Deux clefs de voûte, dans la salle où se trouve le self du collège portent encore le blason des Parpailh, une des familles les plus anciennes du Puy « d’Azur à trois papillons d’or ». Il existait, sans doute, d’autres bâtiments proches de l’église, qui ont aujourd’hui disparu.
L’église était parallèle à l’abbaye et proche de celle-ci, comme semble l’indiquer un plan de 1646. Ce plan montre un passage entre l’église et l’abbaye. Il s’agit probablement de la magnifique porte visible sous le préau à droite, au fond de la cour. Le cimetière se trouvait à l’emplacement de l’actuelle place Saint Pierre Latour qui n’était pas surélevée.
Gabriel Peyret devenu abbé en 1676 fit réparer l’abbaye à demi ruinée en 1690. La date de ces travaux se trouve inscrite sur le mur « est » des bâtiments et en dessous le blason de l’abbé malheureusement fort abimé. Cette date est également bien visible sur une pierre d’angle du mur « sud » du jardin.
Pendant la tourmente révolutionnaire, l’église servit de chapelle auxiliaire à la cathédrale. Les prêtres non constitutionnels chassés des autres sanctuaires fermés au culte s’y réfugièrent pour célébrer la messe et le peuple les suivit. Les révolutionnaires se crurent bravés par ces manifestations de piété et pendant une nuit ils emplirent l’église de matières inflammables et y mirent le feu.
Les bâtiments abbatiaux sont vendus par les révolutionnaires et changent de mains à l’occasion de ventes successives.
Les dames de la Miséricorde
En 1842, Mademoiselle GRATUZE achète les bâtiments au nom des Dames de la Miséricorde. C’est une nouvelle histoire qui commence et qui se poursuit encore aujourd’hui.
Qui sont les Dames de la Miséricorde ? « Le but de notre Œuvre, écrivait l’une d’elles, est de secourir les malheureux. Trop faibles, trop peu fortunées pour pouvoir chacune individuellement et par nous-mêmes soulager toutes les misères, nous nous réunissons pour opérer en commun ce qu’une seule ne saurait faire et en demandant au riche ce qui nous manque pour aider celui qui n’a rien. »
Les Dames de la Miséricorde : des laïcs, ne faisant ni vœux, ni promesses, appartenant la plupart à la noblesse ou à la bourgeoisie, pouvant disposer de leur temps qu’elles décidaient de consacrer à soulager les miséreux. Avec une certaine fierté elles aimaient rattacher leur œuvre à Saint Régis, qu’elles considéraient volontiers comme leur patron et fondateur. Ce dont on est certain c’est que l’œuvre remonte fort loin. On sait que saint Régis, vers 1636, n’avait fait qu’organiser et grouper des dames qui s’occupaient des pauvres.
En 1702 l’œuvre se structure et se développe dans une maison qui lui est donnée dans l’actuelle rue du bouillon. On peut parler d’Œuvre du Bouillon pour ces dames de charité qui préparent le bouillon à distribuer aux pauvres. Appelées Dames du Bouillon, elles prendront ensuite le nom de Dames de la Miséricorde.
L’exiguïté des locaux justifiait à elle seule l’achat des bâtiments de l’ancienne abbaye. Tout en continuant à s’occuper des pauvres, l’œuvre accueille des orphelins dans sa nouvelle maison. La première monitrice venait de « L’Ange » Maison pour les sourds muets située rue Vaneau, qui tirait son nom de la niche située à l’angle de la maison, dans laquelle se trouve une statue de L’Ange Gardien, toujours visible actuellement. C’est donc tout naturellement que l’orphelinat pris le nom de Maison de l’Ange Gardien.
En 1854, un atelier de dentelle est ouvert pour former les jeunes filles. Il connut un grand succès et le soutien de Théodore Falcon. La distribution de bouillon continuait et les Dames distribuent entre 800 et 1000 litres de soupe par jour, pendant la période d’hiver ! Pendant la guerre 1939-1945, l’aide se poursuit toujours. Les pauvres viennent chaque semaine à « L’Ange Gardien » pour recevoir la couronne de pain et quelques kilos de pommes de terre. L’orphelinat fermera en 1977.
Changement de main
Une des dernières figures à s’être occupée de ses chères orphelines est Madame Léon Coudeyrette, adjoint au Maire du Puy, qui avait la main sur le cœur et dans son porte-monnaie. Riche et sans enfants elle a distribué tous ses biens aux pauvres. La dernière dame à avoir assuré la présidence fut Madame Michel Versepuy.
Après plus de 350 ans de direction féminine de l’œuvre, c’est Michel Ramousse qui en a accepté la présidence, conscient du poids de l’histoire qui fait que cette association est sans interruption, depuis son origine, la seconde institution de la ville du Puy à poursuivre l’esprit visionnaire de ses fondatrices. Seule la confrérie des pénitents du Puy peut se targuer d’une origine plus ancienne.
Du Bouillon au réfectoire
Aujourd’hui les locaux de l’association sont mis à la disposition de l’ensemble scolaire Européen Saint Régis – Saint Michel qui y a installé son réfectoire.
L’association poursuit sa mission en faveur des plus défavorisés. Elle apporte son aide à une crèche et à un orphelinat catholiques situés à Bethléem en Terre Sainte. Ces maisons, dirigées par les sœurs de la Charité de Saint Vincent de Paul, accueillent des bébés et des enfants abandonnés sans distinction de race ou de religion.
L’association a apporté la somme de 110.000 euros à l’occasion des 3 campagnes de restauration des façades et murs d’enceinte de L’ange Gardien. L’OGEC de l’établissement a assuré le règlement de factures de travaux annexes induits par cette rénovation.