& Ouverture de l’année sainte de Saint Jacques de Compostelle
03/01/21
+ Luc Crepy, évêque du Puy-en-Velay

De très loin, les mages se sont mis en route à la suite de l’étoile. Accompagné par cette simple lumière, ils ont marché, avec confiance, vers Celui qui est la vraie lumière des hommes, le Christ. Leurs pas les ont menés à la crèche où ils ont adoré ce petit enfant, le roi de l’Univers. Leur marche n’a pas été vaine : ils ne savaient pas bien où les conduirait l’étoile, mais ils ont fait confiance et ont accepté de quitter leur pays, de partir et de voyager dans l’inconnu.

Cette grande fête de l’Epiphanie manifeste que tous les peuples sont appelés à se mettre en route pour rencontrer le Christ. De quelque endroit que l’on vienne, de quelque nationalité que l’on soit, chacun peut s’avancer, à son pas et à sa manière vers l’enfant Jésus et reconnaître en lui le Fils de Dieu. Peut-être n’y-a-t-il pas d’étoile dans le ciel, mais Dieu met une petite lumière dans le cœur de chacun et l’invite à aller chercher une plus grande lumière, une lumière qui peut éclairer toute sa vie, une lumière qui brille pour tous. C’est aussi ce que fera Jésus avec ses disciples en les appelant à le suivre, en quittant tout et en marchant à sa suite. Quitter, partir et marcher, trois attitudes qui, dans la Bible, traduisent la réponse de l’homme à l’appel de Dieu. Trois attitudes banales au premier abord, mais dont fait l’expérience tout croyant qui cherche à rencontrer Dieu.

L’histoire des mages souligne la gratuité de la révélation de Dieu, elle est offerte à tous : qui veut venir voir l’enfant Jésus, peut le faire. Que l’on vienne de loin ou de près, que l’on marche dans les déserts d’Orient, ou sur les routes de Galilée, le Seigneur se laisse trouver par ceux qui le cherchent et se mettent en route pour le rencontrer. Comme le dit saint Paul, la grâce de Dieu donnée en Jésus Christ, révèle ce grand mystère « que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » (Ep 3, 6) C’est un message qui traduit l’universalité de l’Evangile et qui peut rejoindre toute personne. C’est pour nous un encouragement à oser annoncer l’Evangile à ceux et celles dont nous croisons la route, quels qu’ils soient, en étant convaincu qu’ils peuvent accueillir cette bonne nouvelle, qui est aussi pour eux.

En cette fête de l’Epiphanie, nous sommes aussi en communion de prière, au Puy, avec le diocèse de Compostelle qui vient d’entrer dans une Année Sainte, avec l’ouverture de la Porte Sainte, ce 31 décembre. Bien sûr, les mages n’ont pas fait le chemin de Saint-Jacques ! Mais ce sont les premiers pèlerins de l’Evangile, qui ont tracé une longue route pour aller vers le Christ. Et ils montrent le chemin aux pèlerins d’aujourd’hui et aident à porter un regard de foi sur ceux qui se mettent en marche vers Compostelle.

Le chemin de Saint Jacques n’est pas réservé à quelques-uns mais ouvert à tous : comme les mages – ces étrangers qui viennent de loin – les pèlerins viennent de partout, avec leurs histoires et leurs coutumes, ils ont osé quitté leur pays, pour partager avec d’autres la même route. Comme les mages, les pèlerins ont osé partir et se mettre en route, même si le chemin est long. Comme les mages, les pèlerins trouvent leur étoile, la perdent de vue puis la retrouvent au terme du chemin. Comme les mages, beaucoup de pèlerins sont des chercheurs de Dieu qui ne savent pas très bien ce qu’ils vont trouver sur le chemin, et pourtant ils avancent avec confiance et sont surpris que Dieu se laisse trouver facilement, comme l’enfant à la crèche, exposé au regard de tous ceux qui viennent le voir. Comme les mages, ils repartent par un autre chemin car la rencontre avec le Christ conduit à prendre un chemin nouveau.

Comme les mages, le chemin de Saint Jacques nous rappelle que la vie chrétienne est une marche : nous n’avons jamais fini d’avancer dans notre foi, de grandir dans notre espérance et fortifier notre charité. Il n’y a pas de vie chrétienne qui demeure statique, car elle est animée par l’Esprit Saint qui nous demande d’aller plus loin dans l’amour de Dieu et des autres. La vie chrétienne est bien un pèlerinage sur terre, et les pèlerins, que nous sommes, marchent comme les pèlerins d’Emmaüs, en nous laissant éclairer par le Christ ressuscité qui marche à nos côtés. Mais faut-il encore aller plus loin et nous rappeler que le Christ est le Chemin !

Demandons au Seigneur que cette Année Sainte de Saint Jacques de Compostelle permette aux pèlerins de l’année 2021, de se réjouir, comme les mages, de la grande joie de rencontrer le Christ Jésus au terme de leur marche ! Amen !