Devenu malade et pauvre, Job s’interroge et interroge Dieu. Des questions traversent le cours des âges, la sagesse disponible est fragile entre les mains des humains. Le texte qui suit entremêle le livre de Job, chapitre 28 et des réflexions sur le contexte actuel.
La Sagesse, où la trouver ? L’Intelligence, quel est son lieu ?
Certes, il y a une mine pour l’argent, des rivières pour l’orpaillage de l’or. Le fer est tiré du sol, et le cuivre s’obtient d’une pierre fondue. On met fin aux ténèbres, jusqu’au tréfonds on fouille la pierre obscure et sombre. On a creusé des galeries loin des lieux habités. Éloignés des terres qu’ils cultivaient, les mineurs ont troqué leur houe contre des pics. Ignorés des consommateurs, les engins ont déplacé les montagnes.
La terre d’où sort le pain est ravagée en ses entrailles comme par un feu. Ses roches recèlent de pétrole et l’on y voit briller le profit. Sentier qu’ignore le rapace, que l’œil du vautour n’a pas aperçu. Sur des terres rares, l’homme a porté la main, il a bouleversé les montagnes par la racine. Dans les rochers il a percé des galeries et tout ce qui est précieux, l’œil de l’homme cherche à l’exploiter. On a même tari les sources pour amener au jour ce qui était caché.
Mais la Sagesse, où la trouver ? L’Intelligence, quel est son lieu ?
On en ignore le prix dans les milieux financiers, elle échappe au flux des réseaux sociaux. Les Réseaux ont dit : “Il n’est pas de mon ressort d’établir la vérité.” Et les Océans ont déclaré : “rien n’est solide, tout est liquide !” On ne peut l’échanger contre des devises, ni peser l’argent pour son prix. On ne peut ignorer la forêt qui brûle et les abeilles qui s’éteignent. Aucune compagnie d’assurance ne saurait compenser son absence, ni fermer les yeux pour les générations futures. La douceur du miel ne l’égale pas, et l’urgence du court terme ne saurait s’y substituer. L’accumulation des déchets, n’en parlons pas ! Mieux vaut recueillir la Sagesse que les perles !
Mais la Sagesse, où la trouver ? L’Intelligence, quel est son lieu ?
Elle a été cachée aux yeux de tout vivant et dissimulée aux ondes des radars. Les Réseaux et la Mort ont dit : “Nos oreilles ont perçu sa renommée.” Le Sage en a discerné le chemin ; il a appris que tout était lié. Lorsque du regard il atteignait les confins de la terre et voyait partout le dérèglement de la force du vent et le grondement des eaux, lorsqu’il n’y avait plus de limites à la pluie ni de modération à l’ardeur du soleil, c’est alors qu’il vit le changement climatique et l’évalua, et même l’explora.
Puis l’homme dit à l’homme : “écouter la plainte des pauvres, le cri de l’homme souffrant, voilà le commencement de la Sagesse. Lutter contre le mal et les injustices faites à notre sœur l’Eau, à notre mère la Terre, voilà le commencement de l’intelligence.” » Puis l’homme dit à l’homme : « Tout est lié, la clameur des pauvres, la clameur de la Terre et la parole de Dieu. » Puis des hommes dirent à Dieu : « Par quel chemin de vérité et de vie, sauras-tu te lier au salut de l’humanité ? »