Né à Yssingeaux le 21 décembre 1949, il fait le choix de la vie monastique à l’âge de 20 ans.

Après deux années au Grand Séminaire du Puy suivies de son service national à Lyon, il entre au Monastère de Notre-Dame des Neiges où il est ordonné prêtre en 1977. Il y restera 30 ans dont 20 comme abbé.

En 1999, il se met au service de l’Archevêché de Bordeaux où il passe deux décennies en tant que secrétaire personnel de l’Archevêque et chancelier du diocèse. Il qualifiait cette expérience de « fort intéressante et très riche ».

En 2021, il fait le choix de revenir près de sa famille à Yssingeaux et de s’installer dans la résidence intergénérationnelle, créée dans son ancien lycée, à quelques mètres de son lieu de naissance.

Hospitalisé au Centre Hospitalier Emile Roux, Pierre-Marie s’y est éteint le 11 juillet en début d’après-midi.

Ses obsèques ont été célébrées le samedi 15 juillet 2023 à 14h30 en l’église Saint-Pierre d’Yssingeaux.

Dans l’Espérance de la Résurrection nous prions pour le repos de son âme.

Homélie par le père Antoine Ferreol

Jean 14, 1-12

Chers Frères et Sœurs,
Cher Pierre-Marie,

Quand je dis ton nom, ma mémoire rouillée de vieux prêtre est comme éclairée comme par deux flashs :

Premier flash : c’est la photo que dans les années 60 j’avais faite d’une équipe de jeunes collégiens du Sacré-Cœur. Nous étions en camp-vacances aux portes de la Lozère : je te revois debout, cheveux au vent et sourire aux lèvres, devant ta tente-patrouille. L’une de nos premières ballades nous avait emmenés à l’Abbaye de Notre-Dame des Neiges. Le Père Abbé d’alors, Dom Claudius Valour du Suc Rousset, s’évertuait à vous faire découvrir ce qu’était la vie d’un moine… tandis que vous trouviez plaisir à faire claquer les sièges à miséricorde des stalles du Chapitre… Tu étais sans doute bien loin de te douter, Pierre-Marie, que quelques 20 ans plus tard, c’est toi qui serais le père Abbé de ces chercheurs de Dieu… Et moi, je vois dans cette anecdote comme un clin d’œil, un “Clin-Dieu”. Dieu était là et je ne le savais pas !

Deuxième flash, quelques 60 ans plus tard ! Je t’ai retrouvé à Notre-Dame de Pradelles pour la Journée des prêtres âgées et une deuxième fois, ici à Yssingeaux, résident dans le bâtiment d’en face, devenu une Résidence-Seniors. Avec ta simplicité souriante, tu m’as fait alors cette confidence : “Je n’ai jamais été autant moine.” J’ai compris que ton apparente solitude était habitée. Tu n’étais pas seul, Dieu était là ! Quand tu célébrais la messe ou le sacrement de la Miséricorde, dans la prière et l’offrande à Dieu de ce que tu avais à vivre, tu restais moine, à l’écoute de Jésus et de son Esprit, à l’écoute de son Eglise, solidaire de notre vaste monde.

Et je me suis pris à penser : “Mon Dieu ! Que de chemin parcouru dans la vie de ce petit collégien ! Mon Dieu ! Qu’une vie peut être belle quant à longueur de chemin nous nous laissons aimer par le Dieu de notre baptême !

Pierre-Marie, j’ai envie de dire : toute ta vie a été “chemin” :

  • Long chemin de silence et de prière pour chercher Dieu…
  • Long chemin de patience, d’attention et d’écoute fraternelle au service de chacun de tes frères trappistes…
  • Épuisants chemins (au pluriel) et plus souvent d’ailleurs, autoroutes et lignes aériennes, pour aller aux quatre coins du monde assurer entraide et communion à d’autres monastères cisterciens… ou mettre en place pour eux la chaîne des artisanats monastiques.
  • Douloureux chemin de la maladie, gravi dans l’abandon à la Providence en t’ajustant au mieux à la situation, même dans les moments les plus difficiles.

Notre monde croit volontiers qu’une vie réussie, c’est une vie libérée de tout chemin à suivre, une vie installée dans une immobilité tranquille et confortable. Pierre-Marie, tu avais compris qu’un chrétien ne reste pas immobile au milieu du chemin. Le chemin n’est pas fait pour ça ; c’est le lieu du passage, du mouvement.  Pour avancer sur ton chemin, tu avais choisi Jésus pour GPS, tu es resté à l’écoute de sa parole : “Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, personne ne va vers le Père sans passer par moi.

Le témoignage en actes de ta vie d’homme, de prêtre, de moine nous aide à comprendre que notre vie de baptisés n’est pas d’abord de connaître et observer règles et interdits en piétiant entre permis et défendu. Être chrétien, c’est prendre un chemin, une voie qui nous conduit à entrer humblement mais joyeusement, dans une vie de relation fidèle avec Dieu, (trouver Dieu en toutes choses) en communion avec nos frères et sœurs, une vie toujours plus riche d’amour vrai. Dans la première lecture, saint Jean nous a dit :

Parce que nous aimons nos frères, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie… Celui qui n’aime pas reste dans la mort.

Dans l’Eglise des débuts, pour parler des premiers chrétiens qui suivaient Jésus et son Evangile on disait : “Les adeptes de la voie

Cette voie, ce chemin a un nom : c’est Jésus, Fils de Dieu fait homme : Jésus qui vient de nous redire : “Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.

F et S, ne soyons pas des chrétiens sans Christ ! donnons notre foi à Jésus, faisons-lui confiance, il nous a aimés jusqu’à en mourir. Si notre chemin est un peu tordu, prenons sa main, il nous remettra sur le bon chemin “Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure”, le Dieu de J.C. ne laisse personne sur le bord du chemin.

Pierre-Marie, c’est ce Dieu là que, jour après jour, tu as cherché vaillamment, humblement, amoureusement en restant à l’écoute de la Parole de Jésus : “Moi, je suis le Chemin. Je pars vous préparer une place, là où je suis vous y serez aussi.

Jésus t’a conduit aujourd’hui près de son Père. Il t’a préparé une place pour que tu vives avec Lui, avec tous ceux et celles qui t’ont précédé au ciel, dans une plénitude sans fin d’amour, de paix et de joie.

F et S, durant cette Eucharistie, rendons grâce à Dieu.

Avec Notre-Dame des Pénitents, disons-lui Magnificat, Merci, Seigneur, pour ce beau chemin d’amour que Pierre-Marie a parcouru…  Et avançons dans l’Espérance.