Homélie de la messe radiodiffusée sur RCF – Haute-Loire
« Je suis la Porte ! »
Par deux fois dans l’évangile de ce jour, Jésus affirme : « Je suis la porte ; je suis la porte des brebis. » (Jn 10, 7,9) Laissons résonner en nous cette image que le Christ utilise à la fois pour parler de Lui, des brebis et des pasteurs de son troupeau.
La porte, c’est qui permet d’entrer et de sortir, c’est-à-dire de communiquer entre deux lieux, entre l’intérieur et l’extérieur ; la porte c’est ce qui clôt une maison – ou un enclos pour garder un troupeau – et empêche le venue des intrus ; la porte, c’est ce qu’il faut franchir pour rencontrer l’autre, pour aller chez lui… Jésus est la porte : voilà une belle image pour parler de Celui qui ouvre la porte des cieux et vient habiter chez nous pour nous révéler qui est Dieu ; qui fait entrer sa divinité dans notre humanité ; qui vient établir définitivement une alliance entre Dieu et les hommes ; qui vient communiquer une bonne nouvelle qui ne peut pas être arrêtée par les murs, ni emprisonnée par quelques-uns. Jésus est la porte qui nous ouvre à Dieu, à la connaissance de Dieu. Il est la porte de l’homme sur Dieu. Il permet la communion entre Dieu et l’homme. Il est l’unique porte par laquelle nous accédons au Père : « Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père. » (Jn 10, 14-15) Pour connaître en vérité qui est Dieu, il faut passer par Jésus. Ceux qui pensent connaître Dieu, en ne passant pas par La Porte, font fausse route et sont souvent de faux prophètes qui entrent par effraction dans la vie des gens.
Le Christ est la porte par laquelle les brebis peuvent sortir, trouver de bons pâturages et se nourrir. Oui, le Bon Pasteur est celui qui guide son troupeau et lui permet de sortir librement, sans crainte, car il donne sa vie pour ses brebis (Jn 10,15). Passer par la porte pour vivre pleinement, pour vivre en abondance, telle est la mission même du Christ venu « pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » (Jn 10,10) La porte, définitivement ouverte par le Christ, à travers sa mort et sa résurrection, nous conduit à la vie : loin de rester enfermés sur nous-mêmes, il nous libère de nos peurs et de nos doutes. Le Christ est la porte nouvelle qui ouvre sur un chemin de confiance et d’espérance. Lui, le Chemin, ne permet pas que nous nous perdions, mais fait passer par la porte qui mène à Lui.
Cette image de la porte concerne aussi le troupeau. Parmi tous ceux qui tentent de franchir l’enclos, seul le vrai Berger est reconnu par les brebis, car elles connaissent sa voix. Lui seul les appelle chacune par leur nom (Jn 10, 3). Si elles ne reconnaissent pas leur berger, les brebis ne suivront pas n’importe qui, et ne passeront pas la porte. C’est le troupeau tout entier qui passe par la porte pour sortir à la suite du berger. Il n’y a pas de sortie de secours, ni de sortie secrète ou dissimulée…il faut que chaque brebis passe par cette porte – une porte sûrement étroite – pour ensemble aller vers les verts pâturages. Chaque brebis n’a pas son entrée privée ou particulière, elle passe par la porte unique de l’enclos, comme toutes les autres brebis. C’est ensemble que nous passons par le Christ – l’unique porte – pour aller sur les chemins de la vie, et pour faire ensemble Eglise à la suite de l’unique Pasteur. Nous voyons d’ailleurs, en ce temps de confinement, combien cela nous manque de ne pas pouvoir, ensemble, passer la porte d’une église, ou mieux encore, de ne pas pouvoir passer les portes de nos maisons pour nous rassembler ensemble derrière le Bon Pasteur. La vie chrétienne est à l’image de ce troupeau de brebis ; parce que chaque brebis est connue personnellement par le Berger, elle fait partie du troupeau et ne cherche pas à s’en éloigner. La vie chrétienne est communautaire ou elle n’est pas. Saint Augustin disait qu’il préférait boiter sur le chemin avec d’autres, plutôt que de courir seul, en dehors du chemin.
Enfin, l’image de la porte s’adresse aussi à ceux à qui Jésus confiera son troupeau. Impossible d’être pasteur du troupeau du Christ sans passer par Lui. « Sois le berger mes brebis » (Jn 21,17), dira Jésus à Pierre qui l’a pourtant trahi. Pierre, par trois fois, redira au Christ qu’il L’aime : «Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime.» En affirmant son amour pour le Christ, Pierre reçoit la charge de son Eglise. Le Christ est bien la porte par laquelle tout vrai berger doit passer. Les prêtres, comme les évêques, sont aujourd’hui les pasteurs du troupeau. Leur mission est de conduire le troupeau vers l’unique pasteur qu’est le Christ. Passer par la porte qu’est le Christ signifie que prêtres et évêques sont appelés, jour après jour, à devenir des pasteurs selon le cœur de Dieu.
En ce dimanche où nous prions pour les vocations dans l’Eglise, demandons tout particulièrement au Bon Berger d’appeler des pasteurs à sa suite pour veiller sur le troupeau, pour le conduire vers les pâturages qui donnent la vie, et la vie en abondance. Prêtre est une belle vocation : mettre ses pas à la suite de Jésus, le Bon Berger, est une vie riche de rencontres, de services et de partages avec beaucoup sur les choses importantes de nos vies humaines. Si parmi nos auditeurs, certains s’interrogent sur un appel de Dieu à le servir comme prêtre, mais aussi comme diacre, religieuses et religieux, ou tout simplement encore à prendre une part plus importante à la vie de l’Eglise, qu’ils n’hésitent pas ! Tout baptisé reçoit par son baptême une vocation c’est-à-dire un appel !
Suivre le Christ n’enlève rien aux difficultés de la vie mais donne un sens profond à nos existences et une grande joie !
Le Christ ouvre la porte à toutes les vocations dans l’Eglise !
Amen.
+ Luc Crepy
évêque du Puy-en-Velay