À son retour de Rome où il a participé à la célébration de la béatification de Jean-Paul II, Mgr Brincard confie ses impressions.
Quel était votre état d’esprit en allant à cette béatification ?
De nombreux souvenirs étaient présent à ma mémoire, car j’ai eu le bonheur de rencontrer Jean- Paul II avant qu’il ne devienne pape et ensuite, comme tout évêque, à plusieurs reprises. Une joie profonde m’habite car Jean-Paul II a marqué son époque par ce que j’appelle un rayonnement, un rayonnement tangible quand on le rencontrait. Ce rayonnement trouvait sa source profonde dans un amour inconditionnel de Jésus-Christ, amour qui donnait sens à toute sa vie en transformant continuellement son coeur. Devenu pape, il a servi humblement et aussi avec courage et fidélité, une très haute mission, celle d’être artisan de cette paix et de cette lumière que Jésus-Christ offre à tous les hommes.
Vous avez rencontré plusieurs fois Jean-Paul II, quel homme était-il ?
Jean-Paul II avait un regard d’espérance sur le monde. En effet, il luttait contre le mal en développant les forces du bien. Son regard était donc stimulant tandis que ses mises en garde, notamment au sujet du respect de la vie humaine – dès la conception et jusqu’à la mort – exprimaient son désir que l’homme ne se détruise pas. Sa seule présence fortifiait l’unité.
Quant aux jeunes, ils se sentaient compris, aimés et encouragés. Ainsi que me le disait l’un d’entre eux après les Journées Mondiales de la Jeunesse à Paris : « Jean-Paul II est un père qui nous aime, qui nous fait confiance et en qui nous pouvons avoir confiance ».
Quelle importance revêt cette béatification dans le cœur des catholiques ?
Quand l’Église béatifie quelqu’un, elle nous dit : « L’Évangile a transformé sa vie et cette transformation l’a conduit à un bonheur éternel. C’est un ami qui veut t’aider à te mettre à l’école de Jésus-Christ ».
La béatification de Jean-Paul II est un appel à ne rien préférer au Christ, c’est un appel à aller à la rencontre des pauvres, à les aimer toujours plus, à les servir toujours mieux. C’est un appel à ne jamais se laisser décourager devant les difficultés. Le bien qu’avec l’aide de Dieu nous faisons paraît une goutte d’eau mais, comme le disait Mère Teresa, « l’océan est fait de gouttes d’eau ».
C’est avec cette conviction que nous irons toujours plus de l’avant et dans l’espérance.
Comment avez-vous vécu cette célébration ?
Avec une très grande émotion. J’avais aussi participé à ses funérailles sur cette même place Saint-Pierre et auxquelles avait participé une foule immense venue de tous les horizons, de tous les âges et ce jour-là, je crois que tous les cœurs présents ont ressenti une émotion immense.
Donc, dimanche dernier, me retrouver en ce même lieu avec tous les frères évêques – ils étaient tout de même 600 ou 700 – avec bien évidemment tous ces gens qui emplissaient la place et bien au-delà, c’était un moment très important. Les personnes étaient très diverses, de tous les âges et de toutes les nations mais il y avait une unité extraordinaire.
Quel message nous délivre cette béatification ?
Une unité autour de Jean-Paul II qui était présent et d’une manière nouvelle. Ensuite j’ai également ressenti beaucoup de joie. C’est comme s’il y avait une descente du ciel sur la terre. C’était presque tangible. Nous sommes faits pour une immense joie : la joie du ciel, et cette joie commence ici bas et grandit dans nos cœurs au fur et à mesure que l’amour de Dieu grandit en nous.
Dimanche, c’était comme si Jean-Paul II nous disait « oui, je suis dans une immense joie mais je veux vous la faire partage » Il a toujours partagé ce qu’il estimait le meilleur.
Par ailleurs, c’est très émouvant de penser que l’on a participé à une célébration au cours de laquelle Benoit XVI a proclamé « bienheureux » un pape que nous avons connu, que nous avons regardé, que nous avons aimé et qui a marqué son époque…
Comment l’a-t-il marquée ?
Jean-Paul II a fait entrer l’Église dans le troisième millénaire par le concile Vatican II et en s’en faisant le commentateur autorisé […]. De plus, tout l’enseignement de Jean-Paul II, et tout ce qu’il était, était tourné vers le Christ. Il nous montre combien le Christ aimait notre humanité, combien le Christ était une lumière pour comprendre l’homme en profondeur, et en même temps une lumière pour l’homme afin qu’il avance sur la route de l’espérance.
En ce sens-là, il a rejoint beaucoup d’hommes et de femmes de grande volonté qui cherchent et qui, au fond, veulent avoir ce regard profond que le Christ donne…
En collaboration avec RCF Haute-Loire et Renouveau
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