en l’église du Val-Vert

1er dimanche de Carême (21/02/21)

Homélie
Ravive le don de Dieu reçu à ton baptême !

+ Luc Crepy

Les textes de ce premier dimanche de Carême évoquent le baptême, et c’est aussi le jour où l’évêque appelle officiellement les catéchumènes du diocèse à se mettre en route vers Pâques pour recevoir le baptême. Saint Pierre nous dit que déjà le récit très ancien de Noé et de l’arche est une figure du baptême. Noé et les siens ont survécu aux eaux du déluge et reçoivent de Dieu, la promesse d’une alliance de vie dont le signe sera l’arc en ciel, une alliance qui unit le ciel et la terre. Ce récit nous rappelle, que plus tard, le peuple d’Israël traversera aussi l’eau, l’eau de la Mer rouge, et sera sauvé des armées des égyptiens. Dieu leur donnera alors les tables d’une nouvelle alliance. Ainsi, Dieu sans cesse renouvelle son alliance avec son peuple qui souvent l’oublie. Cependant, c’est par le Christ Jésus que sera scellée l’alliance d’amour éternelle entre Dieu et l’humanité, par le don de sa vie, « lui le juste parmi les injustes ». L’eau de notre baptême – qui est signe du passage de la mort à la vie – nous fait entrer dans une relation définitive à Dieu, dans la nouvelle alliance d’amour que Jésus est venu offrir à tous.

Nous commençons notre temps de Carême en faisant mémoire de notre baptême et en priant, particulièrement aujourd’hui, pour ceux et celles qui seront baptisés à Pâques. Rappelons-nous que le sacrement du baptême fait de nous des fils et des filles de Dieu, notre Père ; des frères et sœurs du Christ, et des hommes et des femmes habités par l’Esprit Saint. C’est le baptême qui nous donne notre identité chrétienne : tout commence à notre baptême, et au long de notre vie, il se déploie comme un chemin de sainteté, dans ce qui fait nos choix, nos engagements, notre existence quotidienne avec les autres et en société.

La vie chrétienne, c’est vivre de la force et de la joie de l’Esprit reçu à notre baptême. Dans l’évangile de ce jour, nous voyons Jésus, à peine baptisé dans les eaux du Jourdain, par Jean-Baptiste, « poussé » – entraîné – par l’Esprit Saint au désert. Saint Pierre, lui aussi, souligne que c’est dans l’Esprit que Jésus part annoncer le message de salut. Une fois baptisé, animé par l’Esprit Saint, Jésus part au désert et affronte ce lieu de la tentation où sévit le diable. Dans l’évangile de Marc, ces tentations ne sont pas décrites, mais de manière très brève, est souligné que Jésus doit mener un combat, pour être fidèle à sa mission, lui Dieu fait homme, avec la force de l’Esprit. Vainqueur de ce combat, le Christ inaugure alors sa mission et annonce à tous que le Règne de Dieu est tout proche : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile ».

Si nous nous laissons interpeler par l’Ecriture, le temps du Carême est alors pour chacun de nous l’invitation à vivre de manière renouvelée notre baptême. Il s’agit de prendre conscience que c’est la force de l’Esprit Saint qui nous conduit à nous convertir et à évangéliser.

Seule cette présence de l’Esprit Saint peut nous aider à vivre les combats que nous avons à mener dans notre vie et dans notre monde. C’est ainsi que nous vivrons un peu plus, un peu mieux les belles exigences de l’Evangile qui sont sources de vérité, de bonheur et, comme le souligne souvent le pape François, source de joie ! Chacun de nous connait bien les conversions à mener pour suivre le Christ, mais souvent la routine, l’habitude, et surtout l’oubli d’écouter l’Esprit Saint qui nous parle sans cesse, nous font repousser à plus tard, ou même oublier ces appels à une vie plus fidèle à notre baptême. La chance du Carême, c’est de raviver en nous l’écoute de l’Esprit Saint pour mener les combats nécessaires, tant intérieurs qu’extérieurs.

A la suite du Christ qui, poussé par l’Esprit, sort victorieux des tentations, il nous faut aussi devenir témoins du Royaume de Dieu qui s’est approché de notre humanité, et devenir des disciples-missionnaires, vivant et annonçant une bonne nouvelle. A la manière de saint Paul, nous pouvons dire que nous sommes ces vases d’argile, fragiles et ordinaires, qui contenons quelque chose de très précieux : une bonne nouvelle de paix, de justice, de fraternité pour les hommes et les femmes de notre temps et plus, encore, la bonne nouvelle que la mort n’a pas le dernier mot car le Christ est ressuscité. C’est l’Esprit qui conduit l’Eglise dans sa mission d’annoncer l’Evangile, c’est l’Esprit qui conduit chacun des membres du Corps du Christ – qu’est l’Eglise – à devenir jour après jour ces témoins de l’alliance que Dieu a établie pour toujours avec notre humanité.

Terminons par les mots du pape François qui ont été choisis pour ouvrir le travail actuel sur les priorités missionnaires de notre diocèse : « « Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. » La joie de l’Evangile, 2013, §49) Que cette route vers Pâques renouvelle l’élan missionnaire de chacun de nous, de nos communautés et de notre diocèse !