En cette période de fête, Mgr Henri Brincard a répondu aux questions de Stéphane Longin de RCF-Haute-Loire sur le sens de la fête de Noël dans notre monde consumériste.
Au moment où beaucoup d’enfants attendent les cadeaux, qu’y a-t-il derrière cette fête, que doit-on mettre dans les cœurs ? Noël est une fête importante pour les chrétiens. Par eux, un message d’espérance doit être communiqué à tous. Les cadeaux, dont vous parlez, nous renvoient au plus beau de tous les cadeaux : Jésus. En Jésus, c’est Dieu qui se donne à nous en son Fils, venu par un chemin bouleversant de pauvreté : le chemin de Bethléem.
Pour expérimenter la joie de Noël, il nous faut vivre cet immense amour de Dieu pour nous. Ainsi connaîtrons-nous la joie à nulle autre pareille, la joie d’être aimé de Dieu.
Voici donc mon premier vœu de Noël : que chacun découvre combien il est aimé de Dieu. En regardant le petit enfant de nos crèches, disons : « Il est venu pour moi ! »
Comment ceux qui vont chaque dimanche à la messe, mais aussi ceux qui n’y vont que pour Noël peuvent se préparer à ce moment ?
Il y a divers moyens de se préparer ; mais partons de cette conviction que je crois fondée : Noël intensifie le désir d’être aimé et aussi celui d’aimer.
Pour ceux qui ont la foi, l’amour de Dieu pour les hommes, a un nom : Jésus.
Le premier ennemi de la foi a toujours été l’ignorance et le demeure encore aujourd’hui. Remarquons en passant qu’il en va de même pour l’amitié. En effet, comment développer une amitié si l’on ne cherche pas à connaître toujours mieux son ami. Connaissons mieux Jésus et nous l’aimerons davantage !
Pour qu’il en soit ainsi, revenons à l’Evangile et pourquoi pas à celui de saint Marc proposé d’une manière spéciale, cette année, à nos communautés chrétiennes. Méditons donc l’Evangile qui nous donne sans cesse de nouvelles lumières sur l’amour insondable de Dieu pour nous. Tâchons de découvrir le sens profond de l’Evangile. Nous nous rendrons mieux compte de notre responsabilité dans l’annonce de la Bonne Nouvelle.
La fête de Noël est la fête par excellence de la paix. Cette paix est toujours un don donné par Dieu, en Jésus. Si prier pour la paix, c’est d’abord reconnaître que Dieu est source de la vraie paix entre les hommes, c’est aussi une invitation à faire fructifier le don reçu. Souvent, les jeunes m’objectent : « Nous prions pour la paix, mais la paix ne progresse pas autant qu’il le faudrait dans le monde ».
Derrière l’objection, il y a le sentiment que Dieu n’écoute pas la prière qu’on lui adresse ou bien – ce qui serait plus désolant encore – il y a la tentation de penser que Dieu n’existe pas. L’objection oublie que nous avons aussi une responsabilité à l’égard de cette paix reçue de Dieu, car nous avons à en être les artisans autour de nous. Comment être artisan de paix, dans notre famille, dans notre communauté chrétienne et, d’une manière générale, dans tous nos milieux de vie ? Nous ne le sommes jamais autant que lorsque nous pardonnons. La pardon, c’est aller au devant de celui qui nous a offensé avec un amour capable de changer son cœur et de l’aider ainsi à faire le bien.
A Noël, nous devons nous poser la question : « Avec qui nous réconcilier ? » Souvent nous parlons de nos proches ou de nos voisins avec des mots durs. Nous soulignons leurs déficiences ou leurs refus. Prenons plutôt l’initiative d’aller au-devant de ceux qui nous ont blessés en leur offrant un pardon souvent mieux compris lorsqu’il s’exprime par un service.
Que signifie pour nos communautés chrétiennes pratiquer le pardon ? Plutôt que d’ignorer à la messe un voisin ou une voisine avec lequel nous avons un différend, profitons de la fête de Noël pour trouver le chemin d’une vraie réconciliation.
Alors soyons disponibles pour faire en sorte que Noël ne soit pas seulement un mot, mais aussi une réalité, un sourire, un accueil. Par exemple, nous nous souvenons d’un voisin ou d’une voisine qui est seule. Alors pourquoi ne pas prendre immédiatement la résolution d’aller la voir en lui apportant ce cadeau merveilleux qu’est une présence ? Noël, c’est aussi un moment privilégié pour servir les pauvres et les plus démunis avec la certitude que nous recevons d’eux plus que nous ne donnons. Saint François d’Assise ne disait-il pas « Nos seigneurs, les pauvres ».
Voici pour conclure une histoire entendue il y a longtemps et qui m’a beaucoup ému. Il s’agit d’une petite fille appartenant à une famille très pauvre. Elle avait demandé à Jésus pour Noël une poupée. Sa famille n’avait pas pu la lui offrir. Le jour de Noël, pas de poupée. Un proche lui dit : “Alors, Jésus ne t’as pas écouté ?” Et elle répond : “Si, Jésus a répondu. Il a dit : “Non.” ». Son plus beau cadeau, c’était l’amour de Jésus pour elle. On n’avait pas pu lui donner la poupée, mais Jésus, lui, s’était donné et c’était pour elle plus que tout.
A tous, je souhaite un Noël de vraie joie et de vraie paix. Je demande à la Vierge Marie de nous aider à recevoir cette paix et cette joie que Jésus veut communiquer à tous les hommes.