Bienvenue parmi nous, père Yves. Vous allez aujourd’hui être ordonné comme le pasteur que l’Église donne à notre diocèse. Nous nous en réjouissons profondément. Merci d’avoir dit « OUI ». Un vrai sentiment de reconnaissance s’ajoute à la joie de vous accueillir comme celui que le Seigneur envoie. Pour vous présenter le nouveau champ de votre apostolat, sachez donc que cette terre de moyenne montagne, de hauts-plateaux et de vallées encaissées est l’une des plus ensoleillées de France. Nous avons bien entendu, dans vos premières déclarations aux médias, que vous venez « avec le désir d’apprendre, de connaître, de rencontrer et d’être au service du Christ sur cette terre de Haute Loire ».

Ruralité et rudesse

La population de ce département essentiellement rural approche les 227 000 habitants. Elle connait une progression légère ces dernières années, malgré son vieillissement. Les agriculteurs, bien moins nombreux qu’autrefois, vivent prioritairement de l’élevage. Ils connaissent aujourd’hui des heures difficiles mais s’honorent de nourrir les hommes et d’entretenir un territoire superbe que leur travail a façonné. Les petites et moyennes entreprises n’échappent pas non plus à la rigueur des temps mais elles comptent dans leurs rangs quelques beaux fleurons de savoir-faire.

La rudesse de ce pays, séduisant pour l’hôte de passage, lui a certainement forgé une âme de persévérance et de solidarité. On est capable, ici, de se montrer ouvert et sensible aux appels venus d’ailleurs. Nul doute que le ferment de la foi n’y est pas étranger. Cette intelligence du cœur d’où procède l’engagement de beaucoup dans l’Église et la société, s’exprime souvent dans la discrétion. Nombre de fidèles du diocèse puisent dans la récente démarche synodale un élan nouveau pour s’entraider et renouveler le sens du service et de la fraternité.

Traces de l’Histoire

En cette terre, la semence de l’Évangile a été jetée dès le quatrième siècle, au temps des saints martyrs, comme Julien de Brioude ou le prêtre Marcel. Et vous voilà donc, selon la liste officielle, le 106° successeur de saint Vosy, l’évêque dont la présence est attestée au concile régional de Valence en 374. Vous ne tarderez certainement pas à découvrir monuments ou humbles vestiges qui, depuis bientôt dix-huit siècles, parsèment les paysages et les villages de chez nous. Ils sont, au fil des époques, les signes de la présence chrétienne, de ses élans de foi comme de ses épreuves. Vous ne tarderez pas à rencontrer les traces de ces aînés dans la foi qui ont transmis l’Évangile en héritage, ou l’ont porté jusqu’aux terres lointaines. La présence historique de frères et sœurs protestants dans l’est du diocèse nous rend sensibles aujourd’hui à la rencontre œcuménique.

Prêtres et diacres

À notre époque notre diocèse n’éprouve pas moins que les autres les contrecoups de la baisse des vocations. La crise sanitaire a sévi ici comme ailleurs avec, à l’automne 2020, un paroxysme qui a vu mourir sept prêtres en trois semaines. Le presbyterium est aujourd’hui composé d’une centaine de membres. Vous avez pu faire connaissance avec un tiers d’entre eux en participant  à une soirée d’échanges au cours de la retraite sacerdotale de février dernier à St Chamond. Les prêtres originaires d’ici sont épaulés par des confrères arrivés récemment du Cameroun, de Madagascar ou de République Centrafricaine. Ils sont renforcés dans leur ministère par 16 diacres permanents aux professions diverses.

Vie consacrée

La vie consacrée se renouvelle, mêlant anciennes et nouvelles congrégations, vocations apostoliques et contemplatives, engagements réguliers ou séculiers. On compte dans le diocèse une dizaine d’ermites ou de vierges consacrées.  Une jeune carmélite du Puy a été volontaire pour partir cet hiver renforcer les religieuses d’Alep, en Syrie. De petites communautés venues de Madagascar, d’Afrique continental ou du Vietnam ont rejoint récemment Blesle, Yssingeaux, Saint Paulien et le Puy. Les communautés religieuses locales, même réduites en nombre et affaiblies par l’âge, restent auprès de tous, signe de la fécondité de la vie spirituelle.

Laïcs, mouvements et enseignement catholique

De nombreux laïcs aspirent à une vie spirituelle profonde. Les confinements successifs ont suscité de nombreuses initiatives. Au cours de ce carême, le diocèse propose une « retraite dans la vie » qui mobilise une quarantaine de personnes.  En prenant leurs responsabilités  dans la Mission, les laïcs ouvrent un horizon d’espérance. Ils sont présence d’Église pour tous les hommes, qu’ils soient proches ou loin de la foi. Les communautés rurales sont entrées les premières dans la constitution d’ensembles paroissiaux ; ainsi se dessinent les contours de futures paroisses élargies. Pour soutenir les activités ecclésiales, une quarantaine de laïcs ont été formés et envoyés en animation pastorale.

La préparation et l’animation des liturgies dominicales, des baptêmes et des mariages mobilisent de multiples équipes, jusque dans les plus petits villages. L’accueil des familles en deuil a débouché sur la formation d’officiants de funérailles. Ils sont présents dans la plupart des communautés locales. Même si elle a été freinée par la crise sanitaire, la pastorale de la santé reprend ses activités comme service évangélique des malades. De leur côté, les établissements catholiques d’enseignement tiennent une place importante : 45 % des élèves du département y sont accueillis. La pastorale des jeunes reste pour notre diocèse une priorité. Une quarantaine de mouvements et d’associations de fidèles soutiennent les engagements des laïcs dans la société et l’Église, en relevant les défis d’aujourd’hui. Vous aurez l’occasion de découvrir l’ensemble de ces mouvements qui œuvrent au service de la pastorale du diocèse.

Une mission qui démarre au pied de la Vierge

Père, la liturgie de votre ordination va maintenant nous faire toucher par les yeux et par le cœur le sens de votre ministère parmi nous. Ce ministère, vous l’inaugurerez en prenant place sur le siège qui fait de toute cathédrale le foyer d’où rayonne la communion de l’Église. Mais cette cathédrale est aussi un sanctuaire d’antique réputation, attirant les foules à travers les siècles. On dit aujourd’hui que Notre-Dame du Puy est le point de départ du premier chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle. L’engouement pour cet itinéraire ne cesse de se renouveler, expression des quêtes les plus profondes du cœur humain. Cela ne doit pas cacher  le fait que le sanctuaire de Notre-Dame du Puy, dédié à la Mère de Dieu en son Annonciation, est d’abord un lieu de destination. C’est vrai pour vous aujourd’hui. C’est aussi vrai pour nous qui venons ici régulièrement en fidèles, désireux de s’abreuver à la source de la foi en ses commencements : l’incarnation du Fils de Dieu et son mystère pascal. Nul doute, Père, que, sous votre conduite, nous vivrons encore de la bonne nouvelle de l’Évangile, au cœur des défis de notre temps.

Père Samuel Grangeon