Né le 22 mars 1947 aux Vastres, le père Paul Loubet a été ordonné le 22 juin 1972. Il a ensuite étudié à l’Institut Biblique de Rome, puis à l’Ecole biblique de Jérusalem.

Le père Paul Loubet a exercé son ministère en Haute-Loire, notamment aux Carmes, au Puy et à Saint-Julien Chapteuil. Il a également enseigné à la Formation permanente, auprès de séminaristes, a été aumônier du service diocésain des Pèlerinages et directeur de la revue diocésaine “Eglise du Puy” (qui précédait Eglise en Haute-Loire).

Le père Paul Loubet vivait retiré depuis 2011 à la maison de retraite de Nazareth, où il est décédé le 9 octobre 2020.

Ses obsèques seront célébrées le 13 octobre à 14h30 en l’église Saint-Pierre des Carmes suivies de l’inhumation au cimetière des Vastres.

Mot de présentation par P. Paul Chamaly

Rassemblés autour de notre Évêque, prêtres, diacres et paroissiens, nous sommes venus accompagner notre frère Paul, et nos associer à la peine de sa famille dans l’Espérance, que nous allons célébrer ensemble.

Paul et né aux Vastres en 1947, il était l’aîné de 3 garçons, dont André et Michel, sur ce haut-plateau du Mézenc, auquel il était très attaché, sous l’appellation “l’Homo Vastrus” dont il était fier !

C’est en 6ème qu’il a été scolarisé au Sacré-Cœur à Yssingeaux, où ses capacités intellectuelles ont été très vite reconnues par les enseignants qui le considéraient à un niveau, bien au-dessus, de la moyenne, ce qui lui a valu d’obtenir, régulièrement, le prix d’excellence, et cela, dans toutes les matières, sauf peut-être le chant où il était moins à l’aise ! mais il était sensible à la musique classique et au sport.

Il est vrai qu’il était particulièrement doué, sérieux, exigeant pour lui-même autant qu’il l’était pour les autres… Après ses études théologiques au Grand Séminaire, il a été ordonné prêtre en 1972. Il n’est pas étonnant qu’il ait été appelé à suivre de hautes-études bibliques, d’abord à Rome, et plus tard à l’Ecole Biblique de Jérusalem. Jérusalem…comme sa nouvelle patrie, qu’il connaissait par cœur ! Cette expérience lui a permis de pouvoir transmettre ses connaissances en exégèse, à travers ses cours au Puy, au Séminaire Saint-Irénée, à Lyon, et au sein de la formation permanente du Diocèse du Puy. Ses conférences étaient très appréciées, avec des images et des références que personne n’osait remettre en doute. Il avait le profil de l’enseignant passionné par l’Écriture Sainte !

Je ne peux manquer de souligner aussi son engagement pastoral à la Paroisse des Carmes qui était devenue une seconde famille, autour de ses confrères et d’Angèle… avec son implication aux groupes de caté et du CPM (Centre de Préparation au Mariage).

Grâce à son parcours universel et spirituel, il a su encore pleinement assurer la direction et l’animation du service diocésain des Pèlerinages, en particulier l’accompagnement des pèlerins en Terre Sainte.

C’est en 2003 que, déjà, des problèmes de santé l’ont contraint à se rapprocher de la Fondation Paradis, pour ensuite entrer en 2012, à la maison de Nazareth. Mais, on ne reconnaissait plus Paul dans ce qu’il avait été, avec les difficultés qu’il a éprouvées à communiquer au point de se replier sur lui-même, tout en gardant une profonde sensibilité, bien accompagné par ses frères et leurs conjoints, neveux et nièces.

Son esprit était déjà ailleurs…vers la Paix dans laquelle nous souhaitons qu’il demeure.

Il nous a tracé le chemin pour nous encourager à mieux connaître la Bible et à nous rapprocher des pas de Celui, le Christ, dont Paul avait suivi les traces en Palestine.

Paul… puisses-tu rester toujours aussi proche de tous ceux que tu as connus, enseignés, accompagnés et aimés !

Homélie par P. Jean-Claude Petiot

(1 Cor. 1, 5-11 ; Luc 24, 13-35)

Sa formation de bibliste avait naturellement destiné Paul à être dans le diocèse, pendant tout le temps de son ministère, le spécialiste de l’étude  de la Parole de Dieu. Nous aurions bien aimé qu’il le reste davantage ; ses longues  épreuves de santé l’ont trop tôt écarté de ce service où pour beaucoup il excellait. En bon disciple qu’il était  du P. Augustin Georges, son premier maitre en exégèse à la faculté de théologie de Lyon, puis de ceux de l’Institut biblique de Rome et de l’Ecole biblique de Jérusalem, il a souvent  aimé présenter les récits de la Résurrection du Seigneur, et parmi ceux-ci celui que nous venons d’entendre.

Au soir du troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples, deux disciples anonymes s’en allaient sur la route d’Emmaüs, un lieu que la recherche biblique n’identifie pas avec certitude. Le pape Benoit XVI soulignait que cette double imprécision nous suggère que cette aventure peut être celle de tout un chacun dans la rencontre du Ressuscité. Ce récit majeur du dernier chapitre de l’Evangile de saint Luc éclaire en effet magistralement le parcours de notre existence dans la foi et l’espérance chrétiennes. Et dans ce parcours, la place centrale de l’Eucharistie qui nous rassemble aujourd’hui autour de Paul.

Deux disciples donc parlaient de ce qui venait de se passer à Jérusalem ; et, nous dit saint Luc avec une extrême sobriété, ils s’interrogeaient. Il nous faut les suivre pas à pas.
« De quoi discutez-vous en marchant ? » leur demande l’inconnu qui s’est approché d’eux pour marcher à leurs côtés. Sa question, semble-t-il,  les surprend plus encore que sa présence. Tant de pensées leur agitent le cœur et l’esprit après les événements terriblement déconcertants qu’ils viennent de vivre. « Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple,  les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié ». Devant tout ce qu’il avait donné à rechercher et à vivre, les voilà passés de la vénération à un extrême désarroi.

Leurs plus profonds désirs humains avaient trouvé dans ses paroles, comme dans ses faits et gestes, une lumière et une force divines qui les rassuraient face à tout ce qui attriste, afflige ou blesse nos existences humaines. Mais la mort de leur Maitre et Seigneur venait d’anéantir leur espérance. Sa mort était placée sous le sceau d’une condamnation portée pour une offense au Dieu Vivant, au Dieu de l’Alliance. Un scandale absolu : comment Dieu peut-il permettre la mort ignominieuse d’un tel serviteur ?

Et nous, de quoi parlons-nous, quand nous évoquons ce que nous avons vécu avec un frère, un ami, un compagnon – et l’on peut mettre bien sûr tous ces mots au féminin. Qu’est ce qui occupe nos esprits quand leur mort vient les ravir à notre compagnie ? Certainement les mêmes choses que nous échangions à leur côté ou à leur propos. Ces souvenirs qui peuplent la mémoire de chacun d’entre nous : des joies et des admirations, mais aussi des peines, des souffrances, des épreuves, et toutes ces inquiétudes et préoccupations qui tissent le quotidien de nos relations fraternelles. Et ces déceptions qui ne cessent  de nous faire vaciller dans la quête du bonheur, de la paix et de la communion sur  laquelle nous engagent les promesses de l’Evangile. Sans compter qu’il y a aussi, et peut-être plus encore, aux dimensions de l’Eglise et du monde, ces égarements de toutes sortes, et ces drames personnels et collectifs, qui nous apparaissent comme autant d’échecs du projet de Dieu auquel nous croyons pour notre humanité.

« Cet Evangile, nous dit pourtant saint Paul, vous l’avez reçu et vous y restez attachés ; vous serez sauvés par lui ». Aux Corinthiens, il précisait : « C’est dans la mort du Christ que nous avons été baptisés, pour être unis à Lui par une résurrection qui ressemblera à la sienne ». Et encore aux Romains : « Dans notre vie comme dans notre mort  nous appartenons au Seigneur. » Tel est bien l’horizon que leur mystérieux compagnon dévoile aux pèlerins d’Emmaüs. « Partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? ».

Scruter les Ecritures : avec ses dons personnels, Paul s’y est appliqué assidûment. Au point que lorsqu’il a commencé à éprouver douloureusement les limites de ses capacités, et à ne plus pouvoir poursuivre les cours, les conférences et les accompagnements en Terre  Sainte qu’il affectionnait, il s’est attaché, tant qu’il a pu, à puiser avec constance dans les notes et les homélies qu’il avait soigneusement dactylographiées et classées depuis le temps de son ministère aux Carmes.

A nous qui sommes réunis dans cette Eucharistie pour accompagner Paul jusqu’au bout de son parcours de vie, le chemin d’Emmaüs propose toujours quelques pas à faire pour que notre espérance soit renouvelée.

Le témoignage des femmes et de leurs compagnons qui avaient vu le tombeau vide n’avait d’abord présenté aux deux pèlerins  qu’une énigme qui les avait remplis de stupeur. « Reste avec nous », disent-ils maintenant à Celui dont la Parole commence à les sortir de leur désolation et leur fait entrevoir le mystère. A nous, comme à eux, le témoignage de compagnons de vie est nécessaire. Le ministère – le service de la Parole y a sa part. Rendons grâce pour tout ce que le ministère de Paul a pu nous apporter.

Mais encore faut-il que la Présence du Christ lève le voile qui obscurcit l’existence qui nous est donnée. Qu’elle nous libère des limites du passé et des impasses du présent. Qu’elle rende nos cœurs ardents à avancer vers la Vie qui nous est promise. Tandis que nous implorons pour Paul  la plénitude de la lumière éternelle,  demandons les uns pour les autres la grâce de l’Esprit consolateur qui nous ouvre à la rencontre du Ressuscité.

Les disciples d’Emmaüs ont reconnu le Seigneur au partage du pain. Le même signe nous est offert, constamment renouvelé, pour nous faire renaitre à une espérance active : « C’est vrai, le Seigneur est ressuscité ». Les apôtres le confirment aux pèlerins d’Emmaüs. En ce temps d’inquiétude et d’incertitude que connait notre monde, que le repas où il convie son Eglise nous tienne, à la suite du Seigneur, dans l’assurance partagée de pouvoir marcher en sa Présence plus loin que nos doutes et nos peurs, dans la communion fraternelle.