1918-2018

Père Félix Poulenard est décédé le mardi 10 avril 2018.

Né à Saint Julien Molhesabate, le 16 mars 1925, il fut ordonné le 1er juillet 1951.

D’abord, vicaire au Monastier le 21 septembre 1951, il fut ensuite économe au Grand Séminaire le 3 octobre 1952 avant de devenir vicaire à Saint-Didier-en-Velay le 8 juillet 1955.

Nommé missionnaire diocésain le 24 mai 1963 puis supérieur des missionnaires diocésains le 19 février 1965. Il devint chanoine honoraire le 15 août 1966.

Il fut ensuite successivement Curé de Tence le 7 août 1970, de Saint Bonnet-le-Froid le 25 mai 1973, de St Pal-de-Mons le 24 octobre 1980 et enfin de Grazac le 20 novembre 1981.

Nommé prêtre auxiliaire à Sainte Sigolène le 31 juillet 1992. Il y était retiré depuis 2010.

Ses obsèques seront célébrées en l’église de Sainte-Sigolène le samedi 14 avril 2018 à 14h30 suivies de l’inhumation au cimetière de Raucoules.

Introduction de père Joseph Pichon

Quand je suis arrivé à Sainte-Sigolène il y aura 10 ans cette année il y avait 6 prêtres en résidence sur la paroisse, en activité, auxiliaires ou autres. Le père Gérard Cuero dans sa maison de Pebreau, le père Jean Colombet, chez lui rue lieutenant Januel, le Père Jean Celleà la Maison de Retraite, et avec moi à la paroisse les pères Henri Guillaumaud et Félix Poulenard. Cinq ont rejoint la maison du Père au fil des années.

Commencer ainsi la célébration des funérailles de père Félix, ce n’est pas par nostalgie en rappelant que les prêtres s’en vont les uns après les autres et ne sont pas remplacés, parce que les vocations se font rares ; C’est pour dire que ce qu’ils sont semé dans leurs divers ministères ici et ailleurs produit et continuera de produire encore des fruits abondants, même s’ils ne sont pas encore tous bien visibles ; Pour ne citer qu’un exemple, dans l’ensemble paroissial de Sainte-Sigolène, Saint-Pal de Mons et les Villettes, les laïcs sont de plus à l’oeuvre pour l’animation paroissiale et pour continuer la mission qui était assurée essentiellement par les prêtres.

Voici ce que disait le père Félix à l’occasion de la célébration de ses 60 ans de sacerdoce en 2011 : « Je l”ai appris d’une manière très concrète dans la vie de tous ceux qui ont participé à faire grandir l’Eglise. Ensemble nous avons voulu bâtir une Eglise, peuple de Dieu, engagée dans la construction d’un monde plus ouvert à l’Evangile, plus humain, plus fraternel, plus chrétien. »

Plus concrètement la vie du père Félix, dans sa jeunesse et dans sa vie sacerdotale a été très variée, mais aussi très riche. Il rappelait en 2011 pour ses 60 ans de sacerdoce qu’il devait son appel à devenir prêtre en particulier au père Marius Paulet, missionnaire diocésain, alors qu’il avait 14 ans à Raucoules.

Né à Saint-Julien-Molhesabate en 1925, il a été orphelin de son père à l’âge de 6 ans. Puis un parcours classique à cette époque : le Petit Séminaire du Sacré Coeur à Yssingeaux, puis le Grand Séminaire du Puy avec son ordination sacerdotale le 1er Juillet 1951 . Son respect de l’obéissance à son évêque l’a conduit à être vicaire au Monastier pendant un an. Puis pendant 3 ans il a assuré l’économat du Grand Séminaire, avant de devenir vicaire à Saint-Didier jusqu’en 1963. C’est à ce moment que ses talents de prédicateur ont été reconnus et qu’il lui a été demandé d’intégrer le groupe des missionnaires diocésains. Ce qui lui a valu d’être nommé chanoine honoraire (ça existait encore à cette époque).

La dernière partie de sa vie sacerdotale l’a conduit dans plusieurs ministères paroissiaux : à Tence, Saint-Bonnet-le-Froid, Saint-Pal-de-Mons et enfin Grazac. C’est en 1992 qu’il est nommé auxiliaire à Sainte-Sigolène où il a exercé jusqu’en 2010, soit 18 ans, son plus long séjour.

C’est à ce moment-là que sa santé commence à se dégrader et que plusieurs incidents l’obligent à rejoindre la Maison de Retraite. Tous ceux qui l’ont fréquenté pendant ces 8 années pouvaient constater que Félix devenait de plus en plus dépendant et qu’il n’était plus possible d’entretenir une relation suivie avec lui. Et c’est à l’âge de 93 ans qu’il s’en est allé rejoindre la maison du Père, en même temps, à deux jours près, que son compatriote Marcel Samuel, dont les funérailles ont eu lieu mercredi dernier à Raucoules.

Homélie de père Jean Salichon

« Simon, m’aimes-tu ? ». Tout prêtre, tout religieux, toute religieuse et tout baptisé qui prend au sérieux son baptême a entendu un jour ou l’autre cette question résonner au plus profond de sa conscience : « M’aimes-tu ? ». L’apôtre Pierre est un homme spontané, qui réagit très vite, à la limite sans prendre le temps de réfléchir : plusieurs passages de l’Evangile le montrent.

Aussi, il n’est pas étonnant qu’il réponde : « Mais bien sûr que je t’aime ! » Pas étonnant ? un peu quand même, puisque quelques jours auparavant, Pierre avait renié son Maître, ce qui n’était pas précisément le signe d’une affection à toute épreuve.

Jésus ne se satisfait pas d’une réponse irréfléchie. Par deux fois, il réitère la question. La 3ème fois, enfin, Pierre marque une petite hésitation ? L’Evangéliste précise même : « Pierre fut peiné de ce que, par trois fois, Jésus lui demande : M’aimes-tu ? ».

Il est probable que le Père Poulenard n’aurait pas attendu la 3ème fois pour hésiter avant de répondre. D’abord, peut-être, parce qu’il n’avait pas l’habitude de parler à la légère, et plus profondément, il était certainement trop modeste et trop conscient de son indignité personnelle.

Malgré ses faiblesses, malgré son reniement, par trois fois, Pierre est confirmé dans la responsabilité qui lui avait déjà été annoncée : « Sois le Pasteur de mes brebis ». Rien n’est modifié au programme initial : Simon, surnommé Pierre, reste bien la pierre sur laquelle Jésus entend sortir son Eglise. Ainsi, Jésus ne choisit pas un homme parfait pour diriger son Eglise : d’ailleurs, où l’aurait-il trouvé ? Et Pierre n’était peut-être pas le meilleur du groupe : mais ce n’est pas nous qui pouvons en juger.

Tout prêtre s’est, un jour ou l’autre, posé la question : « Pourquoi m’avoir choisi, moi ? D’autres auraient certainement fait mieux que moi ! ». Mystère de la liberté souveraine du Christ, qui choisit qui il veut. Ceux qui ont bien connu le Père Poulenard, qui ont bénéficié de son ministère, ne pensent certainement pas que le Christ a fait un mauvais choix en l’appelant comme prêtre ; ce serait d’ailleurs bien outrecuidant de faire la leçon au Christ. Mais lui, le Père Poulenard, s’est forcément posé la question : « Pourquoi moi ? ». Il a répondu à l’appel, dans un esprit de Foi, en faisant confiance au Christ. Et la réponse n’est jamais donnée une fois pour toutes. Elle est toujours à renouveler dans le quotidien de l’existence, dans telle situation précise.

Qu’on soit prêtre, religieux ou laïc, on n’a jamais fait tout ce qu’on pourrait pour servir le Christ et l’Eglise : on loupe des occasions, on cherche facilement des prétextes pour se dérober : « Je ne saurai pas faire ! C’est trop difficile ! » et ainsi de suite. Ceci dit, il reste entendu que chacun a ses talents, ses charismes, différents de ceux du voisin : n’importe qui ne peut pas faire n’importe quoi.

Il faut que chacun trouve dans l’Eglise la place qui convient, compte tenu de sa personnalité, de son tempérament, de ses possibilités.

Prenons au sérieux les appels du Christ. La seule réponse qui vaille, c’est finalement la réponse à la question : « M’aimes-tu ? » – « Si oui, si tu m’aimes, nous dit en quelque sorte Jésus, ne serait-ce que de manière très imparfaite, mais avec le désir de progresser sans cesse dans cette voie, alors, suis-moi ».

Rendons grâce au Seigneur pour le ministère du Père Poulenard. Il a terminé sa mission, avec les handicaps liés à son age : 93 ans. « Quand tu seras vieux, dit Jésus à Pierre, tu étendras les bras, et un autre t’emmènera là où tu ne voudrais pas aller ». Que le Père Poulenard rencontre maintenant dans la Paix et la pleine lumière, Celui qu’il a cherché ici-bas et qu’il a annoncé à ses frères, Jésus Christ Notre Seigneur.

Amen