Né le 25 juillet 1933 à Pinols, il a été ordonné le 17 décembre 1960 par Mgr Dozolme.

D’abord professeur à la Manécanterie du Puy, il est ensuite nommé professeur à Brioude en septembre 1963. En juin 1978 il est envoyé en formation à Clermont et puis à l’ISPEC d’Angers.  Il revient à Brioude en 1983  comme Directeur de l’Institution Saint Julien. Mission qu’il quitte en 1990 tout en continuant à enseigner et prend alors en charge les paroisses de Paulhac et Beaumont auxquelles se rajoutent au fil des années les paroisses de Cohade, Espalem, Léotoing, Lorlanges, Lubilhac, Saint-Beauzire, Saint-Géron, Saint-Just-près-Brioude, Ally et Mercœur jusqu’en 2004. Retiré à Brioude il continue à rendre de nombreux et généreux services à la paroisse avant d’être admis en long séjour à l’hôpital de Brioude en décembre 2018.

Décédé le mardi de Pâques, 19 avril 2022 à l’hôpital de Brioude où il était en long séjour, ses obsèques ont été célébrées à la Basilique Saint Julien de Brioude le vendredi 22 avril, suivies de l’inhumation à Pinols.

Mot de présentation par P. Jean-Louis Page

André Vallès est né le 25 juillet 1933 à Pinols. Très tôt, il a appris ce que signifie gagner sa vie et la valeur du travail.

Son intelligence et son désir de découvrir ont fait de lui un élève studieux, à la Chartreuse puis ensuite au Grand séminaire du Puy.

Son enfance – à 11 ans –  a été marquée par la bataille du Mont Mouchet qui a beaucoup touché son village natal. Des années après, sur les lieux mêmes, il  relatait les faits avec émotion et précision. Sa jeunesse a été marquée ensuite par la guerre d’Algérie où il avait la responsabilité des hommes. Il n’en parlait que très rarement. De ce temps, il avait gardé la phobie des araignées et d’autres bestioles du même genre qui le faisaient courir à grandes enjambées.

Ordonné prêtre le 17 décembre 1960 par Mgr Dozolme, il est envoyé professeur à la Manécanterie où ses talents d’enseignant, de musicien, de maître de choeur commencent à se déployer. La paroisse de Brioude profitera des années – surtout aux grandes fêtes – des compétences du maître de choeur et du travail de la chorale.

En septembre 1963, il est nommé professeur à l’institution St Joseph devenue  peu à près le  collège et lycée St Julien où il passera la plus grande partie de son existence, où il donnera – pour être plus juste – le meilleur de lui-même. En 1978, à 45 ans, le voilà reparti comme étudiant sur les bancs de l’université à Clermont puis à l’institution de formation de l’enseignement catholique d’Angers où l’on voulait le garder comme professeur.Mais il est revenu, fidèle à son diocèse, pour mieux servir les auvergnats et être proche de sa maman qui prenait de l’âge… En 1983, il devient directeur du collège et lycée St Julien jusqu’en 1990, fonction qu’il remplit pendant 7 ans avec courage et compétence, à l’écoute des jeunes, des professeurs et du personnel…. En lui étaient réunis avec harmonie l’intellectuel et l’ homme de terrain, proche des souffrances et des soucis de chacun. Ensuite, il est resté enseignant à St Julien, se faisant petit, pour ne pas gêner ses successeurs.

A 57 ans, il découvre, avec son ami Pierre Favier le ministère de curé de paroisses. Ministère totalement nouveau pour eux qu’ils accueillent avec générosité et humilité.

Comment ne pas parler de ses compétences de menuisier et du travail du bois qu’il avait reçues de son papa.  Son atelier, au fond de la cour, qu’on n’avait surnommé ‘l’estanco’ était son lieu de détente et de repos : « Quand je suis là, disait-il, je ne pense à rien. » Sa production devenait service pour le collège, pour faire plaisir, sans oublier les grands chantiers d’été pour les casiers des élèves à Villeneuve ou avec son ami Géo à Présailles.

Plusieurs fois, André, je t’ ai entendu dire : « Heureusement que dans l’évangile, il y a la parabole du Semeur… » Etre le bon pasteur à la suite de Jésus et le Semeur ont donné l’ orientation principale à  ton ministère. Cette Parole, tu l’as semée en catéchèse dans le coeur des jeunes et jusque dans les cours de grec où tu n’hésitais pas à mettre sur la liste académique des textes de l’évangile ! Cette Parole, tu l’as vraiment scrutée : tes grandes compétences te permettaient de retrouver le texte original et les différentes nuances de la traduction. Cette Parole, tu savais la mettre en français courant pour la rendre accessible au plus grand nombre. Par contre, comme tout bon montagnard, tu parlais très peu de toi…

Mais le montagnard avait acquis un tempérament de combattant :

  • Combattant pour l’enseignement catholique, vraiment catholique, tu y tenais ; beaucoup parmi nous en sont témoins
  • Combattant pour que chaque personne soit respectée, aimée.
  • Combattant pour encourager et pour aider chaque jeune à réussir. « Réussir dans la vie ou réussir sa vie… » C’est le sujet de la composition religieuse que tu as donnée en 1966 – il y a donc 56 ans- à des élèves de troisièmes, la note faisant partie à l’époque du bulletin scolaire ! En relatant ce fait, je comprends bien tard que tu nous disais là aussi le combat que tu menais pour tes élèves.
  • Combattant tu l’as été ces dernières années dans la vieillesse et contre la maladie qui ne t’a pas épargné.
  • Combattant aussi lorsque les cordes vocales du professeur, du prédicateur, du maître de chœur ne donnaient qu’un son difficilement audible : si les bois de la Margeride pouvaient parler, ils nous diraient les heures que tu as passées  à lutter pour retrouver ta voix et reprendre ainsi tes activités.
  • Combattant encore lorsque tes poumons gravement atteints ont obligé, de nuit, l’intervention rapide et vitale du spécialiste… Mais comme l’on dit en Auvergne : « ce n’était pas ton heure ! »

Le mardi matin de cette semaine pascale que nous célébrons  comme un unique jour de Pâques, c’était ton Heure, l’ Heure de ton passage, l’Heure de ta Pâque.  Lorsque Jésus parle de son Heure, il désigne sa mort sur la croix et sa résurrection… Ton Heure, tu t’y étais préparé puisque tu as choisi toi-même, avec le père David, les textes de la Parole de Dieu que nous allons proclamer et qui  traduisent le cœur de ta foi.

André, Dédé, Père Vallès, Monsieur le directeur, Monsieur le curé, nous te disons merci pour ta vie donnée, pour tout ce que les uns et les autres ont reçu de toi. Tu es maintenant délivré de tout ce qui t’a fait souffrir.

Nous allons prier pour toi, demander au Seigneur qu’il t’accueille près de Lui… Tu es entré, d’une autre manière,  dans la communion des saints, cette solidarité universelle qui dépasse le temps et l’espace. Tu vas continuer à servir l’Eglise et le monde . Prie pour nous. Que  la parabole du Semeur demeure toujours notre préoccupation première, dans tous les moments et les lieux de notre existence, comme elle a été la tienne au cours de ta vie donnée, à la suite de Jésus, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

Mot de présentation par Georges Rouzaire

Le souvenir le plus ancien que j’ai d’André Vallès remonte à l’époque où il était séminariste : Lorsqu’il était à Pinols il chantait à la messe; habillé d’une soutane il se plaçait à côté de son père qui jouait de l’harmonium.

Quand il est arrivé à Saint-Joseph, j’étais en classe de cinquième. Je me souviens d’un professeur précis, clair, exigeant… Il y avait une dizaine de prêtres dans l’institution : chacun disait sa messe basse devant un des autels de la chapelle et les pensionnaires servaient à tour de rôle ces messes…

En quelques années, tout a été bouleversé : fusion avec l’école des frères, puis arrivée de la mixité dans les classes, augmentation des effectifs, venue en nombre des professeurs laïcs… Et au niveau de la religion le concile Vatican II… et le renouveau qu’il a entrainé…

Avec Paul Rouchon, Antoine Galland, André Kittel, Daniel Roche, Pierre Favier, François Barbe et bien d’autres, sous la direction de René Escorbiac, André Vallès a vécu cette période… Nous avons eu la chance de connaître tous ces prêtres. Tous sont partis maintenant ; André Vallès était le dernier !

Lors de ces années nous avons pu bénéficier de ces éducateurs sérieux, réfléchis, exigeants : de ces professeurs attentifs aux élèves. Nous avons aussi abordé la foi chrétienne avec confiance, guidés par des hommes solides, respectueux des traditions mais attentifs aux évolutions. Ils ont su passer aisément du latin au français et du grégorien au chants de John Littleton qu’André Vallès aimait tant…

Juste un mot sur les camps de vacances avec les jeunes. André Vallès aimait l’ambiance des camps, surtout les camps de montagne où il fallait marcher, faire des efforts pour arriver au sommet ; je me souviens d’un camp près de Saint-Gervais, d’une montée au sommet du mont Joly après une nuit à plus de 2000 mètres : le but était d’arriver au sommet pour le lever du soleil ; but atteint juste à temps pour admirer le spectacle grandiose du lever du soleil sur le massif du mont Blanc : André Vallès avait répété plusieurs fois « c’est féérique »… Il me plait de l’imaginer aujourd’hui redire ces mots, tels les apôtres Pierre, Jacques et Jean à l’écart sur une haute montagne devant le Christ transfiguré…

Homélie de Père Emmanuel Chazot

Εγώ έιμι η οδός και η αλήθεια και η ζωή

« Moi, je suis le chemin, et la vérité et la vie… » Vous ne m’en voudrez pas, frères et sœurs, de commencer cette homélie en reprenant le grec de l’évangile selon St Jean et de rendre hommage ainsi au professeur de lettres classiques qu’était André Vallès. Il est vrai que, pour ma part, je l’ai connu sur sa fin ; j’ai approché davantage « le pasteur » du plateau que « l’enseignant » de la Manécanterie et de St Julien de Brioude. Mais cet homme simple et manuel était cultivé. Cela l’avait profondément unifié. Son chemin et sa vie valent ainsi message de vérité.

Εγω ειμι : dans ces deux mots grecs, le croyant juif entend un écho du livre de l’Exode et retrouve dans sa mémoire le  nom que Dieu avait révélé à Moïse sur la montagne du Sinaïe : « Je suis ».  Ce nom, le croyant, par respect, ne le prononce pas en hébreu ; à peine ose t il en tracer les lettres par écrit. Est-ce « la montagne » qui inspire cette économie de paroles ? La montagne  de Pinols comme celle du Sinaïe… En tout cas, notre « André » n’était pas un bavard. Il se tenait là, massif, comme un bloc ; il n’avait pas besoin de mots pour exister et signifier « Je suis ».

Εγω ειμι η οδος : tout à l’heure, Jean Louis Page et d’autres ont retracé « la route », « le chemin » d’André.  Sa connaissance approfondie du latin et du grec, son amour du grégorien ne l’ont pas empêché d’adhérer du fond du cœur à la Réforme liturgique et pastorale de Vatican II. Il animait avec bonheur les chorales paroissiales du plateau ; il soignait la liturgie du dimanche, des baptêmes, des mariages et des funérailles. A la manière du pape François, « il marchait avec les gens ». « Faire chemin ensemble… » « Faire route ensemble… » συν οδος

Εγω ειμι η αληθεια : Le nom de Dieu est « la vérité ».  On ne le prononce  qu’avec « crainte », avec respect.  La réserve que montrait André en toutes circonstances n’était pas seulement un trait de caractère hérité de sa montagne ou de son milieu d’origine. C’était une conscience de « la vérité » de l’Autre, de sa dignité, de son altérité. L’autre existe. Il est lui-même.  Quelque soit l’interlocuteur, la relation doit s’établir avec lui dans « la juste distance ». Pour construire les personnes, la relation exige de chacun la vérité, la vérité des êtres, la vérité de l’Etre unifiant.   

Εγω ειμι η ζωη : Dans la langue grecque, « la vie » se prononce comme un beau prénom. Des marques l’utilisent pour mieux vendre : Zoë peut même être une voiture… Le Sage, lui, fait de sa vie une offrande que Dieu accueille et peut perfectionner. « La vie » d’André a été simple et longue. Il a connu de près l’herbe qui fleurit le matin et meurt le soir sous le vent trop fort. Il a connu les joies  et les peines, le creuset de l’épreuve comme la paix et les bienfaits promis aux justes. Il a expérimenté la tendresse et la pitié du Seigneur de la vie.     

Εγω ειμι η οδος και η αληθεια και η ζωη

« Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie… » « Moi, je suis… » tel est le nom de Dieu révélé à Moïse, dans le livre de l’Exode. Ce nom suffit à Dieu. Mais, dans l’évangile selon Saint Jean, Jésus le reprend à son compte, et se propose à ses disciples comme le chemin pour rejoindre le Père. Il faut conjuguer ce « chemin » avec « la vérité » ; il faut le coordonner avec « la vie ». Tout au long des années qui lui ont été données, André Vallès a suivi le Christ qui lui a montré comment équilibrer en lui l’action et la contemplation. « Personne ne va vers le Père sans passer par moi… » 

Hommage des paroissiens du « Plateau »

En succédant au Père Jean-Pierre Abrial, le Père André Vallès s’était vu confier, à l’automne 2004, en tant que prêtre desservant, la charge pastorale des paroisses dites du « Plateau » : Ally, Mercoeur pour le « haut-plateau » d’une part, ainsi que Saint-Just, Lubilhac, Saint-Beauzire, Espalem, Lorlanges, Léotoing et Saint-Géron pour le « bas-plateau » d’autre part. Charge pastorale qu’il a assurée une dizaine d’années environ, jusqu’au début de l’année 2016.

Il connaissait bon nombre des familles de ses paroissiens pour avoir eu la plupart d’entre eux comme élèves à l’Institution Saint Julien, où il avait exercé en qualité de professeur de lettres classiques, puis de directeur. Il aimait particulièrement ce monde rural dont il était lui-même issu.

Ses paroissiens gardaient de lui le souvenir d’un pasteur se voulant toujours proche d’eux, dans les joies comme dans les peines. Beaucoup retrouvaient, dans sa façon de prononcer ses homélies, les traits de caractère de l’enseignant qu’ils avaient connu à Saint Julien… Nombreux aussi sont ceux qui, parmi nous, se souviennent des réunions qu’il organisait pour l’élaboration du « calendrier » des messes et la préparation de la liturgie. Ses compétences en chant et en musique étaient appréciées de tous. Dans de nombreux clochers dont il avait la charge, il avait suivi avec intérêt les travaux de restauration des églises. Que de belles cérémonies d’inauguration, présidées par Mgr BRINCARD, au terme des travaux, restent dans les mémoires des fidèles !

Retiré à Brioude et contraint par le poids des ans et les affres de la maladie à quitter sa charge pastorale, il ne manquait pas l’occasion de se tenir informé au sujet de ses anciennes paroisses et de prendre des nouvelles des uns et des autres lorsqu’on lui rendait visite ou lui téléphonait !

Maintenant que le Père Vallès a rejoint Celui qu’il a servi avec fidélité durant son ministère de prêtre, nous lui demandons de continuer à veiller sur nous et d’intercéder pour nous auprès de Dieu, afin que nous poursuivions la route qui conduit à Lui et sur laquelle notre pasteur avait su nous guider !

En ce jour, c’est avec émotion que les paroissiens du « Plateau » disent un dernier « À Dieu » à leur pasteur regretté.

Au revoir Père Vallès.