Homélie de Mgr Brincard pour l’ordination diaconale de Denis Charroin le 16 novembre 2008
En ce dimanche, jour du Seigneur, je salue avec joie notre assemblée venue participer à l’eucharistie au cours de laquelle j’ordonnerai diacre Denis Charroin. Je rends grâce pour cette ordination, un grand don que Dieu fait à notre Église diocésaine. Nous entourons Denis et sa famille de notre prière.
Le diaconat de Denis nous rappelle que l’Église reçoit sa vie et sa mission du Seigneur Jésus. Par notre baptême, nous participons à la vie de notre Rédempteur et de notre Sauveur, « venu non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Par notre baptême, nous sommes également appelés à faire de nos activités une offrande spirituelle à Dieu par Jésus Christ, à exercer aussi une action précieuse pour l’évangélisation du monde. Au nom de la même mission, comme d’ailleurs nous le rappelle opportunément la fête toute proche du Christ Roi, il nous faut « dans l’humilité et dans la patience conduire nos frères jusqu’au Roi dont les serviteurs sont eux-mêmes des rois1 » . Le concile Vatican II y insiste : « Le Seigneur désire étendre son règne également par les fidèles laïcs : son règne qui est un règne de vérité et de vie, règne de sainteté et de grâce, règne de justice, d’amour et de paix, règne où la création elle-même sera affranchie de l’esclavage de la corruption pour connaître la liberté glorieuse des fils de Dieu2 » .
Afin d’assurer au peuple de Dieu des pasteurs et les moyens de sa croissance, Jésus a institué pour son Église des ministères variés tendant au bien du peuple de Dieu. En les configurant spécialement à Lui, le Sauveur du monde transmet aux apôtres et à leurs successeurs – les évêques – des pouvoirs en vue d’édifier l’Église. Les évêques ont transmis, à divers membres de l’Église, et selon des degrés divers, la charge de leur ministère. Là encore, nous le savons, les collaborateurs immédiats et privilégiés des évêques sont ses frères prêtres que le dernier concile appelle de manière si heureuse « les coopérateurs avisés de l’ordre épiscopal3 » . Les diacres eux sont configurés spécialement au Christ, « non pas en vue du sacerdoce, mais en vue du service ». A un titre spécial, les diacres sont appelés à être dans l’Église « une icône vivante du Christ Serviteur ».
Frères et sœurs en Jésus Christ, Retenons essentiellement que tout pouvoir dans l’Église est reçu du Christ et qu’il est accordé pour servir. Ce service s’effectue par divers chemins. Soulignons que l’autorité dans l’Église est toujours exercée au sein d’une communion qui fait partie du mystère même du Corps du Christ. L’évêque exerce sa responsabilité en lien étroit avec ses frères dans l’épiscopat et avec le successeur de Pierre. Prêtres et diacres exercent leur responsabilité « en communion affective et effective » avec leur évêque. Tout à l’heure, Denis mettra ses mains dans les miennes. Il signifiera ainsi sa volonté de vivre son ministère en communion.
Par mes mains, le Seigneur Jésus transmettra un pouvoir divin qui l’associera de manière nouvelle à l’autel ainsi qu’au ministère de la charité. Par son diaconat, Denis aura la mission de prêcher la Parole de Dieu, « force divine pour le salut de tout croyant ».
Cher Denis, dans sa miséricorde, Dieu vous confie un grand ministère. Avec un cœur pauvre, vous voulez recevoir le don du diaconat, un don qui, tout à la fois, réjouit et fait trembler. L’appel du Seigneur, que l’Eglise a authentifié, s’est fait progressivement entendre dans votre vie. Comme le prophète, vous avez fait l’expérience de votre petitesse et de votre fragilité : « Je ne sais pas parler, je ne suis qu’un enfant !4 » Mais au cœur de cette expérience, vous avez découvert le secret de la confiance qui apaise et fortifie. Quel est donc ce secret sinon prendre appui sur Jésus et sur lui seul ? Lorsque je vous imposerai les mains, Jésus vous configurera à Lui et vous enverra. N’ayez pas peur ! « Il mettra dans votre bouche ses paroles »5. Il vous transmettra l’Esprit Saint et des pouvoirs ordonnés à la construction de l’Église. Il emplira enfin votre cœur d’un amour nouveau et intense pour les petits et les pauvres. Vous aurez certainement le souci de les servir avec sollicitude et avec la volonté que la justice soit observée à leur égard. Comme il est significatif que vous receviez le diaconat en cette Journée nationale du Secours catholique ! Un amour plus grand que notre cœur nous montre clairement que justice et miséricorde s’embrassent. Vous le vivrez selon votre grâce et selon votre chemin.
Uni de manière nouvelle à l’eucharistie par le sacrement du diaconat, vous vous souviendrez aussi de cet avertissement du Concile Vatican II à propos de la liturgie : Il est évident que « la liturgie ne remplit pas toute l’activité de l’Église. (..) Toute la liturgie est le sommet auquel tend l’action de l’Église, et en même temps la source d’où découle toute sa vertu6 » .
Avant d’annoncer la Parole de Dieu gardée fidèlement et interprétée authentiquement par l’Église, vous vous efforcerez de faire de cette Parole la nourriture quotidienne de votre vie chrétienne et humaine. En embrasant votre cœur, la Parole de Dieu éclairera plus sûrement ceux et celles qui vous écouteront. Le feu n’éclaire-t-il pas en brûlant ?
Comme il en va pour chacun d’entre nous, vous porterez un trésor dans « une poterie sans valeur » mais, en vous souvenant sans cesse que la puissance extraordinaire du diaconat ne vient pas de vous, vous trouverez assurance et courage. Vous permettrez aussi à Dieu de faire resplendir dans le monde d’aujourd’hui « la connaissance de sa gloire », une connaissance qui – comme le dit saint Paul – « rayonne sur le visage du Christ7 » .
Je demande à la Servante du Seigneur, la Mère du Sauveur du monde et notre Mère, de vous aider à faire fructifier la grâce de votre baptême et celle de votre diaconat. Aujourd’hui, cher Denis, Dieu vous confie un très grand bien. Au terme de votre pèlerinage terrestre, je souhaite que vous entendiez de la bouche même du Christ, Sauveur des hommes, la parole annoncée dans l’Évangile : « Serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle en peu de choses, je t’en confierai beaucoup. Entre dans la joie de ton maître !8 »
+ Henri Brincard
Évêque du Puy-en-Velay
1 Lumen Gentium, 36
2 Lumen Gentium, 36
3 Lumen Gentium, 28
4 Jérémie 1, 6
5 Cf Jérémie 1, 9
6 La Sainte Liturgie, 9-10
7 Cf. 2 Co 4, 6
8 Mt 25, 23