Le 1er mars, Mgr Crepy a présidé la messe des cendres pour le secteur du Puy. Voici le texte de son homélie.
« Revenez à moi de tout votre cœur » (Joël 2)
« Nous vous exhortons à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu » (2 Co 6,1) : quelle est la première grâce reçue de Dieu dans notre vie chrétienne ? C’est la grâce de notre baptême qui nous constitue enfants du Père, frères et sœurs du Christ, temple de l’Esprit Saint. Ces quarante jours de Carême nos conduisent à la nuit pascale où nous renouvellerons les promesses de notre baptême, et où nous prendrons plus encore conscience d’avoir été plongés définitivement dans la mort et la résurrection du Christ.
Ce temps de Carême nous est donné par l’Église pour renouveler en nous notre vie baptismale, notre vie de disciples du Christ, notre vie de chrétiens aujourd’hui : « Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. » (2 Co 6,2)
Dans notre vie, nous avons régulièrement besoin de recevoir des appels forts à la conversion, au changement pour sortir de la routine d’une vie spirituelle parfois nonchalante et peu dynamique. Le prophète Joël nous dit : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur, votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment » (Joël 2,13). C’est une invitation forte du prophète : « déchirez vos cœurs, ouvrez vos cœurs à l’écoute de la Parole de Dieu, ouvrez vos cœurs aux appels de l’Esprit, ouvrez vos cœurs aux cris des pauvres ! »
Très concrètement, quelle ouverture de cœur, suis-je prêt à faire pendant ce Carême ? A quoi, à qui le Seigneur appelle-t-il mon cœur à s’ouvrir ?
Convertir, c’est « se retourner » ; la conversion du cœur consiste à s’ouvrir à la nouveauté du regard auquel Dieu nous appelle. Cette conversion du cœur est d’abord un appel personnel que Dieu nous adresse. Certes, nous voudrions bien que le monde change, que notre Église bouge, que notre communauté ou nos familles se convertissent un peu plus. Mais tous ces changements auxquels nous aspirons ne peuvent commencer sans que nous-mêmes nous convertissions, sans que nous-mêmes comprenions clairement que nous sommes les premiers responsables de la conversion de notre cœur. Il ne faut pas attendre que les autres changent pour commencer à nous convertir !
Trois fois dans l’Évangile, Jésus redit : « Ton père qui voit dans le secret te le rendra » que nous aidions les plus pauvres, que nous prions seuls, que nous jeûnions, c’est au regard même de Dieu que nous le faisons. Il s’agit bien de renouveler notre relation au Christ et, en la renouvelant, nous renouvelons aussi notre relation aux autres. Aujourd’hui, chacun est invité à dire en soi-même : « Seigneur, aujourd’hui, je choisis tel ou tel chemin de conversion, toi seul le sais, Seigneur, toi seul m’aideras à avancer et je compte sur toi car, dans le secret, toi Père, tu m’accompagneras sur ce chemin de conversion. »
Si l’Esprit Saint est le premier acteur de toute vie chrétienne, ce temps du Carême est donc un temps privilégié où nous décidons d’être plus à son écoute, où nous prenons, dans le secret du Père qui nous voit, des décisions pour vivre plus fortement la grâce que nous avons reçue depuis notre baptême. Ne laissez pas sans effet la grâce reçue de Dieu… et laissez-vous réconcilier avec Dieu !
Vivons donc ce Carême comme une chance, comme un temps privilégié où nous vivons, dans la joie et la confiance, la nouveauté que l’Évangile produit en nous.