À l’approche du Carême 2011, le Père Emmanuel Dursapt, responsable diocésain de la Pastorale liturgique et sacramentelle explique ce temps liturgique.

Conversion

Le Carême approche. À la célébration du Mercredi des Cendres, qui en est le porche d’entrée, nombreux sont ceux qui, parmi nous, vont réentendre cet appel qu’accompagne l’imposition des cendres : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » Le geste de l’imposition, hérité de la Tradition juive, s’inscrit dans une démarche communautaire.

C’est que… se convertir n’est pas si simple. Se présenter ensemble dans cette perspective laisse entrevoir implicitement le soutien que nous nous apportons les uns aux autres. C’est le peuple chrétien tout entier qui se dresse et s’avance dans la ferme volonté de se tourner vers son Seigneur en se mettant à l’écoute de sa Parole. Avant toute chose, il s’agit donc de se tourner vers Quelqu’un qui appelle. En témoigneront la première et la deuxième lectures de la liturgie du jour des Cendres : « Revenez à Moi de tout votre cœur (Jl 2, 12) ; par nous c’est Dieu lui-même qui, en fait vous adresse un appel (2 Co 5, 20). »

L’appel de Dieu

Quel est-il donc cet appel de Dieu ? C’est bien sûr l’appel à la conversion, mais l’Apôtre en précise la teneur en le plaçant sous le signe de la réconciliation. Paul le dit clairement : « Au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » Dieu est un assoiffé d’Alliance avec les hommes. Alliance, communion même : faisant allusion aux hommes, Jésus ne dira-t-il pas au Père : « Qu’ils soient un en nous (Jn 17, 21) ? »

Seulement voilà, la faiblesse humaine est là. L’homme est capable d’accomplir des merveilles, mais parallèlement, il se laisse aller si facilement au péché. C’est là que l’appel à la réconciliation retentit ! C’est là que le ministère de la réconciliation trouve sa place ! Pour l’admettre, j’allais presque dire qu’il suffit d’un acte personnel de clairvoyance sur soi : « Je suis un homme pécheur », et comme tel, « je suis invité à me réconcilier avec mon Dieu », c’est-à-dire aussi avec moi-même et avec les autres, dans la mesure du possible.

La tendresse de Dieu

En vue de quoi profondément ? Très simplement en vue de faire l’expérience unique de la tendresse de Dieu, expérience intime d’un cœur qui s’ouvre et qui accueille, expérience de ce cœur d’homme qui reconnaît personnellement sa pauvreté, si j’osais, je dirais sa misère, mais qui la regarde à la lumière de la miséricorde, mieux, des merveilles d’Amour que Dieu peut accomplir dans une vie.

Cela aussi, la liturgie nous le dira dès le premier jour du Carême : « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. » C’est la reconnaissance de ces merveilles qui feront dire finalement au pécheur repentant, à celui qui se retourne : « Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. » L’homme accueille l’immense Amour, il ne peut le garder pour lui, il devient porteur d’Évangile. En ce sens, nous l’aurons compris, le ministère de la réconciliation trouve parfaitement sa place au cœur de ce que nous appelons la nouvelle évangélisation.

Qu’est-ce qu’évangéliser ?

C’est faire partager le bonheur que l’action et la présence du Christ engendrent dans une vie. Le Sacrement du Pardon, parce qu’il ouvre notre cœur, c’est-à-dire, notre vie même à la miséricorde, ouvre nos lèvres à l’annonce du message évangélique. Nous ne pouvons pas faire l’expérience vraie du Dieu vivant de Jésus-Christ sans que cela se répande.

Dans La Croix des 19 et 20 février derniers, Maryse Vaillant écrivait : « Je trouve magnifique qu’un prêtre puisse dire que c’est l’amour de Dieu qui va tirer le pénitent de son enfermement. » Oui, vraiment Seigneur, « selon ta grande miséricorde efface ce péché (qui m’enferme) et ma bouche s’ouvrira à l’annonce de ta louange ! »