La pandémie qui déferle aujourd’hui sur le monde nous confronte à de nombreuses questions, laissées habituellement de côté par la plupart d’entre nous. Sommes-nous responsables ? Et Dieu que fait-il ? Le mal existe-t-il et pourquoi ? Devant les ravages déshumanisant de cette maladie, chacun tente de répondre de sa place : personnes souffrantes, famille endeuillées, soignants, chrétiens.

Que pouvons-nous dire sur le mal ? Il ne date pas d’aujourd’hui et dans l’histoire nous retrouvons la trace de nombreuses épidémies : la peste, le sida, la grippe espagnole, Ébola … Il est un scandale pour l’homme et comme nous le dit F Varillon : « Toute tentative de justification ou d’explication du mal échoue. La conscience continue de protester. » Et devant la multiplication actuelle des justifications et des accusations de toutes sortes, sur internet ou entre voisins, il est peut-être utile de réfléchir à ces affirmations :

  • Le mal a été inventé par Dieu pour mettre en relief sa bonté, comme une ombre sur la lumière. Ainsi l’épidémie actuelle est nécessaire pour nous ouvrir à plus d’écologie par exemple. Mais qui ira dire cela aux personnes malades qui souffrent ?
  • Le mal est le châtiment de Dieu pour le péché de l’homme. Quel est donc ce Dieu d’amour qui laisse mourir les personnes dans la solitude des services de réanimation ?
  • Le mal est la conséquence de la liberté de l’homme. De fait l’homme ne choisit pas toujours ce qui est bon pour lui et il peut lui-même,faire le mal car il est pêcheur. Mais avons-nous choisi de subir cette épidémie et ses conséquences comme prix de notre liberté ?

Devant tant de questions on peut choisir de se taire mais comment étouffer le cri de ceux qui souffrent aujourd’hui ?

Modestement, respectant la souffrance des uns et des autres, on peut essayer d’avancer ensemble :

  • En maintenant les exigences de la conscience. Il faut d’abord lucidement reconnaître le mal et refuser les fausses solutions.
  • Reconnaître que Dieu n’explique pas le problème du mal, il n’est pas un professeur qui nous  donnerait des réponses de professeur à des questions que nous lui poserions. Il ne répond pas à notre curiosité intellectuelle. Le mal n’est pas fait pour être compris mais pour être combattu.
  • Le mal est un non-sens, la souffrance est absurde. Impossible de leur trouver un sens, mais peuvent-ils prendre un sens ? Puis-je, moi, avec ma liberté, leur donner un sens ?

La révolte de la conscience devant le mal serait une absurdité si elle ne s’enracinait pas dans une certitude : la vocation à la joie est plus forte que le mal. Et cette vocation est inscrite dans le cœur de chacun. Dans ces temps difficiles il nous est possible de réaffirmer, avec le respect nécessaire, la présence du bien, de la fraternité et de l’amour pour chaque homme. Et nous avons la liberté d’en témoigner là où nous sommes, confinés, en famille, au travail, chacun selon ses possibilités. La compassion pour ceux qui souffrent n’est pas un vain mot, y compris dans l’intercession et la prière pour les chrétiens.

Alors peut-être pourrons nous, dans le temps futur de la relecture, trouver un sens à ce que nous avons traversé lors de cette pandémie.  Ce sera le temps de construire une fraternité et une vie nouvelle !

Marie-Pierre Labrosse
 D’après un article du Père François Varillon, « Joie de croire joie de vivre »,
Ed. Le Centurion